Passons de ce que nous savons à ce que nous croyons et ne jetons l'anathème sur personne/Par Senny Ould Khyar

3 November, 2021 - 23:00

Publié une première fois il y a deux semaines, ce texte, qui a suscité l’intérêt de beaucoup de lecteurs, était entaché de beaucoup de fautes, du fait des aléas du bouclage. Nous le reprenons cette semaine.

 

Le président de la République son excellence M. Mohamed ould Ghazouani élu, lors du dernier suffrage universel de façon démocratique et transparente par une majorité absolue des mauritaniens - sinon, en réalité, par la quasi-totalité de ceux-ci, n'eussent été les tractations mafieuses par lesquelles l'on voulait éterniser un système d'une décennie de malversations- semble vouloir prendre tout son temps pour gérer un legs on ne peut plus pesant tant économique, politique, financier que socio-culturel. Ce faisant, cette léthargie, cette patience, cette lenteur pour ne pas dire cette relative continuité non affichée dans la gestion du pouvoir commencent à agacer ici et là, guère du goût de la majorité  des citoyens et encore moins des acteurs politiques opposants. Ainsi donc, la LIMITE pyramidale de la patience du CITOYEN est-elle arrivée à son terme ? Si,  je le pense ! En tout cas, les prémisses, les indicateurs annonciateurs d'un genre de RÉVOLUTION populaire l'augurent.

Aujourd'hui, partout dans le pays, des voix s'élèvent en raison de la situation économique désastreuse, conséquence des effets de la pandémie du Covid19 et le mode de gestion de la nation; elles s'élèvent contre la ségrégation raciale et tribale- il faut le dire - à tous les niveaux de la société en particulier face aux derniers choix des femmes et hommes que l'on a chargé de la gestion des hautes fonctions de la grande administration puisque presque tous issus d'une seule et même frange de la société à la fois ethnique et tribale. Oui, elles s'élèvent, cette fois-ci, en termes d'émeutes et de manifestations que notre société n'a jamais presque connues, sinon différemment. Elles avancent, ces voix, tel un grondement, pour que le Pouvoir se réveille, s'inquiète et comprenne que ce peuple esclave de son génie génétique risque fort bien de ressembler ou plutôt d'imiter quelque part, enfin, les peuples sensibles à l'oppression sous tous ses visages.

Irresponsabilité cruelle

 

 

Il tient ce peuple-ci à connaître et vivre la concrétisation- qu'on le veuille ou pas - de l'inexécutable promesse électorale consistant à engager un dialogue national -et non une concertation-, censée traiter de toutes les questions culturelles, économiques et socio-politiques; normal, n'est-ce pas, un réveil des consciences, un objectif responsable et nationaliste afin que notre très chère petite patrie ne connaisse les drames des guerres civiles vécues à côté de nous et loin de nous, partout sur cette petite planète malmenée par les plus richement riches.

Car vouloir taire l'injustice et faire taire un peuple dans la négation continue de ses droits est une IRRESPONSABILITÉ cruelle: ce serait une catastrophe que l'on ne saura, ici, jamais, en juger des conséquences prévisibles et indubitablement néfastes. Alors que nous nous trouvons dans une République dont les soubassements fondamentaux sont, au départ, l'œuvre d'un groupe d'hommes conscients des difficultés qu'ils n'ignoraient; ils étaient blancs et noirs, solidaires, intègres et honnêtes quand bien même, malheureusement pour notre pays, toute la dialectique et la logique de l'histoire et de la géopolitique d'antan, pourtant encourageantes, ont fini par succomber face aux erreurs politiques impardonnables que nous connaissons.

Autrement dit, considérer ou penser que le peuple Mauritanien est l'éternel passif acteur toujours prêt à tout engranger et absorber relèverait en ces moments critiques de notre histoire d'une cécité, d'un aveuglement, mieux dit de l'Ignorance absolue: C'est méconnaître le vent fatidique des changements ! Non, ce pays-ci semble décidé contre vents et marées à se mobiliser, à lutter, à se sacrifier, même dans le sang, inéluctablement, si l'on continuait à le traiter de la sorte.

