Transports et entrepreneurs agroalimentaires/par Mussa Sallah

6 December, 2022 - 11:02

Située à quelques cinquante-quatre cinq kilomètres de la frontière marocaine, Nouadhibou regorge de sociétés de transports routiers tout au long de ses grandes avenues. Une a particulièrement attiré notre attention : La SONEF. Elle est habilitée à effectuer des voyages au Mali, Ghana, Burkina et autres nombreuses destinations. Hommes, femmes et enfants empruntent quotidiennement ses bus pour des raisons variant avec leurs besognes respectives.

Une industrie parallèle est née grâce à cette entreprise : l’importation de produits alimentaires en provenance de ces pays. Des choses aussi banales que le pain de singe, l’hibiscus, l’huile de palme, le manioc, le beurre de karité et tant d’autres produits très appréciés des diverses communautés Ouest-africaines. Autant d’emplois directs pour beaucoup de femmes et d’hommes, le plus souvent maliens. Nombreuses sont les migrantes ainsi devenues entrepreneurs dans les marchés de Nouadhibou à acquérir et revendre ces denrées à profit quotidien, assouplissant l’intégration des migrants.

Cela n’empêcherait une organisation plus formelle de leurs activités pour une rentabilité bien plus considérable. La transformation locale de ces produits et leur empaquetage selon les normes internationales faciliteraient l’exportation vers d’autres migrants à travers le Globe. Car la demande est très forte en Europe, aux USA, en Australie et en Asie. Les devises étrangères récupérées par ces nouvelles parts de marché verront les entrepreneurs locaux prospérer en peu de temps.

La plupart des acteurs de ce secteur informel n’ont pas fait les bancs et pourraient capitaliser sur le fait que leurs enfants sont plus instruits et aptes à naviguer sur les réseaux sociaux : Facebook, Instagram, Youtube et tant d’autres parmi les milliers qui existent à ce jour… De quoi permettre à la « Génération Z » de produire des résultats extraordinaires en ventes quotidiennes !

Le marketing en ligne est une industrie du futur. Estimé à des milliards de dollars US, il dispense des revenus pouvant atteindre 1500 à 2000 USD par semaine. Nombreux sont les cours gratuits disponibles en ligne qui forment les esprits et leur enseignent comment réseauter leurs produits et services à de parfaits étrangers dispersés à travers la planète. Des entreprises familiales pourraient ainsi voir le jour et les jeunes générations prendre éventuellement la relève, tout en gagnant quotidiennement leur scolarité. Ces jeunes pourraient aussi ouvrir des blogs et cela améliorerait leurs performances linguistiques.

D’un point de vue socio-économique, les communautés se métamorphoseront pour être plus dynamiques et aptes à produire des emplois directs. Initiés aux concepts de base qui les familiariseront en bas âge avec la responsabilité financière, les jeunes esprits se retrouveront moins dépendants de leurs parents et contribueront plus que les générations précédentes au développement, en dépassant le strict cadre du profit individuel.

L’immigration clandestine prendrait donc une nouvelle dimension. Le cas des jeunes de Hong-Kong l’a parfaitement démontré, lorsqu’ils ont manifesté pour préserver leur autonomie financière vis-à-vis de la Chine. Objet de violentes représailles et détentions pour leur dissidence, ces intellectuels n’en ont pas moins été sollicités par le gouvernement britannique qui leur a offert des passeports lors de la mutation post-brexit. Ce sont leur cursus et leur maîtrise du monde de la finance qui constituèrent leur bouée de sauvetage alors que les « tempêtes du Système » se déchaînaient.

Dans nos sociétés africaines contemporaines, les parents ont une lourde responsabilité envers leurs enfants et leur nation respective. Le monde numérique permet à tous de devenir des citoyens modèles et d’apporter leur part sur la Toile. La balle est dans leur camp, tout comme de grande envergure, les possibilités de catalyser de meilleurs lendemains patriotiques.