CARAVANE CONTRE LE RACISME, L'ESCLAVAGE ET LES EXPROPRIATIONS FONCIERES

29 November, 2014 - 18:19

APPEL DE ROSSO

Rosso, le 11 novembre 2014

A
Son Excellence Monsieur le Président
de la République Islamique de Mauritanie
S/C de Monsieur le Wali de Trarza

Objet : l’Appel de Rosso contre le racisme, l'esclavage, et les expropriations foncières

Excellence,

La loi 83/127 du 05 juin 1983 portant réforme foncière et domaniale suivie par des décrets et des arrêtés d’application a, depuis son avènement, transformé la vie des populations de la vallée du fleuve en un véritable calvaire. Cet arsenal juridique est instrumentalisé par les pouvoirs publics et des administrateurs locaux qui ne se gênent nullement de se comporter en véritables colons en territoire conquis.

Les expropriations foncières au profit de l’agrobusiness national et international et très souvent au profit de simples spéculateurs fonciers déguisés en pseudo-investisseurs, créent un danger sans précédent par l’injustice et les discriminations à la base de telles décisions. Les expropriations résultant des évènements de 1989 au profit d’autres populations du pays constituent aujourd’hui un boulet et mettent à mal l’unité nationale et la cohésion sociale.

Des expropriations sans un respect minimum de l’espace vital pourtant fixé par la loi montrent à quel point le pouvoir est dans une logique d’exclusion systématique de pans entiers de la population de leurs terroirs d’origine. Les exemples de Donaye et de Diatar suffisent à eux seuls pour illustrer cet état de fait.

En effet, la lutte contre l’esclavage exige une volonté juridique et politique manifeste de remettre les esclaves et anciens esclaves dans leurs droits de travailleurs de la terre des adwaba. Terre qu'ils ont défriché et qu'ils cultivent et dont le fruit ne profite qu’à de soi-disant maîtres ou anciens maîtres qui les spolient en usant et abusant de la violence de l'autorité d'un Etat despotique.

Nous, organisations de la Société civile, signataires de cet appel, exigeons de l’Etat,
- la prise de mesures fermes pour une réelle abolition de l’esclavage foncier,
- le respect scrupuleux de la propriété coutumière et collective, - l’annulation pure et simple de tous les actes d’expropriation foncière depuis la loi 83/127 du 05 juin 1983.
- pour toute cession de terres, la concertation et la négociation dans le cadre de la loi avec les propriétaires coutumiers.

Nous ne pouvons conclure sans rappeler à l’Etat sa responsabilité devant l’histoire d’avoir allumé le feu de la discorde qui risque de mettre en péril tout projet de construction d’un Etat multinational dans le respect des droits individuels et collectifs.
Veuillez croire, Monsieur le Président, à notre très haute considération.

Les organisations signataires :

Initiative de résurgence du mouvement Abolitionniste en Mauritanie
(IRA – Mauritanie)
Kawtal Ngam Yellitaare
Mouvement Autonome pour le Progrès en Mauritanie (MAPROM)
Coordination des Victimes de la Répression (COVIRE)
Association Mauritanienne des Droits de l’Homme (AMDH)
Collectifs des Orphelins des Victimes Civiles et Militaires (COVICIM)
Collectif des Veuves
REVE – 89