2015, Année internationale de l’évaluation décrétée par les Nations Unies

25 December, 2014 - 08:49

C’est officiel : l’assemblée générale des Nations Unies (NU) a adopté, le 12 décembre 2014 la résolution décrétant 2015, année de l’évaluation. Cette décision avait été préalablement endossée par quarante-huit États-membres, le 13 novembre dernier, à 15h48, lors de la réunion du second comité des NU.

Notre pays avait participé, du 23 au 27 octobre 2014,  à Dakar, au 1er Forum sur l’évaluation des politiques publiques (FIFE), organisé par l’OIF, avec l’appui de la BAD, du PNUD et de la Coopération française. Notre délégation était composée de vingt-deux personnes, comprenant des experts des administrations publiques, de l’Association Mauritanienne pour le Suivi et l’évaluation (AMSE),  d’ONGs et de personnes-ressources de la SOC.

L’évaluation peut recouvrir bien des domaines : politique, programme, projet, institution, etc., et ses initiateurs sont également très divers : administrations, collectivités locales, SOC, au sens large. L’Evaluation des Politiques Publiques (EPP) est encore balbutiante, dans notre pays et doit être promue. Pourquoi une telle préoccupation ? Notre administration a acquis, depuis la fin des années 80, des compétences certaines, en matière de formulation des politiques et des stratégies de développement.  Ce savoir-faire s’est renforcé, depuis, et consolidé, à la fin des années 90, avec la conduite des Cadres Stratégiques de Lutte contre la Pauvreté (CSLP). C’est à partir de cette époque, en effet, que ces programmes ont été successivement rédigés, par les administrations nationales concernées, dans une approche de concertation et de collaboration avec tous les acteurs, sous la bienveillance des partenaires au développement et, en particulier, des institutions de Brettons Woods (BM et FMI). Contrairement aux programmes d’ajustement structurels (PAS) de la décennie 80, dont il ne s’agissait que d’approuver les documents, entièrement rédigés par IBWs, aussi bien pour notre pays que pour les autres pays africains, selon un processus loin d’être transparent, encore moins participatif.

Mais, en dépit de tous ces efforts, force est de constater que notre administration connaît, encore, des lacunes importantes, en matière de mise en œuvre en œuvre et de suivi-évaluation, non seulement de ses politiques et stratégies mais, aussi, de ses projets et programmes de développement. A ces contraintes qui perdurent est venue s’ajouter la faible visibilité des actions, tant celles soutenues par l’administration elle-même, que celles suivies par ses principaux partenaires au développement. Il est de notoriété publique que les évaluations des projets et programmes, rares  dans notre administration, sont lourdes et coûteuses.  Leur systématisation, pour tous les projets et programmes à financement national ou extérieur, serait un gouffre budgétaire. Cette façon de rendre compte des résultats et des impacts des projets et programmes est aujourd’hui inadaptée, tant au niveau des politiques sectorielles que des politiques globales et, notamment du CSLP.

De fait, c’est  plutôt en s’intéressant  à l’EPP qu’on améliorera nettement la performance des programmes et des services. Cette approche se justifie amplement dans notre pays, dans un contexte de promotion affichée, de bonne gouvernance, de gestion rigoureuse des deniers publics, lutte contre la corruption  et modernisation de l’Etat. Nous dirons même qu’elle devenue quasiment incontournable. Nous y voyons deux avantages : gains de temps et de ressources. En effet, l’EPP ne tend pas à supprimer les évaluations traditionnelles des programmes et des projets, elle est, au contraire, de nature à leur donner plus de cohérence. C’est un outil vivant, modulable et perfectible, sans cesser d’être une véritable nécessité, notamment, pour notre pays, dans l’approche « programme » qu’il nous faut également stimuler.

De notre point de vue, c’est en cela que notre pays, partie prenante à la résolution des NU, doit résolument soutenir son application. Dans cette perspective, les PTFs et tous les acteurs nationaux, y compris les acteurs de la SOC, apporteront leurs concours et plaidoyer. Nous ne devons jamais oublier, nous Mauritaniens, que l’évaluation fait partie de nos valeurs, elle est  recommandée, par notre sainte religion, en nombre de saints Versets et hadiths.

  

Gandéga Sylli

Economiste, consultant indépendant