HOMMAGE AU COLONEL BA PATHE DEMBA (1952 - 2011 ):

3 July, 2014 - 00:38

«  A tout seigneur, tout honneur. »

« Les rumeurs, quand on les ignore, ne sont plus que de la boue à la surface d'une rivière.

Elles ne tardent pas à disparaître »

BA PATHE DEMBA  fils de DEMBA HAMADY N’GAARY ET DE ADAMA SAÎDOU est né le 31 décembre 1952 à KOROKORO à 30 KM de Selibaby décédé le 1er Juillet 2011 à 11h 15 MN  à l’Hôpital militaire de Nouakchott.

Il était père de 5 enfants, deux garçons et trois filles, qu’il aimait et chérissait avec sa voix douce et son tempérament calme et imperturbable pour ceux qui le connaissaient.

Entrée dans la Marine Nationale en 1975 comme élève Officier, il en ressortira Colonel après de brillantes études couronnées de diplômes de divers spécialité et une carrière longue et brillante.

Après la mort de son père il sera adopté par son cousin BA DEMBA SAMBA HAMADY N’GARAY, pour l’instruire et faire de lui un Homme d’Etat alors âgé de 7 ans.

BA Pathé Demba était apolitique, du moins il n’était pas intéressé par la politique politicienne.

Sa passion était plutôt la pêche et le jeu du scrabble.

1- Le parcours  académique et militaire de l’homme :

Entre 1960 et 67, il étudiera à l’école primaire d’Ould Yengé  puis à l’école fondamentale de Selibaby où il effectuera son entrée en 6ème, brillamment.

Admis au collège en  1967,  il ira au collège général de Kaédi jusqu’en 1970, où il rencontre celle qui sera plus tard son épouse, feue LEILA QHABLI.

En 1971, après l’obtention de son brevet d’études  du premier cycle, il entre au lycée National de Nouakchott.

En 1974, Il obtient son Baccalauréat série D spécialisé en physique et chimie. 

BA Pathé Demba fut l’un des élèves le plus brillant de sa promotion, c’est ainsi qu’il a été plusieurs fois major de promotion.

 1974 après l’obtention de son Bac, il entre  à l’école normale supérieure de Nouakchott, jusqu’en 1975.

Attiré par l’uniforme et la mer, en Octobre 1975, BA Pathé Demba quitte l’école normale supérieure malgré son prestige à l’époque pour signer son engagement comme Elève Officier dans la Marine Nationale.

De 1975 à 1976 il étudie à l’Académie Royale Militaire de Mekhnès  au Maroc

Puis de 1976 à 1978 il est sera à l’Académie Royale Navale  de Casablanca au Maroc, où il n’a cessé d’impression ses professeurs et ses promotionnaires.

En Juin 1978, il décroche son  Brevet d’Officier de Marine, Chef de quart. Et regagne la Mauritanie pour servir son pays.

Six ans années après son retour, il décroche son Brevet de capitaine en 1984.

Il décrochera plusieurs autres grades et décorations.

2- les Grades obtenu par BA Pathé Demba :

1er Juillet 1978 - Enseigne de vaisseau de 2ème classe

1er Juillet 1980 - Enseigne de vaisseau de 1 ère classe

1er Janvier 1985 - Lieutenant de vaisseau

1er Janvier 1991 - Capitaine de corvette

En 1993, il est décoré de la médaille  d’Officier de l'ordre de Mérite Nationale par la France

 

Le 1er Janvier 1995  il est diplômé du grade de Capitaine de frégate

Il effectuera plusieurs stages dans sa carrière

1978 - 1979 Stage d'application sur dragueurs côtiers sur la flottille du Nord à Cherbourg France « CEPHEE})

1977 il effectue une formation de Sécurité à l’Ecole Navale de Brest en France

1997 à 1999, il est formé à la  Sécurité et  sauvegarde en mer (Collège garde côtière Canada)

1988 à 1989, il effectue un stage de commandement et d'état major à Tunis

Toutes ses formations lui permettront d’occuper plusieurs fonctions au sein de la Marine Nationale en Mauritanie, sans jamais occuper la fonction de Ministre du fait de son désintéressement de la politique politicienne.

3- Les fonctions occupées par BA Pathé Demba :

Commandant du Patrouilleur rapide PR EL VAlZ

Commandant du  Patrouilleur rapide EL BEYEG

Commandant du  Patrouilleur de surveillance des pêches « NMADI })

1991 - Conseiller technique Port Amitié Nouakchott

1991 - 1997 Directeur Adjoint de la Marine Nationale

Elaboration de protocole de partenariat entre le DSPCM et la douane, PNBA l'Armée de l'Air, la Gendarmerie Nationale ;

1997 - 2001 Délégué à la surveillance des pêches et au contrôle maritime

1979 - 1989 Membre du Conseil' d'administration CNROP Nouadhibou

2002 - 2004 Conseiller technique Marine Chef d'Etat - Major National Gestion opérationnelle des activités de surveillance des pêches dans la Zone Economique Exclusive ;

Organisation dans la surveillance sous régionale des pêches en concertation avec la CSRP et les structures de surveillance des pêches des pays membres

Gestions des aspects surveillance des pêches au niveau des accords bilatéraux et multilatéraux des pêches ;

Gestion du personnel, de moyens matériels et de la surveillance des pêches ;

Conception des méthodes et moyens d'organisation de la surveillance des pêches (navires, avions) ;

Planification budgétaire des institutions de surveillance ;

Planification carénages navires et embarcations de surveillance ;

La carrière de BA Pathé Demba fut riche et élaborée.

