Lettre à Mariem Derwich à propos de son post de 2015 que je viens de découvrir...

5 October, 2022 - 10:03

Début tout à fait pertinent de ton post Mariem mais une fin de pamphlet qui frise le désespoir...
L'évolution naturelle fait croire parfois à un reniement des convictions.
Point de cela. Nous Mauritaniens de tous bords,  sommes toujours riches de nos diversités et tolérants dans l'ensemble comme le prône notre religion. Nouakchott est une ville et les citadins par nature sont méfiants.
Partez dans l'Adrar  le Tiris, le Hodh, l'Aftout, l'Iguidi, le Fouta, le Walo et tu trouveras toujours des gens de chez nous  qui vous accueilleront à bras ouverts sans te connaître. On peut toujours étudier dans les Daara et Mahadra à Boghé, à  Rosso, à Guerou, à Medredra ou Aleg, à Nebaghia, Boutilimitt... et même à Nouakchott sans un sous dans les poches comme avant...
On parle partout du visionnaire Baba Cheikh Sidya, l'intelligent et l'ouvert d'esprit dans toute notre Mauritanie et on parlera du Cheikh Sakho de Boghé qui enseignait la Logique ou Mantik à tous les étudiants qui venaient de toutes les contrées de cet ensemble...
Notre pays venait de loin et même nos amis Français ne s’y sont pas installés ! Ne nous ont-ils pas gouvernés depuis Saint Louis du Sénégal ?!
La route de l'espoir longue de 1200 km dans le désert rassemble au chemin de fer des rocheuses aux USA ou à  l'autoroute de l'Amazonie par son audace.
Le riz est devenu une culture dans la vallée bien qu'au lendemain de l'indépendance il n'était pas connu car originaire d'Asie.
En plus de tout cela nous avons aujourd'hui des ressources humaines qui nous faisaient cruellement défaut : des ingénieurs, des enseignants, des médecins, une université, des étudiants et toi tu connais leur niveau en France qui est tout à fait acceptable pour ne pas dire excellent.
On ne peut oublier aussi la confection de la monnaie locale l 'Ouguiya avec le soutien de l'Algérie qui avait constitué une réussite extraordinaire de notre Etat fédérateur et inclusif...
Ma chère compatriote, les hommes et les femmes de ce pays n'ont pas chômé depuis le départ de nos amis Français en toute honnêteté et réalisme et nous avons tout pour décoller dans le futur...
Certes des erreurs ont été commises, des injustices ont été tolérées sans que cela ne soit érigé en système et la naissance du pays moderne a profité à toutes les couches sociales ... d'ailleurs il n'existe aucun pays au monde qui n'a pas connu des défis parfois désagréables et regrettables!
Nous sommes actuellement reliés par des axes routiers avec nos amis et frères du Maroc, du Sénégal, du Mali et bientôt avec l'Algérie...
Le  pont TSB unira incessamment les 2 rives chères à nos ailleuls...
Nous sommes un jalon principal de la transafricaine ou même la transmondiale: Europe-Afrique du Sud ...
Bref l'espoir est permis Mariem et demain sera pour toutes les filles et fils de cette contrée une réussite s'ils le désirent, contrée qui était oubliée par l'histoire et que Mokhtar Daddah et ses amis ont bien ressuscité...
Epilogue: nous partageons encore et toujours  beaucoup de choses en commun et ça fait notre fierté, notre passé et notre avenir...
Gloire à ces hommes et femmes qui n'avaient pas le temps de penser à l'échec mais seulement à la construction et à la réussite: Moctar Daddah, Sall Abdel Aziz, Sidelmokhtar Ndiaye, Sidi Mohamed Cheikh Abdallahi, Cheikhna Mohamed Laghdaf, Maarouf Cheikh Sid Elmokhtar, Ismail Amar, Souleymane cheikh Sidya, Ahmedou Elhaj Elhabib, Md Said Hemedi et tous les autres vivants ou partis...
Sincèrement...

 Pr S. Sidi Cheikh
Professeur d'ophtalmologie
Université de Nouakchott