Orpaillage traditionnel :L’or de tous les dangers

2 March, 2021 - 08:09

La ruée vers l’or à partir de 2016, avec un développement exponentiel des activités dans les régions de l’Inchiri et un peu plus tard auniveau du Tiris-Zemmour, comporte de nombreux risques environnementaux, sanitaires et sécuritaires pour le pays, malgré lesemplois offerts par le secteur et les revenus générés.
Cette thèse est défendue par Ronan Walin, expert en intelligence économique et Secrétaire Général  de l’Observatoire d’Etudes Géopolitiques, à travers une contribution publiée par la « Tribune Afrique ».
En effet, « le secteur extractif de l’or contribue à la croissance économique du pays, mais  la faiblesse réglementaire qui encadre les Exploitations Minières Artisanales à Echelle (EMAPE) implique  des risques qui dépassent les bénéfices à court terme ».
A signaler que « l’extraction de l’or, secteur formel et informel confondus, est une source de revenu non négligeable, avec 780 millions, de dollars en 2020. Le secteur informel a généré sur ce total 130millions de dollars » selon les chiffres fournis par le ministère des Finances.
Dans le même temps, les emplois directs et indirects sont estimés respectivement à 45.000 et 100.000.

              Dommages environnementaux et sanitaires

Une étude menée par l’Institut Fédéral  Allemand de Géoscience (BGR)et l’agence  allemande de développement (GIZ), publiée en 2017, estime que « les orpailleurs constituent le plus important facteur de risques liés à l’environnement.  L’intergouvernemental (IGF) souligne certaines insuffisances en matière de réglementation. En effet, contrairement aux grands opérateurs miniers actifs en Mauritanie, les mineurs artisanaux ne sont pas soumis aux normes environnementales internationales.
Il semble opportun de rappeler que la mauvaise manipulation du mercure et du cyanure est néfaste pour les écosystèmes. Les processus d’orpaillage impliquant de rejeter du mercure dans l’environnement, les sols et les ressources en eau s’en trouvent polluées.
Certains experts n’excluent pas la contamination de cours d’eau souterrains et nappes phréatiques ».
Sur le plan sanitaire, « le mercure, utilisé pour amalgamer et concentrer le minerai préalablement broyé, libère des vapeurs toxiques invisibles et inodores. En raison de sa grande volatilité, les orpailleurs et les personnes à proximité peuvent être exposées à une intoxication au mercure, entraînant des troubles neurologiques, rénaux, auto-immunes.
Les enfants et les femmes sont particulièrement vulnérables à ces risques sanitaires ».
Par ailleurs, le contexte géopolitique trouble sahélo-saharien  pèsed’un poids énorme du point de vue  sécuritaire,  avec l’arrivée entre 2016 et 2021 « d’un nombre exponentiel d’orpailleurs qui aentraîné un choc démographique dans l’Inchiri et le Tiris-Zemmour. A Chami, la population est passée de 5000 à 48.000 individus en seulement 4 ans. Cette nouvelle ville érigée pour favoriser la sédentarisation des nomades et des pasteurs, est peuplée aujourd’hui de mauritaniens en provenance de tout le pays-ainsi que de travailleurs immigrés (en provenance du Soudan, du Mali…) ». Une nouvelle configuration humaine qui comporte « des risque d’envenimer »les relations entre orpailleurs étrangers et pasteurs nomades avec «des incidents réguliers  dans un contexte  inter-ethnique tendu en Mauritanie et dans le Sahel».
Cette nouvelle configuration est hautement explosive  compte tenu de la perméabilité entre différents acteurs perturbateurs  de la zone : «trafics divers, grand banditisme, séparatisme sous influence et radicalisme religieux. Cela prouve jusqu’à quel point la présence du Maroc dans ses provinces Sud est un facteur de stabilité pour la zone
sahélo-saharienne occidentale, aussi sensible qu’une poudrière», écrit l’IGF.

Seck Amadou