M. Hamadi Ould Meimou, premier vice-président de l’Assemblée nationale : ‘’La première année du mandat a d'abord été celle de la réconciliation, du rapprochement et de la cohésion des composantes du tissu social et politique’’

6 August, 2020 - 00:50

Une interview réalisée à l’occasion du premier anniversaire de l’investiture du président de la République, Mohamed Ould Cheikh El Ghazouani

Le Calame : Une année vient de s'écouler depuis l'investiture du Président Mohamed OuldCheikh El Ghazouani. Quel bilan faites-vous de ces douze premiers mois?

Hamadi Ould  Meimou: Je vous remercie de m'offrir l'occasion de revenir sur cet important  événement à propos duquel je me suis déjà exprimé lapidairement dans un certain nombre de sites électroniques de la presse nationale.
Sans préjuger du fait qu'un an soit "peu" ou "peut-être beaucoup", je peux, par contre, vous dire mon sentiment qu'il s'agit d'une année bien remplie où les actions initiées ou inspirées par le président de la République SEM. Mohamed Ould Cheikh El Ghazouani, ont été nombreuses et salvatrices pour la Nation, malgré une conjoncture internationale particulièrement difficile, marquée par l'avènement de la pandémie du Covid-19 et ses conséquences dramatiques à plus d'un titre.
Grâce à l'esprit d'ouverture du président Mohamed Ould Cheikh El Ghazouani et à sa forte détermination de faire de la Mauritanie un toit pour tous et un Etat de droit qui garantit à chaque citoyen la pleine et entière jouissance de ses droits et à chaque institution le respect qui lui est dévolu, la première année du mandat a d'abord été celle de la réconciliation, du rapprochement et de la cohésion des composantes du tissu social et politique.
Vous conviendriez avec moi que le Président a raison de considérer que l'unité nationale est le socle fondamental sur lequel il faut bâtir la Nation et que tous les sacrifices doivent être consentis pour ce faire.
Ce grand dessein a été, par ailleurs, boosté par les mesures économiques et sociales destinées au soutien des couches les plus défavorisées (appuis financiers, distributions de produits alimentaires, prise en charge de la consommation d'eau et d'électricité, efforts et mesures de stabilisation des prix des produits de première nécessité notamment...) ainsi que par les remarquables avancées dans les secteurs de la santé, de l'éducation, du développement rural, de l'hydraulique, des mines et des affaires islamiques pour ne citer que ceux-là  (équipements, recrutements de personnel, encouragements et émoluments des ressources humaines...) et par les actions et programmes ciblant les jeunes, les femmes, les agriculteurs ( insertions, offres d'emplois, financements de projets, disponilibisation des aliments de bétail, réalisations d'AEP et de points d'eau ...).
Cette première année du mandat a été également celle du rayonnement diplomatique et du renforcement de la présence de la Mauritanie sur les scènes régionale et internationale tant par sa participation active à des rencontres importantes (assemblée générale des Nations Unies, divers sommets en Europe et en Afrique) que par l'organisation, intramuros, de ce type d'événements en particulier le dernier sommet du G5 Sahel qui, de l'avis de tous, a été non seulement un défi remarquablementrelevé mais aussi un pari plutôt largement gagné, dans une conjoncture particulièrement éprouvante.
Elle aura été aussi l'année où, pour la première fois dans son histoire, sous l'égide de SEM. Mohamed Ould Cheikh El Ghazouani, la Mauritanie aura notoirement gagné la confiance de ses partenaires au développement et mobilisé des fonds considérables pour le financement de sa croissance économique.
Cependant, cette première année du mandat restera une année profondément marquée par l'avènement de la pandémie du Covid-19 qui, malgré les programmes mis en œuvre par le Gouvernement, conformément aux directives du président de la République, a tout de même affecté la sphère économique en particulier le  secteur informel et ne manquerait pas, en 2020, d'infléchir, probablement à la baisse, le taux de croissance du PIB.
Néanmoins, avec la reprise des activités économiques et des échanges nationaux, régionaux et internationaux ainsi que les réformes et programmes en cours, l'instauration d'un climat de paix, de sécurité, de concorde nationale et de confiance restaurée, les perspectives de relance permettent d'aspirer à des lendemains meilleurs.

