M’Bagne : Les cultivateurs de Hebiyabé-Ferralla dénoncent un accaparement déguisé de leurs terres

27 January, 2021 - 22:51

Dans le cadre de la politique de réhabilitation des périmètres rizicoles du pays mené par le gouvernement mauritanien via le projet PARIIS, l’Etat a entrepris des travaux de réhabilitation du périmètre rizicole"Ibn Khaldoum" aménagé depuis 1989 au profit des rapatriés mauritaniens du Sénégal. Ce périmètre est localisé  carré Ferralla, Dawalel MBagne et Bagodin. Il se situe exactement dans la cuvette dénommé Coylol Bilol qui s’étend sur des milliers d’hectares et permet à des centaines de milliers de cultivateurs traditionnels de (sur)vivre. Agriculteurs qui l’exploitent depuis des siècles. Grâce à un financement de la Banque Mondiale en partenariat avec l’Etat mauritanien d’un montant total de plus de 35 millions de dollars, ce projet a pu voir le jour. Il entre dans le cadre des activités du projet intitulé PARIIS (Projet d’appui à l’Initiative pour l’Irrigation au Sahel).

L’Etat a, en effet, entrepris les travaux sans avoir associé les principaux exploitants traditionnels de la cuvette de Coylol Bilol. Une cuvette qui reste le sein nourricier des milliers de paysans très pauvres des localités des communautés Hebiyaabe des localités de Feralla, Mbahe, Bagodine, Belelgawde, Boubou Awdi, Marana, Woloum Atar, Dawalel et Roufi Awdi relevant du département de Mbagne.

L’entreprise "NAJED",qui a gagné le marché, a entrepris des travaux d’extension du vieux périmètre sans se concerter avec les exploitants. Dans la cuvette de Coylol Bilol où des cultures s’étendent à perte de vue, les engins agricoles de l’entreprise "NAJED" chargée de réaliser le travail d’aménagement ont failli arracher toutes les cultures de mil plantées dans la cuvette, selon plusieurs paysans contactés. N’eut été la menace des paysans d’organiser un sit-in sur place, "NAJED" aurait causé le pire en détruisant ces céréales nutritives. Heureusement le projet PARIIS s’est ravisé à la dernière minute.

Quant a l’autorité administrative (Hakem), elle a plutôt usé de menaces. L’utilisation du bâton contre ces pauvres paysans en lieu et place de la discussion avec les milliers de producteurs ou leurs représentants. Si les travaux d’aménagement continuent sans concertation avec les paysans, le cours d’eau Hounouko Diirol qui inonde la cuvette ne pourra plus injecter de l’eau dans la cuvette. Et bonjour les dégâts.

Des milliers de cultivateurs traditionnels vont grossir les rangs des chômeurs et accentuer l’exode rural. Nos autorités ont visiblement la mémoire courte. Ils n’ont pas encore tiré les leçons de la mort d’Abbass Diallo (Dabbano) ni des évènements de Darel Barka (Boghé) l’année dernière.

Les bénéficiaires directs du projet, à en croire un document qui porte la signature de PARIIS, sont au nombre de 10.300 ménages soit environ 61.800 personnes dont 42% de femmes. L’intensité des cultures de décrue est de 100%, peut-on lire dans le rapport de PARIIS.

10.300 ménages soit environ 61.800 personnes dont 42% de femmes vont bénéficier à terme des effets positifs du projet. Une grande partie de cette population paysanne risque d’aller en chômage si les choses se poursuivent.

Au lieu de favoriser les cultures de décrue, desquelles dépendent de centaines de milliers de paysans pauvres sans aucune source de revenu, il s’évertue à étouffer les agriculteurs traditionnels. Ça s’appelle l’utilisation de l’argent des bailleurs de fonds contre les pauvres, non ! Le silence du bailleur, la Banque Mondiale intrigue quelque peu, en plus.

Brahim Ely Salem

CP Le Calame Brakna