Faits divers… Faits divers… Faits divers…

22 October, 2020 - 00:19

La pendue de Dar El Beïdha

Il est hélas quasiment inutile de rappeler le caractère précaire de la sécurité en la zone Sud de Nouakchott, surtout au quartier périphérique de Dar El Beïdha qui n'a connu le calme et la paix que rarement. Chaque jour y apporte son lot de crimes...C'est dans ce quartier qu'un jeune récidiviste égorgea son ami de sang-froid, en pleine rue, au vu et au su des passants.

Il y a trois jours vers 17 h, une mère de famille quitte son domicile à Dar El Beïdha. Élève coranique, sa fille Halima âgée de quatorze ans reste à la maison avec sa jeune cousine. La maman passe un moment chez une amie et revient chez elle. Pour y découvrir l’horreur : sa fille Halima balançant, morte, pendue au bout d’une corde attachée en haut d'un poteau de la véranda d'entrée, à côté d’une échelle. Vite alertée, la police fait appel au substitut du procureur pour le constat rituel et ouvre une enquête. Tous les membres de ladite famille, en plus de la cousine et du mari de la maman, sont auditionnés. Son géniteur est également convoqué et entendu. On conclut rapidement au suicide. Mais des questions demeurent sans réponse. Rien, ni l’âge ni l'éducation, ne peut justifier une telle décision de la fillette. Un trop lourd secret ? Sinon, assassinat ? Par qui, alors, et pour quel motif ? C’est probablement pour éviter de porter atteinte à la cohésion de cette famille endeuillée que la police a préféré ne pas trop creuser…

 

La vieille cheffe du cartel

1992 : une jeune bissau-guinéenne entre en Mauritanie en provenance du Sénégal. On lui délivre, comme à tous les émigrés ouest-africains, un visa de transit CEDEAO, puisque le pays est encore membre de cette organisation sous-régionale. La nouvelle venue se dirige aussitôt vers Nouakchott, nouvelle étape, pense-t-elle, vers l'Eldorado européen. Et de s'installer à Sebkha chez des compatriotes, en l'attente d’une pirogue de la mort...Elle doit cependant travailler pour subsister et économiser en vue de son voyage. Elle s’engage comme domestique chez une famille maure au quartier Capitale mais l’expérience ne fait pas long feu, faute de langue commune. La voici vendeuse ambulante de beignets. Deux mois plus tard, elle loue une chambre où son mari mécanicien la rejoint avant de trouver emploi chez un garagiste malien. Un an plus tard, le couple occupe une petite maison avec le reste de la famille qui les a rejoints. Antoinette rencontre un émigré ghanéen qui lui propose une louche affaire qu'elle commence par refuser : écouler des litres de soum-soum à travers la ville. Mais son mari finit par la convaincre. Elle commence alors à gagner beaucoup plus d’argent et cela l'incite à redoubler d'efforts. Elle gagne ainsi la confiance de son fournisseur qui lui confie la gestion de sa distillerie. Recherché par la police, il quitte le pays et notre bissau-guinéenne devient la patronne de l’affaire. Elle engage fils, filles, proches et monte petit-à-petit un réseau très efficace de production-distribution dudit alcool « bon » marché. Elle connaît la prison à plusieurs reprises sans jamais se décourager. La police investit et saisi-t-elle ses distilleries fixes ? Elle en invente de nouvelles itinérantes, par camions et bus ! Expulsée du pays entre 2011 et 2015, elle n’en cessera pas moins de gérer son cartel à partir de Rosso-Sénégal. Elle est encore aujourd’hui l’une des reines du trafic et de la distribution du vin maudit par le Saint Coran.

Mosy