Mais on ne peut pas parler de BA Pathé Demba sans parler de la controverse terrible  qui couvre  le coup d’état militaire des officiers négro-Mauritaniens de 1987.

L’homme fut accusé d’être le délateur, le traitre et le lâche qui a vendu la mèche et par la même occasion ses frère de sang et d’arme.

Il s’agit ici de rendre à l’homme son honneur, sa dignité et lever le voile sur les zones d’ombre qui gangrènent cette période qui a vu l’honneur, la dignité et l’intégrité d’un homme bafouée.

L’honneur de BA Pathé Demba fut traîné dans la boue avec le silence assourdissant de certains principaux acteurs de cet évènement, la rumeur a fait le reste m’avait dit quelqu’un, lorsque je lui ai la question pourquoi n’avez-vous pas fait un communiqué officiel en tant que mouvement politique proche des putschistes de 1987, pour tuer cette rumeur ?

Il est question pour moi aujourd’hui de séparer la bonne graine de l’ivraie.

Certains diront que l’affront a été lavé depuis très longtemps, et qu’il a été blanchi dans cette affaire par plusieurs personnes.

La rumeur naît lorsque l'information officielle est insuffisante ou lorsque quelqu'un veut nuire intentionnellement.

Mieux encore, comme disait Robert KEMP : «  La sagesse est ce qui nous manque le plus ; manque à nos psychologues, à nos romanciers ; au théâtre. Un brin d'ivraie prend la hauteur d'un séquoia. »

3- La controverse du Putsch de 1987 :

Dans l’entendement des Mauritaniens non informés et non avertis, le Capitaine BA Pathé Demba est celui qui a dénoncé les putschistes du 22 octobre 1987 qui a fait trois victimes SY BA et SARR directes et des centaines de prisonniers.

A- LES FAITS :

Le 12-12-1984 fût une aubaine pour la majorité des mauritaniens. L'homme de l'ombre fidèle parmi les fidèles du président Haidalla a pris le pouvoir avec la bénédiction de la France. Cet officier dit « moderne » avait suscité au début de sa prise du pouvoir de l'espoir vers un avenir radieux pour son pays. Tous ceux qui le connaissent parlent d'un officier calme, au sang froid, fuyant les mondanités et très peu porté sur la matière.

Cette catégorie d'individus qui ne parlent pas beaucoup est le plus souvent porteuse d'une double personnalité; ils sont soit sincères soit pervers.

Le démon est dans le corps. Sinon comment comprendre qu'une simple revendication identitaire puisse aboutir à des peines de prison mortelles lors de la sortie du manifeste du négro-mauritanien opprimé? Cette situation accouchera d'une tentative de coup d'Etat en octobre 1987.

Le capitaine BA Pathé DEMBA était partie prenant au à ce fameux coup d’état à ses début.

Il était de ceux qui vivaient mal la discrimination des négro-Mauritaniens au sein de l’armée nationale vis-à-vis de populations noires.

Ceux parmi eux qui entraient dans l’armée comme soldat finissaient leur carrière comme sergent chef comme plus haut grade, c’est-à-dire formateurs.

Ils formaient des soldats qui devenaient leurs supérieurs dans un laps de temps sans qu’ils puissent évoluer au niveau de leur grade : ils stagnent au grade sergent chef.

Le malaise gangrène toute la frange noire en général, les peulhs en particulier.

Pendant ce temps les arabo-berbères nacéristes et baâthiste intégraient en masse l’élite des forces armées au détriment des négro-Mauritaniens et les haratines descendants des esclaves maures.

Telle était la cause du putsch d’octobre 1987.

 C’est ainsi que le Capitaine BA Pathé Demba a été sollicité pour participer au fameux putsch de 1987.

Il était d’accord, il participera à plusieurs réunions clandestines lors de ses passages à Nouakchott car il était en poste à Nouadhibou au moment des faits.

C’est dans ces circonstances, lors d’une réunion des putschistes que le Capitaine BA Pathé Demba posa une question cruciale : qui sera le président si le coup d’état réussissait ?

Certains officiers ont répondus :

Attendons que nous ayons réussi, d’autres ont désignés un individu qui n’était pas putschiste pire qui était au gouvernement et occupait un poste important.

Le capitaine s’y refusa et claquera la porte et s’en alla et regagne Nouadhibou en signe de son désaccord.

A ce moment, la date du putsch n’était pas encore fixé, le complot était à sa phase embryonnaire.

