Débat sur le prix du ciment: Les usines se défendent preuves à l’appui

27 September, 2023 - 00:30

Le marché de la construction se caractérise généralement par un réel dynamisme sous nos latitudes.

Une situation dont la conséquence est une forte demande, poussant les prix du ciment à des fluctuations régulières. Le cout de la marchandise pouvant parfois prendre la tangente, dans un contexte de volatilité extrême, qui en explique les hausses. 

Ce mouvement est adossé à une réalité économique et sociologique suivant laquelle de l’usine aux chantiers, de la fondation aux finitions des villas de tous les standings, nos cités se forment, évoluent, se structurent et se développent grâce au ciment, élément capital dans le cadre du processus d’urbanisation, qui revêt ainsi une grande importance auprès du public.

Ainsi, lors de la dernière session de l’Assemblée Nationale, une honorable députée a abordé devant l’hémicycle, le problème du prix du ciment en Mauritanie « trop élevé en comparaison avec son coût dans les pays voisins » à l’image du Maroc, du Sénégal, de l’Algérie…..

Un exercice jugé « bancal » par l’Association des Cimentiers de Mauritanie (ACIMARIM), car « ne tenant pas en compte de la spécificité et des caractéristiques du marché mauritanien à travers les différents paramètres concourant à la formation du prix de cette marchandise au niveau national, c'est-à-dire les conditions de production ».

Les cimentiers déplorent ainsi un débat qui prend la tournure d’une campagne contre le collectif des opérateurs industriels de la filière, en occultant les réalités du terrain, dont l’élément fondamental est le clinker, « un constituant du ciment, qui résulte de la cuisson à très haute température et d’un mélangé composé d’environ 80% de calcaire et 20% d’aluminosilicates ».

Une matière que les industries locales de ciment importent dans un contexte mondial de hausse du coût du fret maritime depuis la dépression pandémique de COVID 19 en 2020, alors qu’elle est produite localement dans les pays voisins.      

 

Configuration du marché

 

En Mauritanie, le marché est configuré de manière ouverte et concurrentielle. Un terrain sur lequel évoluent cinq (5) unités industrielles productrices de ciment : voici la place réservée aux des opérateurs, chacun cherchant à capter le maximum de parts du marché.

Ainsi, le prix de la tonne de ciment/sortie usine tourne actuellement autour de 5800 à 6000 MRU Toutes Taxes Comprises (TTC).

Soulemane Sow, Secrétaire Général de l’Association des Cimentiers de Mauritanie (ACIMARIM) explique qu’il faut ajouter à ce coût initial « les effets de la chaine de distribution : les grossistes, les revendeurs et les détaillants, dont chacun met sa propre marge bénéficiaire sur le prix initial de la tonne qui revient à 6300/6400 MRU pour le consommateur. Ainsi, le différentiel entre le coût/sortie usine et le prix au consommateur résulte de la chaine de distribution qui n’est pas sous le contrôle des cimentiers ».

 

Processus de formation du prix de la tonne de ciment 

 

Expliquant le processus de formation du prix de la tonne de ciment, le responsable de l’ACIMARIM  convoque plusieurs paramètres  d’ordre administratif, réglementaire et commercial, « l’importation du clinker, la matière première se fait dans le cadre d’un processus à plusieurs étapes : négociations pour le prix d’achat qui peut varier d’une cargaison à une autre. 

Dans un deuxième temps, il faut transporter cette matière première jusqu’au port de Nouakchott ou de Nouadhibou. Une fois la cargaison sur place, les clauses contractuelles imposent un délai de 4 à 5 jours francs pour le déchargement du navire. Au-delà de cette période, l’importateur est astreint à de fortes pénalités dont le pic peut atteindre 50.000 dollars/jour. Ce cas de figure noté en 2021.

Les navires peuvent parfois rester en rade jusqu’à un mois sans avoir l’autorisation d’accoster.

Au-delà  de ces premiers écueils, les cimentiers doivents’acquitter au cordon douanier des droits de douanes de 10% sur le coût de la marchandise, depuis 2020. La même taxe était de 5% jusqu’en 2019, soit la moitié du tarif actuel.

Il faut ajouter à cela une taxe au titre de la consommation de 300 MRU/tonne et d’autres taxes au profit de certaines institutions : région de Nouakchott, chambre de commerce, Autorité de Régulation des Transports Terrestre à raison de 45MRU/tonne.

Enfin, il  y a la TVA de 16%, collectée à l’avance et reversée à l’Etat ».

M. Sow ajoute que « toutes ces taxes sont inexistantes dans les autres pays, pour la bonne et simple raison que le clinker, matière fondamentale pour les industries de ciment, est produit sur place, alors qu’en Mauritanie, il est importé. L’ensemble de ces taxes représentent en moyenne 35% du prix du clinker ».

En plus des taxes concourant à la formation du prix de la tonne de ciment, les opérateurs du secteur sont confrontés à d’autres dépenses liées à l’activité et toutes les opérations réalisées : énergie, variation du taux de change, lettre de crédit ouverte auprès des banques qui représente la garantie de paiement au fournisseur et pour la délivrance de laquelle celles-ci tirent une commission de 4 %.

Dans le même temps, la Banque Centrale de Mauritanie exige un dépôt de 10% du montant de la cargaison importée jusqu’à ce que la lettre de crédit soit honorée.

             AS