Un détail, la montre de la Première Dame ? (2). par Mohamed Chighali, Journaliste indépendant

14 April, 2022 - 03:53

Les vingt-et-un ans de pouvoir des deux hommes ont transformé le pays en un champ de ruines politiques, économiques et sociales. Chacun de son côté et à sa manière, ils ont,  pour des raisons qui leur sont propres,  contribués à « prostituer » toutes les valeurs morales qui servaient de freins pour éviter au pays le chaos où il se trouve maintenant.

Maaouiya quitta le pays très pauvre,  laissant derrière lui des veuves et des apatrides.Ould Abdel Aziz à la tête d’une fortune colossale avec, derrière lui, le pays étouffé par des querelles et des divisions politiques  couronnées de batailles judicaires, dans un environnement économiquement et financièrement handicapé par sa mauvaise gestion.

Si Ould Daddah, le « père de la Nation » ; Ould Haïdalla, le « président de la politique d’austérité » ;  et Sidi Ould Cheikh Abdallahi, le « président de l’intégrité  morale » ; avaient tenté, chacun selon son époque et par les moyens dont il disposait, de maintenir le cap dans la voie d’un redressement économique et social, d’autres chefs de l’État ne se firent aucun souci d’épargner à leurs concitoyens la misère et de la pauvreté qui les accablent aujourd’hui.

À aucun moment du parcours de notre pays depuis l’Indépendance, ces autres chefs de l’État n’ont instauré des processus« fiables et sécurisés » pour distribuer équitablement les richesses tirées de l’exploitation de nos ressources halieutiques ou minières. Et c’est bien là la raison profonde, la cause et les conséquences de  la situation où se trouvemaintenant la majorité d’entre nous.

 

Et si l’on se regardait dans la glace ?

Serait-il moralement juste et honnête de tenir le président Ould Ghazwani pour responsable du  « compostage »de nos difficultés actuelles ? Ne serait-il pas plus sage et productif de l’épauler dans ses visées progressistes àlancer « un nouveau départ consignable dans un programme à  moyen et long termes susceptible de nous sortir de cette situation », comme l’a si bien dit Nana mint Mohamed Laghdaf ? La question est-bien là.

 

Quand les critiques stériles perturbent l’ordre établi

L’image  du pays projetée par le président de la République lors sa rencontre avec la diaspora mauritanienne en Espagne ne reflète pas un indicateur de pauvreté au sens socio-économique du terme. En Mauritanie comme ailleurs dans le Monde, la mendicité, le manque d’accès à l’eau potable, les déficits énergétiques, les dysfonctionnements dans les mises en place des programmes éducatifs, la perdition des enfants, le chômage et ses corollaires, tous ces éléments sont des preuves matérielles de l’incapacité des pays à améliorer les conditions de vie de leurs populations. 

Mais tous ces pays frappés par ces phénomènes ont quelque chose en commun :leurs habitants se refusent à admettre l’évidence. Cette évidence qu’un É     tat, même développé, ne peut pas tout faire ni tout à la fois. La « timidité » avec laquelle les pays pauvres progressent est aussi la conséquence d’une absence de changement des mentalités.Les citoyens ont évidemment un rôle à jouer pour  impulser une dynamique renforçant les capacités des pouvoirs publics à mettre en place des programmes de développement résorbant le chômage et stimulant une  gestion rationnelle des moyens de l’État.

Malheureusement, certains citoyens préfèrent évoluer dans le temps et dans l’espace en critiquant le régime. Ceux-là souffrent généralement de déficit aigu à comprendreles réalités fondamentales liées aux causes profondes du sous-développement. C’est d’ailleurs pourquoi l’ontrouve et l’on retrouvera toujours ces « militants des causes  perdues » évaluant les performances d’un régime à l’aune de leurs propres indicateurs.Les causes qu’ils perçoiventdu sous-développement ne sont que des critiques infondées.

L’épandage sur les réseaux sociaux d’informations diffamatoires ou sans fondements, puisées sur des rumeurs véhiculées intentionnellement, est ainsi devenu leur sport favori. Et voilà comment Mariam mintDah, Première Dame de la Mauritanie depuis l’accession de son mari au pouvoir, s’est retrouvée dans le collimateur de « petits va-nu-pieds » vivant généralement à l’étranger et en tout casfriands de fausses alertes.

