Baccalauréat : chronologie d'un examen

24 September, 2020 - 01:52

L'examen du baccalauréat se déroula pour la première fois en Mauritanie au milieu des années soixante. À l'Indépendance, nos bacheliers se comptaient sur le bout des doigts. Ils avaient tous passé leur examen au Sénégal (lycées de Saint-Louis et de Dakar). En deux parties : l’une en fin de Première et la seconde en clôture de Terminale. Il était géré par l'Académie française à partir de Paris. Il n'y avait qu'un seul lycée chez nous : le Lycée national (actuel Lycée de garçons 1). Après quelques sessions qui ne comportaient que deux séries : lettres modernes et mathématiques ; la réforme éducative de 1974 en promeut une troisième : sciences naturelles. L'année 75 honore la première mauritanienne major du bac C : Fatimetou mint Soueidat.

L'office gérant l’examen fut dirigé, jusqu'en 1983, par monsieur Geoffroy, un inspecteur français d'académie. Puis il fut remplacé par un professeur mauritanien Yahya ould Hamoud. En 1985, la partie orale de l’examen fut supprimée. Des candidats libres passaient un examen préparatoire au bac, qualifié de contrôle ou probatoire. L'arabisation du diplôme s’initia avec l'insertion de candidats en lettres modernes arabes qui étudiaient à l'Institut Arabe de Boutilimit dès 1975. Une nouvelle série : lettres originelles ; fut plus tard ouverte. A priori destinée aux sortants des madaris islamiques, elle devint le refuge des ajournés des autres séries.

 

Quelques événements marquants

En 1996, le centre de Néma connut, dès le premier jour, une pagaille sans précédent. Le président du centre Sagna Ousmane fut débordé et son vice-président, Abderrahmane ould Sidinna, prit les choses en main. La police chargée de la sécurité du centre était apparemment complice des candidats qui fraudaient et cela valut à Abderrahmane d'être agressé et blessé. La réaction du gouvernement fut cependant rapide : toutes les autorités locales démises de leurs fonctions, aucune copie corrigée, aucun résultat publié et tous les candidats obligés donc de redoubler leur Terminale. Ceux qui avaient agressé le vice-président furent emprisonnés et interdits de passer le bac pendant deux ans. Des mesures draconiennes qui amenèrent à réquisitionner toutes les forces de sécurité à chaque session ultérieure de l'examen.

En Juin 2000, une fuite des sujets relatifs aux matières de base fut constatée et une enquête ouverte en conséquence. Sidi Mohamed ould Lehlou (un haut responsable actuel) fut accusé, preuves à l’appui, d’avoir vendu lesdits sujets alors qu'il était président d'un centre d'examen. Il fut arrêté et jugé avec ses complices. Le verdict le raya de la Fonction publique. Après son séjour en taule, il eut cette chance de donner des cours à domicile aux enfants d’Ould Abdel Aziz, alors président de la République. Guère soucieux, semble-t-il, du casier judiciaire, celui-ci le rétablit dans la Fonction publique et le nomma directeur général des parcs aménagés au ministère de l'Environnement. Sidi Mohamed est toujours à ce poste.

La session de Juin 2000 avait été annulée et une session-bis organisée. C’est à la suite de cet incident que le ministère décida de pourvoir les malles contenant les épreuves de deux cadenas : les clefs de l'un avec le président du centre et celles du second avec les autorités en charge de garder lesdites malles. C’est donc désormais en présence de celles-là que le président vient ouvrir celles-ci pour prendre les sujets ou les remettre à la fin de l'épreuve.

Mosy