Application stricte de la Charia’a ?

24 June, 2021 - 01:24

La recrudescence de l’insécurité dans nos villes, en particulier à Nouakchott, et l’absence de solution appropriée poussent certaines chapelles à revendiquer l’application stricte de la Chari’a, seul moyen, à leurs yeux, d’éradiquer cette autre pandémie. On pouvait s’y attendre depuis que le ministère des Affaires islamiques avait appelé à l’unification du prêche du vendredi 11 Juin dernier. Mais il était loin de penser que les religieux allaient manifester dans la rue, poussant les forces de l’ordre à user de force pour disperser la foule.

Une semaine plus tard, plusieurs imams continuaient à prêcher la loi de Dieu pour sécuriser les citoyens et leurs biens. Une mesure que les pouvoirs publics ne semblent guère pressés de prendre. Ce serait, tout d’abord, donner le sentiment que le gouvernement a échoué face aux bandits de grands chemins : le contexte sous-régional et international ne s’y prête pas, les djihadistes ne manqueraient de se ruer vers le pays pour crier victoire. Mais la question qu’on se pose surtout est de savoir pourquoi ces religieux ne prônent la Chari’a que pour contraindre l’insécurité et le banditisme. Notre société n’est hélas pas minée que par ces maux. En plus du vol et du braquage, bon nombre de mauritaniens se livrent à toutes sortes d’actes prohibés par notre sainte religion. Nous avons fini d’intégrer dans nos comportements le détournement des deniers publics, voler les biens de l’État paraît aussi peu illicite que mentir, trahir, se droguer ou se prostituer, consommer de l’alcool, haïr autrui,  refuser de partager ou aider son voisin ou proche dans le besoin…

Avisons-nous donc tous de ne pas appeler à l’application de la Charia que pour éradiquer l’insécurité. La Chari’a doit régir chacun de nos actes, chaque jour. Nous dormons dans des maisons, roulons dans des voitures, mangeons des produits et allons même à la Mecque avec des biens trop souvent mal acquis. Nous mentons et volons l’État, violons les règles les plus élémentaires de la vie édictées par Allah, sans penser à la sanction suprême. Nous sommes une société de tricheurs. Nous ne dénonçons pas les actes ou forfaitures de nos proches et nous nous accrochons, pour tout, à ce fameux « pas de problème ». Oui, sans problème… ici. Mais là-bas, dans l’au-delà ?

Notre société est malade, très malade même, elle a besoin d’un remède de chameau. Sans un minimum de justice, d’égalité, de pardon et de partage, nous n’en sortirons pas. L’islam que nous pratiquons depuis la nuit des temps ne nous a pas empêchés de céder aux nombreuses tentations de ce bas-monde. Nous sommes obnubilés par le bien-être et le luxe insolent que nous exhibons à longueur de journée. Nous ne nous souvenons de ce qu’édicte ou interdit Allah que lorsque nous sommes dans le besoin, confrontés à des problèmes d’argent, de santé ou de pauvreté. C’est seulement alors que nous implorons aide ou  pardon auprès de notre Seigneur Maître des mondes. Mais n’est-il pas vrai que Dieu ne transforme une communauté qu’après qu’elle n’en ait elle-même fourni l’effort ?  Aidons-nous les uns et les autres et le ciel nous aidera.

 

                                                  Ben Abdalla