Activité diplomatique intense sur le Sahara Occidental

26 December, 2023 - 15:18

Une activité diplomatique inhabituelle se déroule depuis des semaines entre les principales capitales d'Afrique du Nord dans le but de pousser à une solution au problème du Sahara Occidental.
Le sous-secrétaire d'Etat américain aux affaires nord-africaines, Joshua Harris, s'est rendu à Alger et à Rabat pour des entretiens avec les ministres des affaires étrangères des deux pays. C'est le deuxième voyage dans la région du représentant du Département d'Etat au cours des trois derniers mois.
Parallèlement, l'envoyé spécial des Nations unies, Steffan De Mistura, se trouve à Madrid pour des consultations avec le chef de la diplomatie espagnole, José Manuel Albares, suite à la récente tournée de ce dernier au Maroc, en Mauritanie et au Sénégal.
Bref, un déploiement d'envergure promu par le gouvernement américain qui, par la bouche du sous-secrétaire J. Harris, ne cache plus son impatience quant à la nécessité d'une solution à ce différend.
Pour les centres de pouvoir influents, en particulier Washington, il est inacceptable que ce conflit de longue date, dans la résolution duquel ils ont investi d'énormes ressources par le biais de la MINURSO, continue à perturber et à tendre les relations entre les deux principales puissances du nord-ouest de l'Afrique. Selon M. Harris, les États-Unis craignent que la prolifération des conflits et des guerres dans d'autres régions telles que le Sahel ne finisse par déborder sur l'Afrique du Nord-Ouest.

 

Un tournant pour le Sahara

Lors de son précédent voyage, le diplomate américain a même révélé que son gouvernement avait un plan "réaliste" pour la résolution du conflit sahraoui. Des sources dignes de foi à Madrid soutiennent que l'administration du président Biden est déterminée à "forcer" une solution à la question du Sahara occidental dans les deux années restantes du mandat de l'actuel secrétaire général de l'ONU, Antonio Guterres.
Il s'agit sans aucun doute d'un moment crucial dont dépendent le sort du peuple du Sahara occidental et la stabilité de l'Afrique du Nord. C'est pourquoi le Mouvement Sahraoui pour la Paix (MSP) ne peut que se féliciter du regain d'intérêt de la communauté internationale et du gouvernement américain pour un règlement du problème.
C'est aussi l'occasion d'exhorter les autres parties concernées, notamment l'Algérie, le Maroc et le Polisario, à coopérer de bonne foi et dans un esprit de compromis afin que ces efforts puissent aboutir à un règlement juste et durable et qu'ensemble nous puissions écarter les dangers et les menaces qui pèsent sur notre région.
Lors de la deuxième Conférence internationale pour le dialogue et la paix au Sahara occidental, qui s'est tenue fin octobre à Dakar (Sénégal), le Mouvement sahraoui pour la paix (MSP) a présenté une proposition de solution "gagnant-gagnant", qu'il met à la disposition des parties adverses et des instances de médiation pour discussion et, le cas échéant, extension ou ajustement.
Nous exhortons les autorités algériennes à prêter attention aux autres voix et opinions sahraouies qui ne se sont jamais identifiées à l'idéologie et aux méthodes du Polisario ou qui ne les partagent plus. Elles doivent comprendre que de même que le FLN, artisan des gloires de la révolution algérienne, a cessé depuis longtemps de porter le titre de représentant unique et légitime, elles doivent en déduire que le Polisario, cinquante ans après sa création et avec les mêmes dirigeants à sa tête, ne peut pas monopoliser la représentativité des Sahraouis, surtout si l'on tient compte du fait que sa trajectoire accumule plus d'erreurs et d'ombres que de réussites et de lumières.
Il n'est pas surprenant qu'une fois la solution trouvée et sous la protection d'une société sahraouie régie par des règles démocratiques complètes, le Polisario, en tant qu'option politique avec un tel passé, finisse par être relégué à une position marginale par le verdict des urnes.

 

Alger doit écouter le MSP

Cela dit, il serait très utile et éclairant pour Alger d'écouter en ce moment décisif le MSP, les notables tribaux et autres représentants de la société civile sahraouie qui représentent une majorité en dehors de la sphère d'influence du Polisario dans les camps de Tindouf.
Le Maroc, pour sa part, doit être plus explicite dans son approche, sortir son offre d'autonomie de la zone d'ombre, démontrer qu'il est sérieux et crédible, et si nécessaire ouvrir des voies de dialogue avec cette majorité prête à s'orienter vers un compromis.
Sans aucun doute, l'intervention des États-Unis, ainsi que la réactivation du processus politique par l'envoyé de l'ONU, constituent une opportunité historique qui nous interpelle tous si nous nous soucions réellement du bien de notre peuple et des autres peuples de la région.
Nous, Sahraouis, ne devons pas perdre de vue que sans entente entre les deux principales puissances de la région, le Maroc et l'Algérie, il n'y aura guère de solution au conflit du Sahara occidental, ni de paix et de stabilité dans la région.
Il est temps d'œuvrer pour une solution possible et de cesser d'être la "pomme de discorde" entre les deux géants.

 

El Hadj Ahmed
Premier Secretaire du MSP.