Cette année a été marquée notamment par la mise en place d'une commission d'enquête parlementaire qui vient de rendre son rapport. Avez-vous été surpris, comme la majorité de vos concitoyens par l'ampleur de la gabegie qui y a été décrite?

Permettez-moi d'abord de saluer cette initiative qui consacre l'une des missions fondamentales de l'Assemblée Nationale à savoir, le pouvoir de contrôle de l'action du gouvernement,  tel que prévu à l'article 72 de la Constitution de la République Islamique de Mauritanie du 20 juillet 1991 modifiée.
Il faut rappeler que cette commission a été créée en vertu de la résolution n° 01/2020, au cours d'une séance plénière que je présidais, conformément à l'article 11 de l'ordonnance n°92-03 du 18 février 1992 relative au fonctionnement des Assemblées Parlementaires et des articles 123 et 124 du règlement intérieur de l'Assemblée.
La réhabilitation de ce pouvoir de contrôle du gouvernement par le parlement appelle de ma part les observations suivantes :

1ère observation :Avec la création de cette CEP, l'Assemblée Nationale qui, jusqu'alors, était considérée, (à tort ou à raison), comme "une chambre d'enregistrement" perd cette caractéristique et devient, ipso facto, une institution à part entière, sur l'échiquier national. A priori, elle gagne en crédibilité...

2ème observation :Cette CEP, ainsi que celles qui la suivront éventuellement, permettront de contribuer à la moralisation et à l'efficience de la gestion des ressources publiques en particulier et de la chose publique d'une manière générale.

3ème observation :La création de la CEP a permis de consacrer et d'inscrire dans les faits le principe sacrosaint de la séparation des pouvoirs.

4ème observation :Cette évolution du rôle de l'Assemblée Nationale constitue une avancée considérable dont le mérite revient, essentiellement, au Pouvoir Exécutif actuel et en particulier, au Président Mohamed Ould Cheikh El Ghazouani qui, contrairement à ses prédécesseurs, est résolu à approfondir les réformes démocratiques.
Quant à votre question proprement dite, je vous avoue que je n'ai pas été autant surpris que la majorité de mes concitoyens au sujet de ce que vous appelez "l'ampleur de la gabegie" qui a été décrite dans le rapport de la CEP pour la simple raison que bon nombre de dossiers avaient déjà été, en leur temps, traités par la presse notamment, et que j'ai l'avantage, de par mon statut, de faire partie de ceux qui ont la possibilité d'accéder à l'information, certainement plus que la moyenne de mes concitoyens.
Nonobstant cela, s'il s'avérait que les conclusions de la CEP correspondraient, grosso modo, à la réalité, (la justice confirmera où infirmera ces conclusions), la Nation aura été indubitablement mise en danger.

Le rapport de la CEP a été transmis par l'Assemblée Nationale au ministre de la Justice pour être traité par les juridictions compétentes. Pensez-vous qu'il s'agit d'une opération de salubrité publique dont on ne peut faire l'économie et qui doit aller à son terme quel qu'en soit le prix?

Vous avez raison : l'Assemblée Nationale a effectivement transmis les conclusions de ses délibérations relatives au rapport de la CEP à l'issue de sa séance plénière du 28 juillet 2020 au Ministère de la Justice.
Je considère que "le dossier" est actuellement entre les mains de la justice qui tranchera.
Comme vous le savez, celle-ci n'est engagée ni par les conclusions du rapport de la CEP ni, encore moins, par mes desiderata à ce propos.
Avant la fin de votre interview, permettez-moi de vous remercier et de présenter mes meilleurs vœux à SEM. le président de la République Mohamed Ould Cheikh El Ghazouani, au Gouvernement et au Peuple mauritanien à l'occasion de l’Aid El Adha.

 

Propos recueillis par Ahmed Ould Cheikh