Sur la photo largement diffusée dans les réseaux sociaux, notre première Dame porte effectivement au poignet une montre Piaget. Une Limelight Gala. Boîtier en or, serti de soixante diamants de 0.92 carat, avec bracelet milanais en or rose et boucle sertie d’un diamant de 0,1 carat. Le prix de cet objetvarie, selon le  modèle, entre 29.100 et 45.400 francs suisses.

Mais je ne comprends vraiment pas pourquoi un citoyen de notre pays – s’il l’est au sens patriotique du terme… – devrait se sentir gêné de voir la Première Dame porter un bijou d’une telle valeur. Une Première Dame de n’importe quel pays du monde, même le plus pauvre, ne donnerait pas la main à une reine comme celle d’Espagne ou d’Angleterre avec, à son poignet, une montre chinoise achetée à un vendeur ambulant sénégalais du carrefour BMD.

Une Première Dame doit donner, à l’étranger, une image forte de son pays. C’est un protocole diplomatique de bonne conduite qui l’exige. Et la première dame de Mauritanieest, de surcroît, une intellectuelle née dans un environnement diplomatiquede haute valeur d’intégrité morale. Elle sait comment, quand et pourquoi elle doit veiller à rehausser l’image de son pays. Elle descend d’une généalogie aristocratique et religieuse très respectée. Dans son comportement, elle reflète fidèlement l’image de son père Mohamed Vadelould Dah, un homme politique qui rehaussa son image de marque  par son  respect envers l’autre et par son dévouement sincère pour sa patrie.

Mariam MintDah, cette femme très polie et réservée, est entrée au Palais à l’âge de quarante ans, avec sous le bras, un diplôme obtenu à la faculté de médecine de Damas. Depuis l’accession, en 2019, de son mari au pouvoir, elle plaide à travers le Monde pour soutenir la « mère et l’enfant » en notre pays classé au rang des plus pauvres de la planète par les institutions d’évaluation.

En Février 2021, ellebrilla par sa présence, ses contributions révolutionnaires et sa maîtrise des  dossiers au 8ème congrès de l’Organisation de la Femme Arabe, placé sous le thème « La femme arabe face aux défis culturels ». La même année, sa participation active au sommet des Financements des Economies Africaines fit un tabac. En Juillet, elle se lança dans le plaidoyer en faveur de l’accès des  jeunes femmes mauritaniennes et sahéliennes à tout ce qui touche à la sécurité, à la défense et à la justice. Elle est revenue la semaine dernière  d’Espagne où elle a séduit les investisseurs pour épauler des projets de santé humanitaire dans notre pays.

Notre Première Dame s’emploie au quotidien à arracher un peu plus au gouvernement de son mari pour épauler les personnes marginalisées, les enfants en perdition ou en confit avec la loi, les  femmes atteintes de maladies dégradantes et les handicapés. Elle travaille à l’ombre de son mari, sans tambours ni trompettes mais éloignée du centre des décisions par sa bonne éducation.

Mariam mint Mohamed Vadel ould Dah n’est pas une trafiquante. Ni de devises, ni de foncier, ni même d’influence dans les affaires publiques de l’État,a contrario d’autres premières dames africainesqui se retrouvent aujourd’hui malheureusement dans le collimateur de la justice de leur pays respectif, notamment en Angola.

Ce n’est pas parce qu’elle portait, sur une photo,une montre en or incrustée de diamants – un cadeau reçu lors d’une visite officielle à l’étranger… – qu’elle doit être présumée complice de son mari dans le pillage des biens de l’État. Polyglotte, cadre intellectuelle et femme de relations publiques,Mariam mint Mohamed Vadel ould Dah fait la fierté des Mauritaniens. Elle n’est pas la présidente de la Mauritanie maisl’épouse du chef de l’État. Les rôles qu’ils doivent jouer l’un et l’autre dans la vie de la Nation sont clairs dans son esprit.  Monsieur Mohamed ould Ghazwaniest le président d’un pays de quatre millions d’habitants, dont,très pauvres, 96 % vivent sous le seuil de la pauvreté, parfois en mendiant aux feux des grands carrefours de la Capitale, tandis que 3 % exhibent un luxe insolent dans le quartier huppé de Tevragh-Zeïna et 1 % évoluent dans  un environnement dont ils ne peuvent émerger et se distinguer que par le mensonge et la calomnie… Si la Mauritanie s’identifie par  ces « indicateurs », ce  n’est pas la faute de Ghazwani, chacun le sait.