Souveraineté alimentaire en Mauritanie : Défis et perspectives selon l’approche AMAD et CERAI

2 May, 2024 - 10:14

La souveraineté alimentaire consiste à assurer la capacité des personnes à prendre des décisions concernant leur territoire, ainsi que leurs modes de production et de consommation d’aliments, conformément à leurs propres valeurs. C’est un concept crucial dans le contexte mondial actuel, en particulier dans les pays comme la Mauritanie où le taux de malnutrition est élevé. Un pilier des actions AMAD/CERAI est la promotion de l’utilisation durable des ressources naturelles dans le cadre de la transition agroécologique, une approche en faveur de la souveraineté alimentaire et d’un développement rural durable à la base paysanne, ainsi que de l’amélioration des compétences des agro-éleveurs et agro-éleveuses familiales par le biais d’interventions de développement.

Nous vivons actuellement une crise mondiale qui a provoqué l’accélération de la pauvreté et du manque de crédit. Les familles qui avaient du mal à trouver des revenus constants se retrouvent dans l’obligation de réduire leurs consommations journalières ou d’accepter des sacrifices qui compromettent souvent leur avenir et leur dignité : revendre des équipements de la maison ou des habits, par exemple. La Mauritanie importe une grande partie de ses denrées alimentaires, ce qui la rend vulnérable aux fluctuations des prix sur le marché international et aux perturbations dans les chaînes d’approvisionnement mondiales. La dépendance aux importations alimentaires reste un défi majeur pour assurer sa sécurité alimentaire.

Un autre problème à souligner est le changement climatique : désertification, pluies irrégulières, sécheresse, dégradation des terres et des ressources réduisent la disponibilité des terres arables et affectent la production agricole, compromettant la sécurité alimentaire. À tout cela, nous pouvons ajouter le faible accès des agriculteurs et agricultrices familiales aux semences de qualité, aux fertilisants et aux technologies agricoles appropriées. Cela entrave leur capacité productive et les conduit à accroître leur productivité et leurs rendements, alors que les ressources en eau se raréfient. Malgré ces challenges, la Mauritanie dispose de moyens et de possibilités pour renforcer sa souveraineté alimentaire. Plusieurs acteurs de développement ont soutenu le pays à cette fin grâce au financement étranger.

 

 

Maintenir les pratiques agroécologiques

L’Association Mauritanienne d’Auto-Développement (AMAD) et le Centre d’Études Rurales et d’Agriculture International (CERAI), une ONG espagnole, ont ainsi mis leur expertise à disposition de la population vulnérable, dans l’objectif de contribuer à une avancée significative sur la souveraineté alimentaire dans la vallée du fleuve Sénégal, via notamment des investissements dans l’agriculture locale. À ce jour, AMAD/CERAI ont appuyé plus de cinq cents exploitations familiales au Trarza et au Gorgol sur des techniques durables de production en les dotant d’équipements et de matériels de production.

Un autre cheval de bataille d’AMAD et CERAI consiste à encourager l’adoption et le maintien de pratiques agroécologiques durables par les populations : accès aux semences locales et à l’eau, conservation des sols afin de restaurer la fertilité des terres. La diversification et la durabilité sont un pilier pour améliorer la résilience humaine face au changement climatique. Un exemple de cette démarche est la mise en œuvre de la kassine, un outil multi-usage agricole de traction animale, facilement utilisable par les paysans et qui permet de travailler la terre sans endommager le sol. Avec l’accompagnement de Promatta Internationale, AMAD et CERAI ont ainsi introduit plusieurs innovations techniques dans le bassin du fleuve Sénégal.

Pour assurer la durabilité de la production locale, il a été nécessaire de revenir aux habitudes culinaires locales et de récupérer les cultures traditionnelles. Cela a permis de revaloriser le potentiel local et accroître la production de certaines graminées devenues repas de prestige, ce qui a abouti à la promotion de systèmes alimentaires territoriaux. Pour aider à cette amélioration de la nutrition, AMAD et CERAI ont également encouragé la diversification des cultures, en assurant un accès à une variété d’aliments nutritifs et à réduire la vulnérabilité aux chocs climatiques.

L’approche est complétée par le soutien aux exploitations familiales agricoles en leur fournissant un accès accru aux moyens de production et à la formation agricoles, à la plantation des arbres, au renforcement de la chaine laitière locale, à l’intégration des petits ruminants et volailles pour contribuer à stimuler la production familiale agricole et réduire la pauvreté rurale. La démarche qui accompagne ce processus est le plaidoyer en faveur des paysans locaux, sans oublier la question de l’accès au marché local, préoccupation majeure des paysans à cause des importations et de la concurrence du Maroc, du Sénégal et d’ailleurs. AMAD et CERAI ont contribué à défendre l’intérêt des producteurs et productrices familiaux, afin de les organiser en chaînes de valeur et de leur assurer certains marchés.

À terme, la promotion de la souveraineté alimentaire en Mauritanie est essentielle pour garantir l’accès à une alimentation saine et durable en quantité et qualité suffisante pour le bien-être de sa population. Grâce au financement de la Generalitat de Valencia, AMAD et CERAI ont investi dans l’agriculture locale, en adoptant des pratiques durables de l’approche paysan-paysan, comme la mise à disposition des relais formateurs et d’accompagnement en soutien des agriculteurs et agricultrices familiaux pour améliorer la production et la diversification agricole. Cela prouve que la Mauritanie peut relever les défis actuels et construire un avenir plus sûr et prospère pour tous ses citoyens.

 

AMAD/CERAI

Février 2024