Souvenez vous de 1979 - 1989 le capitaine BA Pathé Demba était Membre du Conseil d'administration CNROP Nouadhibou.

Il n’était donc pas à Nouakchott mais plus souvent en mer.

Le noyau des putschistes continuera ses réunions clandestines à peaufiner le putsch, ils fixeront la date du passage à l’acte et distribueront les postes en cas de réussite du coup d’état.

Voilà que le putsch est déjoué des années plus tard, plus de cinq cent personnes sont arrêtées puis jugées sous la présidence d’un certain NDIAGA DIENG.

Trois officiers furent condamnés à mort et exécutés le 6 décembre 1987 à JREIDA, qui sont :

Lieutenant SY Saidou

Lieutenant BA Seydi.

Lieutenant SARR Amadou 

 Les autres condamnés à de lourdes peines et déportés avec les dirigeants des FLAM pour être assassinés à Oualata.

Certains rescapés mais aussi des militants et porte parole de certains mouvements politiques ont été interrogés sur la culpabilité du Capitaine BA Pathé Demba dans cette affaire.

Les réponses sont sans équivoque :

L’officier de l’époque DIA Abderrahmane rescapé du putsch a dit : «  BA Pathé Demba n’est pas celui qui a dénoncé le putsch, car lorsqu’il claquait la porte pour marquer son opposition au choix de celui qui a été désigné pour  prendre le pouvoir, il ne savait pas la date du putsch, donc en âme et conscience, je ne peux que vous dire qu’il n’a dénoncé le putsch »

BOYE ALASSANE HAROUNA a dit ceci :

« 1) Nous avons beaucoup échangé pendant la détention qui a suivi nos arrestations en 1987.

 2) Pendant nos années de prison à Oualata nous avons aussi approfondi nos échanges. Et quand nous sommes sortis, j’ai personnellement fait quelques petites enquêtes. De tout cela il ressort que: 3) Bâ Pathé n’est pas effectivement celui qui a dénoncé le projet de coup d’Etat. Cela est une certitude. Mais après la dénonciation, et au cours des arrestations et des enquêtes, il semble apparaître qu’il aurait fourni à l’Etat-major national des documents que détenait Bâ Seydi dans son bureau. Documents relatifs au putsch. J’ai sciemment utilisé le conditionnel, mais cette thèse est largement répandue dans le milieu des détenus que nous formions…… Voilà ce que je peux te dire sur cette question.»

Monsieur KAAW TOURE, une personnalité du mouvement FLAM et son porte parole a dit à propos de l’accusation portée sur BA Pathé Demba:

« Les Flam n´ont jamais accusé Pathé de trahison ou autre chose, si tu lis même le livre de Boye Alassane, préfacé par Samba Thiam on voit qu´il ne s´agit pas de lui. Pathé est par ailleurs un cousin à Samba Thiam on a eu à discuter de cette question mais il était mal placé pour démentir mais il sait que Pathé n´avait rien à faire de cette "affaire". En réalité c´était juste un règlement de compte entre certains officiers de la marine et la rumeur a fait le reste. »

J’ai bien évidement essayé en vain de recueillir l’assentiment de Muhammadou SY auteur de l’enfer d’INAL mais en vain, il n’a pas répondu à mon invitation.

Il me semble que les faits sont clairs, trois personnes protagonistes de cette affaire disculpent le Colonel BA Pathé Demba en ce qu’il est celui qui a dénoncé le projet du putsch du 22 Octobre 1987.

Il faut également rappeler ici, alors qu’il était enseignant formateur à l’école militaire EMIA à Atar en 1990, le Capitaine BA Pathé Demba fut arrêté et torturé par ses propres élèves pendant des mois, avant d’être libéré et comme tous les autres marins arrêtés lors du faux coup d’état du 28 Novembre 1990 inventé de toute pièce par le Ministre de l’information de l’époque feu Mohamed Lemine Ould Ahmed, pour achever la purge des Négro-Mauritaniens au sein de la marine, après les déportations de 1989.

Je pointe du doigt le silence assourdissant de ceux qui ont faillit à leur devoir de vérité, le temps est venu pour nous de tordre le cou cette rumeur, cette rimeur qui jette en pâture, l’honneur d’un homme intègre et digne

Le colonel BA Pathé Demba a servi son pays avec honneur et dignité de 1975 à 2004 date à la quelle il prit sa retraite.

Le dernier poste qu’il occupera est celle d’expert auprès des tribunaux Mauritaniens en matière Maritime.

Jeudi 1er Juillet 2010 1er juillet 2014, voilà quatre années jour pour jour que le colonel nous a quitté à l’hôpital militaire de Nouakchott.

Il faut rendre à césar ce qui appartient à césar et à Dieu ce qui appartient à Dieu, il est donc de notre devoir de rétablir la vérité à son égard et publiquement.

Nous disons en chœur : Que son âme repose en paix et qu’Allah l’accueille dans son Saint Paradis.

« inna lil lahi wa inna ileyhi rajioûn »

N’Gary BA dit ABDOUL MAMOYE