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20 August, 2020 - 01:15

Voilà un an et quelques grains de jours que Mohamed ould Ghazwani est arrivé au pouvoir après que son ami de plus de quarante ans y a passé plus d’une décennie. Sur le bilan de cette année d’exercice, les avis sont très mitigés. Pour les uns, les choses ont commencé à aller. Pour les autres, pas grand-chose n’a véritablement changé. Surtout que certains gros symboles de la décennie écoulée ont été maintenus à des postes stratégiques de l’administration du nouveau président de la République. Deux événements ont cependant particulièrement marqué la période, s’en ravissant la vedette. La COVID 19 dont certains se servent pour justifier le passable des prestations administratives publiques. Une pandémie qui a semé la panique dans le Monde et permis aux autorités nationales d’engranger des fonds substantiels estimés à plusieurs dizaines de milliards… dont la gestion n’a pas fini de faire jaser et autour de laquelle un certain comité interministériel, jusque-là présidé par l’ex-Premier ministre, n’a pas « beaucoup communiqué». En deux, la fondation d’une Commission d’enquête parlementaire (CEP) avec mandat d’investiguer sur la gestion et les modalités d’adjudication des marchés dans dix-sept dossiers de la dernière décennie. Cette CEP a produit un rapport compromettant d’anciens Premiers ministres, ministres, administrateurs directeurs généraux de la SNIM, directeurs généraux d’autres très importantes entreprises nationales, soupçonnés d’avoir détourné ou contribué à faire détourner les ressources nationales, en ce qui ressemble à l’une des plus grandes escroqueries de notre histoire. Dans cette dangereuse affaire, les autorités doivent prendre leurs entières responsabilités, sans tergiverser ni faiblir, en laissant la justice faire efficacement son travail. Tous les responsables cités dans le rapport de la CEP doivent être systématiquement dessaisis de leurs fonctions et mis à la disposition des enquêteurs. Il s’agit également d’empêcher quiconque, soit-il ex-Président, de jouer au perturbateur et lui interdire toute action en ce sens, de quelque nature soit-elle, jusqu’à ce que la justice le blanchisse ou le noircisse. Le principe de la présomption d’innocence ne permet pas de jouer un théâtre de mauvais goût. Surtout quand tous les indicateurs tendent à démontrer que le pays a réellement fait l’objet d’un saccage systématique, par une toute petite poignée d’individus sans aucune commisération pour un peuple  souffrant de maladies, précarité, vulnérabilité, ignorance, mal-être, mal-avoir, mal-paraître depuis on ne sait combien de temps. Et que sont découvertes ici et là des cavernes d’Ali Baba où sont enfouies des richesses de plus que douteuse origine. La Mauritanie et ses intérêts doivent être tenus au-dessus de toute autre considération. N’en déplaise à ces bandes et groupes de féodalo-anarchistes qui s’emploient éternellement à cacher leurs inepties ou celles des leurs, en brandissant le spectre d’une certaine appartenance qui devrait suffire, on ne sait selon quelle logique, à prémunir de toute  poursuite les malfrats sans foi ni loi, éhontés voleurs de leur pays et de leur peuple. De toute évidence, autant aucun règlement de comptes ne doit être toléré, autant aucune dérogation ni complaisance ne doivent être concédées à quiconque. Tous les nominés en ces histoires de vol organisé doivent répondre imparablement de leurs actes et « vomir » publiquement les butins illégalement amassés. À l’annonce, voici une semaine, de la nouvelle équipe gouvernementale, le ministre secrétaire général de la Présidence a rappelé le respect du président de la République envers la séparation des pouvoirs. Ce même Président qui avait auparavant déclaré qu’il ne protégerait pas les gabégistes. Mais les belles déclarations et les vœux pieux n’ont jamais suffi. Les Mauritaniens l’attendent donc sur l’issue de cette affaire dont va dépendre l’avenir du pays et ses rapports avec les voleurs de la chose publique. 

El Kory Sneiba