Lettre ouverte à Son Excellence le président de la République, Monsieur Mohamed Ould Cheikh El Ghazouani

20 March, 2024 - 10:11

Monsieur le Président,

Quand une tentative de prise de pouvoir échoue, ses auteurs sont naturellement vilipendés quand ils ne subissent pas les pires des traitements. La loi du vainqueur s’exécute de manière souvent injuste parce qu’excessive, nourrie qu’elle est par un sentiment de vengeance et de volonté de dissuader les éventuels candidats à une aventure semblable.

Excellence,

Le 16 mars 1981, débarquait à Nouakchott un commando composé d’officiers mauritaniens assistés de quelques civils préparés à participer à ce qui devait être un énième coup d’Etat militaire. La tentative échoue et ses auteurs sont arrêtés, torturés, humiliés publiquement avant d’être condamnés. Quatre d’entre eux à la peine capitale. Ils seront exécutés quelques heures après le rejet du recours en grâce.
L’exécution a été faite par le bataillon de Jreida, non loin de la capitale Nouakchott.

Excellence,

Quarante-trois (43) ans après, nous, ayants droit, compagnons d’armes et amis nous ne savons absolument pas où les colonels Ahmed Salem Ould Sidi et Mohamed Ould Ba Abdel Kader, et les lieutenants Niang Moustapha et Mohamed Doudou Seck ont été enterrés.
Quarante-trois ans que nous ne pouvons marquer ce lieu de sépultures dignes de ces brillants officiers de l’Armée nationale. Quarante-trois ans que nous ne pouvons prier sur leurs tombes. Dans la lettre que feu le colonel Ahmed Salem avait adressée à son épouse, il avait exprimé le désir d’être enterré à côté des siens à El Meymoune mais cette volonté n’ a malheureusement pas été respectée.

Monsieur le Président,

En cette ère où l’équité et la bienveillance semblent prévaloir, nous nous adressons directement à vous pour réclamer le droit d’être informés officiellement de l’emplacement des corps de nos pères, frères, fils, compagnons et amis pour les traiter selon les préceptes de notre sainte religion, l’Islam. Cela nous aidera à faire enfin le deuil de personnes très chères.
Dans l’attente, agréez Monsieur le Président l’expression de nos hautes considérations.

Ahmed Ould Ndeyat
Membre du commando du 16 mars 1981