Les imams, l’UPR et Iftar essaim : quand les rôles s'inversent

23 June, 2015 - 12:56

Quand le ministère des Affaires islamiques et de l’enseignement originel a annoncé la suspension des opérations de coupure du jeûne, généralement confiées aux imams des mosquées, et l’affectation de l’aide aux secteurs de l’enseignement dans les adwabas, on n'en croyait pas nos oreilles. Le couperet touche cinq cents imams recrutés par Ould Neïnni et déjà fortement éprouvés par l’effet d’arriérés de salaires impayés (50 000 milles ouguiyas par imam et par mois). Il est peut-être intéressant de rappeler que l’Etat alloue, aussi, des miettes pour les tenants d’autres lieux de prières, à raison de 20 000 ouguiyas par an, soit un peu moins de 2000 ouguiyas par mois… Par le passé, lorsque les autorités ont refusé, au Parti Tawassoul, de mener des opérations de bienfaisance au profit des couches les plus démunis et, récemment, la distribution de boissons et autres rafraîchissements, pour les candidats au Bac fuité, avançant qu’il s’agit de missions régaliennes de l’Etat qui ne sauraient être confiées à autrui, on a voulu croire l’argument bon. Mais lorsqu’on a vu l’UPR, le parti/Etat, s’arroger le tout, bafouant ses propres déclarations et diriger les opérations d’Iftar essaim, composante distribution gratuite, dans les quartiers Tarhil de Nouakchott, on s’est rendu à l’évidence. L’UPR a volé la vedette… aux imams et à Tawassoul, son principal challenger qui en avait initié l’approche et récolté les fruits… électifs. Pour asseoir une base au sein d’un électorat de plus en plus volatil, l’UPR a donc lancé, par la voix de son président et en présence d’un parterre de cadres et militants, une vaste opération de rupture de jeûne dans la capitale. Selon maître Sidi Mohamed ould Maham, l’opération cible, en théorie, vingt-quatre mille pauvres à Nouakchott : par jour, 800 jeûneurs et 150 tonnes d’eau distribuées autour de 35 points. La composante vente qu’on croyait suspendue a aussi été finalement mise sur les rails, sur quatorze sites, contre seulement huit en 2008. Mais l’opération est payante. En ce mois béni, le parti au pouvoir est donc en train, lui aussi, d’instrumentaliser l’aide à des fins politiques mais la manœuvre reste entachée par une double fuite : des épreuves du Bac et des vivres du CSA. Jamais deux sans trois. A qui, à quand le prochain tour de… passe-passe ? Dans le même ordre d’idées mais côté cour, cinq cents personnes, triées sur le volet, sont reçues au Palais au cours d’une méga-opération d’Iftar essaïm, organisée par le président de la République. Comprendra qui pourra. Moustapha ould Béchir