Cri du coeur : L’Adrar se meurt !

12 November, 2020 - 00:28

L’Adrar, cet immense territoire qui s’étendait de l’extrême Nord de la Mauritanie jusqu’aux portes de Nouakchott au Sud englobait le  Tiris Zemmour, Dakhlet Nouadhibou et l’Inchiri. Dès les premières années de l’Indépendance, cette région s’est vue mutilée par le découpage administratif de toutes ses richesses naturelles : fer du Tiris Zemmour, cuivre et or de l’Inchiri, ressources halieutiques de Dakhlet Nouadhibou. Il ne lui restait plus que ses oasis et son agriculture sous palmiers.

Braves et précieux palmiers ! Grâce à eux, les Adrarois ont bravé la Nature et survécu en harmonie. Grâce à eux, ils ont nourri, scolarisé et inséré leurs enfants dans la vie active. Grâce au palmier et uniquement grâce au palmier, ils ont élevé des hommes et des  femmes travailleurs et bâtisseurs…. tant que la Nature l’a permis.

Mais deux décennies de sécheresse ont raréfié les nappes souterraines, alors que l’essor du secteur du tourisme se retrouvait brisé, tout comme l'intérêt des autorités nationales au développement de la région qui a subi ce fatal cumul d’épreuves comme une mise à mort « à petit feu ». Quelle désolation de voir aujourd’hui des villes-phares comme Atar, Chinguitti, Ouadane ou Aoujeft etc. pour ne citer qu’elles, perdre prestige, rayonnement, économie, développement et jusqu’à leurs fils et filles dans un inexorable exode vers la Capitale ! Non par paresse de ses enfants ou manque d’intérêt pour leur région mais sous la contrainte de conditions de vie de plus en plus insupportables et du coupable«  oubli » des autorités administratives et des décideurs politiques nationaux censés arbitrer les priorités de développement  entre les régions.

Ces décideurs ont placé l’Adrar au second plan. Dépopulation, faiblesse de ses élus, cadres, hommes d’affaires, manque de fils et filles engagés à défendre ses intérêts, l’Adrar se défigure, agonise lentement. Sans prise de conscience collective, solidarité agissante ni décision politique du Gouvernement, nous allons nous retrouver dans un Adrar exsangue, non pas territoire développé, vivant et rayonnant comme jadis, mais plutôt grand cimetière à ne visiter que sporadiquement pour nous recueillir sur les tombes de nos ancêtres.

Debout, Adradois ! Il est inadmissible que notre potentiel de centaines de milliers de palmiers se voit détruit faute d’eau. Nous ne voulons ni fer, ni cuivre ni or ni richesse halieutique, nous voulons de l'eau, nous voulons la vie ! Où sont les projets  Oasis dotés tous les cinq ans de plusieurs milliards d’ouguiyas empruntés auprès du FADES ou du FIDA ? On cherche en vain leur impact  dans le suivi  de nos palmiers…Où sont les projets PARIIS, PDDO, PDIAM, et j’en passe, du Développement rural ? En tout cas, pas au développement de nos palmeraies… Où  sont nos ministres ? Où sont nos élus ? Où ont nos hommes d’affaires influents ? Nos cadres, nos notables ?

Je demande à tous de prendre conscience du péril qui guette notre région et de lui venir en aide pour limiter les dégâts…déjà très lourds, hélas ! Je n’anticipe ici pas à avancer des solutions :elles doivent  venir de tout un chacun, peut-être dans un cadre de concertation que vous définirez. Mais il y a des urgences. Urgence pour d’abord nos hommes d’affaires « influents »à agir au niveau du cercle central de décision, en vue d’une  prise  de conscience des hautes autorités du pays de l’impérieuse nécessité d’atténuer la souffrance des populations de la région. Urgence ensuite de profiter de l’aubaine d’ouverture que connaît le pays, pour que nos élus, nos notables et nos cadres fassent entendre la « priorité de sauver l’Adrar ».

Urgence de réaliser une étude hydrogéologique enfin exhaustive de l’Adrar pour établir son potentiel réel en eau ; urgence de creuser des forages ultra-profonds (à cinq cents ou mille mètres comme cela se fait actuellement ailleurs dans la sous-région), établir des digues de ralentissement, barrages, bassins de rétention d’eau (via le programme PROPEP du Président, le Budget d’Investissement, les ressources bien conjuguées de divers projets de développement, etc.). Urgence d’attirer l’attention du président de la République sur la réalisation des engagements qu’il a  pris pour la région lors de sa campagne électorale. Ne tardons plus : il y a urgence… de toute urgence !

AlKoulani