Autour d’un thé : Tel père……

13 August, 2020 - 00:56

En fait, bon, dans tous les cas… Moi, si ça ne tenait qu’à moi : en réalité, je suis un peu choqué de toujours continuer à vous parler de n’importe quoi, n’importe comment – et je sais que ce n’est ni très convenable, ni très poli, ni très respectueux ou respectable (prenez l’un et laissez l’autre) – ce n’importe quoi, aujourd’hui, c’est le nouveau gouvernement. Actualité oblige. « Tout d’abord », comme on disait lorsque les lettres écrites à la main et envoyées par quelqu’un – ou par la poste, pour les plus à la mode – avaient pignon sur rue. À cet égard, je me rappelle encore lorsque j’étais au Cours Moyen Deuxième Année (CM2) qu’un vieil ami de feu mon père me demandait toujours de lui lire ou écrire les lettres qu’il recevait ou adressait à ses enfants. Obligation totale d’écrire exactement ce qu’il me disait, puisque l’exercice était systématiquement  suivi d’une séance de relecture à voix haute et à la lettre du texte, en lui expliquant mot à mot tout ce qu’il m’avait dit. Alors, « tout d’abord », merci Président, merci Premier ministre. Dans ce nouveau gouvernement, il y a des femmes, il y a des hommes, il y a des jeunes, il y a des moins jeunes. Un gouvernement de Mauritaniens : Il y a ici. Il y a là-bas.  Des gens de Taya, des gens de Sidi, des gens de feu Ely, des gens d’Aziz. Exactement comme le bois du hangar. Chaque bois venant de quelque part. Et, bien sûr, il y a des gens de Ghazwani. Treize étaient déjà là. Trois nouveaux arrivent. Trois très anciens nouveaux. C’est toujours comme ça, les gouvernements, partout : on prend quelques mêmes, même quelques anciens mêmes, on y ajoute quelques jeunes, et le tour est joué ! Vous savez, on dit chez nous que « tout celui dont le père a laissé une fatigue doit se la fatiguer » (un peu comme « être le fils de son père »). Moi, j’aurai dû être paysan, comme l’était mon père. Ils sont combien, dans les gouvernements de chez nous, dont les pères, mères, tantes, oncles, frères, sœurs étaient ministres ? Aussi loin que vous remontez l’histoire, du congrès d’Aleg à aujourd’hui, les congressistes d’alors ont pris place dans la république et leurs fils continuent à l’occuper aujourd’hui. Les grandes tentes bien spacieuses, bien aménagées, la grosse ombre bien reposante, les grosses huttes bien faites, bien bourrées de paille. On n’est pas fils d’Ehl Cheikh ceci ou d’Ehl Cheikh cela pour rien. Prenez tous les membres du gouvernement – de n’importe quel gouvernement – et  regardez-moi bien, les yeux dans les yeux. Fouillez, bêchez, rabâchez. Un filon, comme vous diraient les orpailleurs, vous mènera quelque part. Sinon, si ce n’est pas cela. Comment comprendre certains départs du gouvernement sortant ? Comment comprendre certaines rentrées ? Si ce n’est cette fameuse alchimie de dosage ethnico-tribalo-régiono-n’importe quoi ?  Les ceux-ci ont eu ça et ça. Alors, il faut leur reprendre ça et ça. Comme ça, comme dans une « mouchariya » littéralement achetée. Tu ne peux pas avoir la tête et le cou. Surtout, comme disait l’autre, que la tête appartient à ses propriétaires. Plus équilibriste que le Président, tu meurs. Et puis cette histoire de « traîne son pan sur tous les autres secteurs » ! Combien avons-nous de généraux ? De brigade ou de corps d’armée. Ce sont les fils de qui ? À vos registres, gens du bureau numéro 1 ! Lisez les noms des colonels, commandants et  capitaines. À haute voix, s’il vous plaît ! Et nos commissaires de police. Divisionnaires ou principaux, allez savoir. Les officiers de la Marine nationale. Les inspecteurs de la Douane. Ce n’est que du tel père, tel fils ! Ou telle fille, tel cousin ou telle nièce. Celui dont le père a laissé une fatigue doit se la fatiguer, c’est tout. C’est comme ça. En tout cas, moi, là, il faut que mon tour vienne, même par effraction. Ou alors construire un très très gros hangar, version temps modernes. Un  hangar plus imposant que toutes les tentes et les cases. Comme ça, au prochain gouvernement, au prochain parlement, au prochain tout et n’importe quoi, il faudra désormais compter, à côté des grosses tentes et des grosses cases, avec les gros hangars. En tous les cas. Salut.

Sneiba El Kory