Lutte contre le mono-filament: les pêcheurs déterminés

30 August, 2020 - 20:55

Les pêcheurs mauritaniens sont engagés plus que jamais contre l’usage du filet mono-filament dans la capture des espèces halieutiques. C'est dans cette optique qu'ils se sont encore mobilisés, le dimanche 30 Août à la plage de Nouakchott, pour en dénoncer avec énergie l’utilisation dans les eaux mauritaniennes. Ils se disent prêts à mener le combat en compagnie des garde-côtes qui ont lancé, la semaine dernière, une campagne contre cette pratique dangereuse et interdite par la loi de notre pays. « Des actes graves et inacceptables », scandaient à l’unisson tous les manifestants.

« Ces agissements criminels et inconscients sont imputables aux hommes d'affaires mauritaniens qui encouragent et financent les pêcheurs étrangers, plus particulièrement sénégalais », peste Pathe Assane Dièye, un des responsables des pêcheurs mauritaniens.« C’est à cause du mono-filament qu’il est devenu très difficile de trouver du poisson aujourd'hui le long de nos côtes ».Lors de sa visite au marché du poisson, sis à ladite plage, Aziz ould Dahi, le ministre des pêches et de l'économie maritime avait été, rappelons-le, interpellé par les pêcheurs et leur avait promis d'étudier la question afin de lui trouver une solution définitive. La campagne des garde-côtes apparaît un élément de la réponse.

 

Haro sur les pirogues sénégalaises !

Les garde-côtes mauritaniens ont ainsi arraisonné deux pirogues sénégalaises, le vendredi 28 Août, pour pêche illégale dans nos eaux territoriales et usage du mono-filament. Il a fallu de longues heures de tractations pour que les trente-six pêcheurs sénégalais descendent sur le quai. La police a recouru aux grenades lacrymogènes pour éviter des échauffourées avec les pêcheurs mauritaniens qui assistaient, de loin, à ce spectacle ahurissant. La tension était palpable depuis la veille. Une pirogue sénégalaise avait refusé de se plier aux injonctions des garde-côtes avant de rejoindre les eaux sénégalaises. Le bon sens a finalement prévalu, évitant de malheureux dérapages. Les trente-six pêcheurs ont été libérés suite à une intervention de l’ambassade du Sénégal.

Jusqu’ici, la prohibition du mono-filament se limitait à de simples amendes contre ceux qui l’utilisaient. Mais la présente campagne suscite l’adhésion des usiniers désormais conscients, après bien de réticences, des ravages causés par ce filet à la ressource et voilà ceux-là enfin décidés à agir.« Nous nous réjouissons du fort soutien des autorités, des usiniers et des pêcheurs fortement mobilisés pour l’occasion » félicite Yaali N’Diaye, président de la Coopérative « Le Mol »,« mais nous restons plus que jamais sur le qui-vive. Car », déplore-t-il, « le mono-filament a quasiment détruit nos écosystèmes. De Ndiago à Nouadhibou, même dans les zones protégées, des pêcheurs y ont encore malheureusement recours ».

Et de préconiser en conséquence l’interdiction totale de l’importation du mono-filament. « Les autorités doivent agir fortement. Nous n’avons pas de problèmes avec nos frères pêcheurs sénégalais. Nous devons tout simplement œuvrer pour le bien de tous. Il faut appliquer la loi dans toute sa rigueur et mettre fin à ce scandale qui la bafoue. En commençant par saisir les stocks encore outrageusement exposés à la vente. À défaut de mettre un terme rapide à l’importation, les pouvoirs publics peuvent, en peu de temps, rendre la vente très difficile et augmenter fortement les amendes. Aujourd’hui plus que jamais, nous entendons intensifier nos actions de plus belle car nous sentons leur effet de plus en plus bénéfique, pour la pêche en général et les pêcheurs en particulier », conclut Yaali N'Diaye.

Afin de mieux préserver les ressources halieutiques du pays, l’union des coopératives le « Mool » mène depuis 2010 des opérations de sensibilisation auprès des pêcheurs locaux sur les méfaits du mono-filament. Cela a permis la destruction de plus d’un millier de ces filets et l'arraisonnement de plus en plus fréquent de pirogues ainsi équipées. Soldée par de spectaculaires incinérations, la disparition progressive du mono-filament avait entraîné une nette amélioration des prises, en quantité et en qualité, accompagnée d’une régénération des espèces. Mais on notait, ces dernières années, un dangereux relâchement et la présente campagne tombe à pic pour relancer la vigilance et l’heureux processus vital.

Thiam