Faits divers: Les présumés braqueurs de la banque enfin épinglés

15 November, 2023 - 16:46

Comme nous l'avons relaté dans les colonnes de notre édition passée, l’agence de la BPM sise au quartier Soukouk a été victime d'un braquage il y a dix jours de cela. Visages enturbannés, deux hommes qui ne semblaient guère habitués au port du boubou mauritanien étaient sortis de l'agence pistolet au poing avec un sac contenant le butin de leur casse. De braves badauds avaient essayé de les empêcher de fuir mais les bandits les en avaient dissuadés en tirant en l'air avant d'embarquer de force à bord du véhicule d'un passant et disparaître...

 

Première enquête sans suite

Après le constat habituel, la DGSN désignait une commission d'enquête forte de plusieurs commissaires et officiers. Épaulée par les trois brigades de recherche dont la fameuse BRB du brigadier-chef Didi, elle ouvrit routinièrement son enquête en raflant tous les récidivistes en liberté pour en tirer quelque piste. En vain : aucun ne semble avoir aucun lien avec l'affaire et ne peut donner la moindre information susceptible de conduire à un indice. Concluant trois jours plus tard que les braqueurs étaient des nouveaux-venus dans la pègre locale, les enquêteurs se recentrent sur une analyse approfondie des images des caméras de surveillance. L'une d'elles révèle la partie supérieure du visage de l'un des braqueurs. On interroge alors plus précisément le personnel de la banque, les vendeuses à l’étal en face de la banque et divers badauds qui ont assisté à la sortie des truands… Un portrait-robot dudit malfaiteur démasqué est dressé.

 

La seconde enquête porte fruit

Et voici qu’un second indice apparaît ! Agrandies, les images vidéo révèlent la marque des petits pistolets utilisés lors du braquage : École Tuna, de fabrication turque. On fouille alors du côté du marché noir des armes à feu. Bingo ! Les policiers y sont informés qu’un certain Mohamed El Kheïr ould Mohamed Abdallahi, comédien connu, a justement acheté, il y a peu, deux pistolets de ces mêmes calibre et marque. La traque commence… On apprend bientôt qu'il vient de partir à Rosso… Informée, la DRS du Trarza découvre qu'il a franchi la frontière vers le Sénégal et le poste de police du bac confirme qu'il a effectivement traversé le même jour, alors que ses formalités de voyage ont été accomplies par un ancien policier. On interroge dare-dare celui-ci.

« J’ai été contacté il y a trois jours », déclare-t-il, « par un responsable d'une agence de transfert d'argent qui m’a demandé d'accomplir les formalités pour trois personnes : un mauritanien et deux égyptiens ; et m’a remis leurs passeports. Une fois transmis au poste de police où ils ont été scannés puis cachetés, je les ai rendus au prestataire de services ». Celui-ci révèle à son tour avoir été contacté par Mohamed El Kheïr qui voulait échanger une importante somme d'ouguiyas en francs CFA et un coup de main pour lui faciliter les formalités frontalières, ainsi qu’à deux hommes d’affaires étrangers. Après avoir chargé l'ancien policier des formalités au niveau de la frontière mauritanienne, le prestataire de services avait également trouvé un autre intermédiaire pour les assurer côté Sénégal.

Les enquêteurs ont maintenant relevé les noms des deux égyptiens dans le fichier du poste frontalier : Ismaïl Tayibabou Ali et Mohamed Ridwan. La photo de l'un des deux correspond au portrait-robot dressé à Nouakchott. On établit en outre que les deux égyptiens séjournaient en Mauritanie depuis deux ans en tant qu’entrepreneurs. Vendant divers objets par l’intermédiaire de petits vendeurs, ils auraient arnaqué pas mal de clients et changeaient en tout cas fréquemment d'adresse...

Les autorités mauritaniennes entrent en contact avec leurs homologues sénégalaises pour leur demander l'extradition des suspects. Vite alpagué, Mohamed El Kheïr est immédiatement rapatrié sous bonne escorte. Quant aux égyptiens, ils ont déjà quitté le territoire sénégalais pour la Guinée-Bissau. On sensibilise aussitôt le consulat mauritanien de Bissau ainsi que les membres de la colonie mauritanienne voici ledit consulat informé, dès le lendemain, de ce que deux étrangers d'apparence arabe se sont tout récemment installés dans un hôtel en banlieue. Cueillis et extradés le même jour à bord d'un avion de Mauritania Airways en partance pour Nouakchott, ils en sont maintenant à répondre aux questions des enquêteurs dont les hypothèses sont au demeurant déjà largement confirmées par les aveux de Mohamed El Kheïr.

C’est en marge d’une de leurs petites magouilles que les deux égyptiens avaient fait la connaissance de celui-ci avec lequel ils avaient planifié le braquage de l’agence. Une fois l'opération terminée, ils s’étaient cachés deux jours, le temps de bien préparer leur voyage vers le Sénégal et avaient partagé le magot une fois arrivés à Saint-Louis. Les deux égyptiens avaient alors décidé de continuer vers la Guinée-Bissau, tandis que, dépourvu du moindre antécédent judiciaire, leur complice mauritanien était tranquillement resté au Sénégal…

 

Mosy