Bâ Bocar Soulé: L’heure de la retraite politique a-t-elle sonné ?

3 November, 2022 - 13:24

M. Bâ Bocar Soulé vient d’entrer au comité des sages de la CENI, comme vice-président.  Avec ses collègues, il a prêté serment, lundi soir. Cette entrée à la commission électorale nationale indépendante de ce dinosaure  politique du département de M’Bagne vient comme pour sonner sa retraite  politique  locale mais aussi nationale.

 Lors d’une visite d’information des cadres du département de M’Bagne   au président de l’UPR de l’époque, Ould Mohamed Lemine, en réponse à l’exposé de Bocar Soulé, alors membre du Conseil National du parti, ce dernier affirmait  que l’homme a une dimension nationale, pas seulement départementale, « il appartient à toute la Mauritanie », nous confiait-il. Le président de l’UPR  a raison.  Bocar Soulé, alias Satigui qu’on l’aime ou pas est un homme d’envergure nationale. Il connaît la Mauritanie et toutes ses communautés, ses tribus, leurs alliances, les acteurs politiques... Ceux qui fréquentent sa maison et son salon  peuvent l’attester.  Les portes  de maison sont  largement ouvertes. Chez lui, vous  trouverez toujours  toutes les composantes du pays, négro-africains  et maures. Car  l’homme est  une école ; près de  lui, on  apprend beaucoup de choses de ce pays. Aussi passe-t-il  une large partie de son quotidien  à régler les problèmes de ses compatriotes, sans distinction aucune : état-civil, emploi,  problème administratif, problème de justice, problèmes  sociaux.  Devant son domicile, vous trouvez toujours de pauvres femmes  venues solliciter sa générosité.  

Au plan politique, Bocar reste incontournable, non seulement dans son département mais également au sein de la communauté négro-africaine  proche du  pouvoir. Lors de la  dernière présidentielle, il a été le porte-parole du groupe des cadres négro-mauritaniens ayant apporté leur soutien au candidat  Ghazwani. A cette occasion, les doléances que le groupe avait formulées, sous sa houlette  ne différaient que de très peu de celles du candidat de la coalition vivre ensemble, feu Kane Hamidou Bâ. Il ne cesse de prôner l’unité des rangs et la tolérance. Les autorités mesurent  son influence. Cette envergure, il la tire de chez lui où il a fini de conquérir tous les postes électifs maire, député, maire.... Il se plaisait, depuis les dernières élections de 2018,  à répéter qu’il n’a plus besoin de poste électif, aux jeunes de prendre la relève. Son arrivée à la CENI aujourd’hui  vient  consacrer ce souhait. L’homme s’est longtemps battu contre la marginalisation des cadres du  département de M’Bagne. A  chaque remaniement ministériel, il se morfond et se demande quel crime de lèse majesté,  ce département a commis pour être oublié des pouvoirs publics.

Néanmoins,  en dépit de l’absence de la promotion de ses cadres, M’Bagne a toujours joué son rôle dans les compétitions électorales en faveur du parti au pouvoir.  Tenez, en 2013, l’homme a réussi à  imposer au parti  au pouvoir,  le maire de la commune de M’Bagne ;  il était en froid avec l’UPR et disposait de la majorité des membres au conseil municipal. Le parti  le réhabilita dans la foulée. Un des généraux du HCE, au pouvoir à l’époque  nous avouait en privé qu’on ne pouvait pas se passer de Bocar à M’Bagne, c’est un vrai animal politique.

La question que tous les cadres, les notables  et habitants du département  se posent, à quelques  mois des prochaines échéances  locales,  est de savoir qui pourra  assurer la relève pour le parti au pouvoir puisqu’une  fonction à la CENI est incompatible avec la politique. Les cartes seront-elles rebattues ? Avec cette retraite politique, les cadres  du département sauront-ils  relever le défi ? Autant de questions qui taraudent les cadres de M’Bagne. Certains expriment  déjà leur appréhension  sur l’avenir politique  du parti au pouvoir dans le  département.

Rappelons qu’il  y a quelques temps, ce membre du conseil national du parti INSAF  a entamé  le processus de  ralliement des cadres de l’UDP et de Sursaut à INSAF du département  à son parti. Il justifiait son action par le souci  d’éviter, à chaque scrutin,  des querelles entre les partis de la majorité présidentielle.  Pourra-t-il parachever cette opération alors qu’il est installé à la CENI ? wait and see.