Journée mondiale du rein :  La SOMANEPH sensibilise au dépistage précoce

3 April, 2024 - 07:37

« L’insuffisance rénale est une maladie silencieuse, il n’y a pas de signes d’alerte, les malades arrivent souvent trop tard aux consultations ». Il était 11h 30, ce 14 Mars, quand nous sommes entrés dans le grand hall du Centre national d’hémodialyse sis au CHN de Nouakchott. Des patients couchés un peu partout. « Ils attendent leur tour pour la séance de dialyse quotidienne », nous indiquera plus tard le docteur Sidi Mohamed Mah, alias docteur Sidaty, néphrologue et président de la SOciété MAuritanienne de NEPHrologie (SOMANEPH) avec qui nous avions rendez-vous. Un gardien nous conduit à sa rencontre. Il déboule de la salle de dialyse – capacité vingt lits – où des patients subissent lesdites séances quotidiennes. « Les gens en attente dans le hall espèrent y rencontrer des bonnes volontés désireuses de leur distribuer de l’argent », renseigne un membre de la SOMANEPH.

 

Sensibiliser et prévenir

Entouré de deux membres du bureau de la société, le docteur Sidaty nous parle de la célébration de la Journée internationale du rein puis nous fait le point sur les maladies rénales en Mauritanie, les moyens disponibles pour leur prise en charge et les efforts accomplis pour leur prévention… À l’instar des autres pays du Monde, la Mauritanie célèbre en effet aujourd’hui ladite Journée. La cérémonie s’est déroulée sous le haut patronage de la ministre de la Santé, madame Naha mint Mouknass. Belle occasion pour la SOMANEPH de faire le point de la situation de cette maladie qualifiée de « silencieuse et insidieuse ». Et le docteur Sidaty d’ajouter : « cette maladie ne présente pas de signes annonciateurs, c’est pourquoi les patients arrivent-ils toujours trop tard à l’hôpital ; c’est-à-dire lorsqu’ils en sont au stade de la dialyse ». Selon le président de la SOMANEPH, le nombre de patients porteurs de maladies rénales est estimé à environ 400 000 personnes dont 12 000 au stade de la dialyse.

Organisée par la SOMANEPH en partenariat avec le ministère de la Santé, la Journée mondiale du rein a également été l’occasion d’effectuer au centre de dialyse du CHN un dépistage gratuit des maladies de cet organe. « Sur les deux cents personnes volontaires examinées, sept s’en sont révélées atteintes. Elles en étaient totalement inconscientes », indique le docteur Sidaty avant d’ajouter : « le pays compte onze néphrologues dont la majorité sert dans les établissements hospitaliers de Nouakchott. Rapporté à une population de plus de quatre millions d’habitants, cet effectif est très en-deçà des besoins ».

Le centre dépiste au moins trois cas par semaine nécessitant une dialyse. « Du coup, la capacité du service (quarante générateurs de dialyse) est vite dépassée par le nombre de patients », déplore le président de SOMANEPH, « nous en sommes aujourd’hui à un déficit de plus de quatre-vingt malades en attente ». Pour endiguer ce fléau, la SOMANEPH préconise l’ouverture de nouveaux centres ou, à défaut, d’associer le privé à la pris en charge des patients. « En attendant, nous contribuons à accélérer la spécialisation et la mise à jour de médecins, la prévention et la sensibilisation, en organisant des journées de consultations avec le ministère de la Santé ».

Outre celui-ci, diverses organisations de la Société civile célèbrent, chaque 14 Mars, la Journée internationale pour sensibiliser les populations sur les dangers des maladies rénales. Discours et conférences sont déroulées par des spécialistes, dépliants et flyers déployés et distribués aux participants. En dépit de son jeune âge – elle a été fondée en 2012 – la société savante mauritanienne consacrée aux maladies rénales tient à son actif l’organisation d’un congrès national de néphrologie, un congrès maghrébin de néphrologie, plusieurs journées de concertations pour examiner les voies et de moyens de délocaliser ses activités jusque dans les structures départementales, afin d’intervenir au plus près des citoyens.

 

En Mauritanie, pas d’autre solution à ce jour que la dialyse

Les maladies rénales, particulièrement l’insuffisance rénale, connaissent un développement rapide, principalement favorisé par le diabète et l’hypertension artérielle. Il s’y ajoute les maladies systémiques, l’usage abusif d’anti-inflammatoires et diverses décoctions recommandées par certains tradithérapeutes. La dialyse est, de fait, le seul moyen disponible chez nous pour soigner l’insuffisance rénale, la transplantation rénale n’est toujours pas à l’ordre du jour. Une loi l’autorisant a pourtant été votée en 2016 mais on attend encore sa mise en application. Un accord de coopération a cependant été signé entre l’Agence algérienne de transplantation d’organes et le Conseil mauritanien du don d’organes et de tissus humains.

 

Prise en charge et règles d’or

Parlant de la prise en charge des insuffisances rénales, le président de la SOMANEPH signale que les assurés CNAM sont totalement pris en charge – les autres à 90% – par le ministère des Affaires sociales et celui de la Santé : kit dialyse, médicaments, analyses, etc. Ces maladies chroniques sont coûteuses, les centres de prises en charge rares et parfois difficiles d’accès (transport, achats médicaments, coût des séances de dialyse …). Il faut signaler que l’État offre quinze mille ouguiyas par mois aux malades sous dialyse et l’hôpital national fournit une collation aux patients venus passer leurs séances.

Rappelons enfin les huit règles d’or mentionnées dans un dépliant distribué lors de la Journée internationale : boire de l’eau suffisamment, manger sainement, garder un poids de forme, pratiquer une activité sportive régulière, surveiller sa tension artérielle, ne pas fumer, surveiller sa glycémie et réduire sa consommation de sel et de plats préparés.

 

Ben Abdalla