Que nous sachions que ce peuple tient définitivement à la paix sociale en raison de ses valeurs religieuses, un sang partagé issu du passé de ses ancêtres et exige une  répartition juste, équitable et constante de ses  richesses, ces richesses concentrées aujourd'hui, toutes, entre de sales mains dépourvues d'honnêteté, d'intégrité morale et bien sûr de probité.  

La voie vers l’installation d'une vraie démocratie dont la JUSTICE serait le fondement est dorénavant ouverte sans sentinelles à tous égards...

 

Résignation fataliste

 

Est-ce un signe de maturité ? Oui, c'en est UN ! La constatation on ne peut plus généralisée  de ce mutisme incompréhensible des hautes autorités- au départ animées de bonne volonté- qui balbutient, qui traînent les pieds, qui se concertent à tort et à travers, se jaugent et se contemplent en chiens de faïence dans la sempiternelle hypocrisie qui nous connaît en est la preuve. Et le temps du Grand Débat nous a,  alors, rattrapés malgré nous puisque la volonté populaire semble nous contraindre même si elle n'était bien assimilée comme nous contraint d’ailleurs le réflexe à la survivance aux vrais maux de notre société: autant de vérités qui subjuguent plus que jamais en cette conjoncture.

Ne croyons point que ce peuple soumis comme à l'accoutumée, vivant une fausse quiétude nourrie par des promesses, des mensonges par lesquelles on l'abrutit- meurtri dans les tréfonds de son âme- ne pourrait survivre aux méandres de cet enfer terrestre qu’on lui impose est frappé d'une condamnation divine. Non ! Détrompons-nous! L'on n'arrivera plus à le contraindre à la résignation fataliste dont il souffre depuis cette indépendance acquise, pourtant, dans la volonté de construire un pays musulman tout entier riche de sa diversité.
Après plus de six décennies mouvementées, un passé triste, dégradant et humiliant,  l'heure est au constat, à l'identification, in fine, de ceux qui d'entre le pouvoir et l'opposition politique en général si tant elle en était une- puisqu'affaiblie par la conjugaison  des pressions des pouvoirs et des opportunistes-, les parrains fallacieux de la société civile, les faux indépendants- s'il y en a déjà d’ailleurs-,  les féodaux, les tribalistes, les régionalistes et les racistes d’un côté  et  les éternels opprimés, les marginalisés, les pauvres, les affamés, bien plus nombreux que les premiers, gagneront. C'est le vrai et réel combat que connaît aujourd'hui la MAURITANIE.

Notre curiosité sera assouvie sans doute, et les perdants connaîtraient le même sort que leurs semblables exerçant ailleurs.

 

À l'analyse, c'est pour dire que la responsabilité incombe non seulement au pouvoir, constitutionnellement garant en premier chef de la paix sociale, mais elle incombe aussi et davantage à cette imbrication socialo-politique et financière de sources diverses et antagonistes d'essence qui agissent sur le pouvoir par un mécanisme d'influence systémique, et ce en dépit de la volonté et du courage du pouvoir central. Dans ce contexte, j'oserai dire, aussi,  que le peuple Mauritanien qui se connaît dans sa majorité écrasante à la perfection est aussi responsable de son sort que l'est notre Président vis-vis de lui. À sa décharge notre Président qui est aujourd'hui encerclé, embobiné par les mêmes individus chevronnés de la petite "science politique" locale du mercantilisme abject, par la même Mafia político-financière, les mêmes ténors et persévérants représentants du tout mécanisme tribalo-régional, ne réussira seul sans la détermination de ceux qui l'ont pourtant bien élu.

  

 

Dans l’absolu et l’honnêteté intellectuelle , nous ne cesserons de rappeler au Président de la République,  à chaque fois que de besoin,  qu'il a, encore, la chance de marquer l'histoire de ce petit pays, riche pourtant de son sous-sol, de sa renommée historique et de sa culture, de Femmes et Hommes francs, compétents, intègres et dignes. En un mot, ceux qui sont capables de briser ensemble avec lui et son armée nationale ces chaînes de fer monstrueuses qui s’organisent pour se constituer en obstacles vers l'Etat de Droit.