Guerre du Sahara : L’attaque de Laguera/par Mohamed Lemine Taleb Jeddou

10 June, 2021 - 01:28

Accueillant le 3èmeEscadron de Découverte et de Combat (EDC), commandé par le Lieutenant Ely Ould Moctar M’bareck et le 5 EDC, commandé par Sidi Ould Moulaye Ely, le 09 décembre 1975, débarqués à la base Wajaha par deux Mercedes 19/24, après un voyage infernal de trente-six heures, le Groupement Numéro 1 (G1)sous le commandement du Commandant Ahmedou Ould Abdallah reçoit l’ordre d’occuper Laguera, où se sont retranchés une centaine de partisans du Front Polisario. Pour cette mission, le G1 dispose de six unités, d’une demi-batterie d’artillerie 105 HM2 commandée par le Capitaine Dieng Nadhirou et d’une Section de Mortiers Lourds (SML).

Laguera est une petite localité construite sur une falaise entourée d’un glacis nu en forme de croissant s’étendant du nord-ouest au sud-ouest dans le sens des aiguilles d’une montre. A l’ouest, Laguera prend appui sur un récif infranchissable bordé par l’océan atlantique sur tout son front. L’unique accès à la localité est une petite piste asphaltée parsemée de “nids de poules” qui dérive la route Ghirane - Cansado.

 

Le 13 décembre 1975, le G1 lance sa première action offensive qui s’écroule sur les remparts de la ligne de défense des combattants du Front Polisario, bien postés sur les hauteurs dominant le billard de  800m entourant la localité. Après ce premier echec, tout en continuant d’assièger la localité, le G1 se réorganise, réarticule ses unités et se met à l’élaboration d’une manoeuvre qui permettra la prise de la ville.

Le 15 décembre, des hommes armés, dans une opération amphibie choc, embarqués sur  trois vedettes de guerre, prennent pied sur la côte, bousculent le 5 EDC installé à la Tour bleue, s’en emparent et procèdent à une ouverture de route entre la Tour Bleue et Laguera. Pendant une heure de temps des Land Rovers et des camions du Front Polisario franchiront en ravitaillement en direction de Laguerra, avant que les auteurs de l’opération ne s’évaporent dans la nature. Une opération dont la conception et la précision de l’exécution ne peut émaner que de commandos professionnels d’une armée regulière et non de guerilleros encore armés de mousquetons et de carabines de calibre 12m/m.

Pendant six jours, en l’absence de renseignements précis sur le dispositif de l’ennemi et avec des liaisons de transmissions défaillantes, les assauts et les esquives se succèdent sans résultats apparents face à la citadelle imprenable, ébranlant fortement le moral des troupes et sèmant le trouble dans l’esprit des chefs. Le Skyvan, piloté par le capitaine Mohamed Ould Abdel Kader dit Kader fait les navettes entre Nouadhibou et Boulenouar apportant des renforts en hommes et des approvisionnements en munitions.

Ce n’est que le 19 décembre en fin de journée, après trente-six heures de bombardements intensifs de la demi-batterie d’artillerie commandée par le Capitaine Dieng Nadhirou et sous la couverture des tirs d’accompagnement de la SML, commandée par le Lieutenant Abderrahmane Ould Boubacar que le 3ème EDC, le 5ème EDC et le 9èmeEscadron de Reconnaissance (ER), commandé par le Lt Mohamed Ould Lekhal, lancent un assaut ultime, brisent la résistance ennemie, investissent la ville et prennent la localité vers 18 heures, au prix de 10 martyrs, 28 blessés dont le Commandant Ahmedou Ould Abdallah, le Sous-lieutenant Sy Ousmane Harouna, 2èmeclasse Kaber Ould Bilal 61087, 2ème classe Abdellahi Ould Mbareck 69181, 2ème classe Salem Ould Dellahi 65048, Abdellahi Ould Youssouf 78 115, Boubout Ould Abdel 78740, le Quartier Maître Lô Boubacar 67058 et 6 disparus.

 

Mohamed Lemine Taleb Jeddou

Extraits de “La Guerre sans Histoire