Guerre du Sahara: L’Attaque de Bir Guendouz /par Mohamed Lemine Ould Taleb Jeddou

25 June, 2020 - 00:17

Arrivé très tôt au matin du 04 novembre1977, un ennemi de 85 véhicules s’est attelé à mettre en place dans la foulée un dispositif d’attaque sur la garnison de Bir Guendouz. Alerté par le bruit des véhicules, le personnel de la petite garnison se met en branle pour assurer la défense du fortin, unique structure affleurant sur le glacis étendu à perte de vue.

Dès 8 heures, après l’avoir encerclé, coupant toutes les voies de retraite et de fuite, l’ennemi concentre toute sa puissance feu sur le fortin. L’escadron réagit par le déclenchement des tirs de mortiers de 81 m/m, de mortier de 60m/m et de l’unique Mit 30 dont il disposait. Le peloton motorisé bloqué à l’intérieur du fortin n’avait plus de possibilités de manœuvre. Pendant trois bonnes heures, la garnison tiendra tête à la phénoménale puissance de l’ennemi avec ses moyens dérisoires. A plusieurs reprises, l’escadron réussit à faire échec aux assauts ennemis répétés, l’obligeant au repli. Retranché dans le petit fortin, le petit escadron d’un effectif d’une soixantaine d’hommes commandé par un adjudant continue de résister à l’attaque, en vue de gagner des délais dans l’attente de l’arrivée des renforts.

Alerté par l’Etat-major National, vers 10 heures, des T6 marocains décollent de Dakhla et les unités de la 1ère et 2ème Régions Militaires et reçoivent les ordres de se porter en intervention au profit de la petite garnison, avec une éventuelle interception de l’ennemi au niveau de Legrara, un terrain extrêmement difficile d'accès.

 

Terrible méprise

Vers 11h30, un élément est envoyé à partir d’Awsred pour ravitailler les unités de la 1èreRégion Militaire, en rupture d’eau.

Vers 12h00 alors que les unités de la 1 RM étaient à 80 kilomètres de Legrara et que le Sous-groupement 21 sortait de la garnison de F’derick, les T6 marocains survolent le fortin de Bir Guendouz et signalent la présence de deux véhicules apparemment endommagés et plusieurs traces de véhicules se dirigeant vers le nord. Au même moment, deux Defenders quittaient simultanément le Garim et la base aérienne d’Atar, l’un en appui aérien en direction de Bir Guendouz et l’autre en ravitaillement de munitions vers Nouadhibou.

Arrivé sur les lieux de l’attaque à 12h30, le Defender en appui aérien continuera à survoler la zone d’action en renseignant sur l’ennemi et ne quittera la zone qu’à 15 heures trente minutes.

Vers 17 heures, les unités de la 1ère Région Militaire passent juste avant l’ennemi sans s’en rendre compte. L’unité en serre-file se retrouvera face à face avec l’élément d’éclairage ennemi, le croyant un élément ami désorienté. Réalisant son erreur, l’unité accrochera l’ennemi, puis pendant un certain temps, une confusion régnera dont ce dernier profitera pour contourner les unités et continuer son esquive. C’est à ce moment précis de flottement et de confusion que le peloton en ravitaillement eau, roulant sur les traces des unités, arrive de la direction où se trouve l’ennemi et sera pris sous le feu ami. Le chef de peloton, le gendarme de troisième échelon, Diyah Ould Mayouf, secondé par le brigadier de la garde, Mohamed ould Meissara, pense qu’il est tombé dans une embuscade et s’esquive dans la direction opposée qui le mènera vers le véritable ennemi avec qui la patrouille commandée par le chef de peloton engagera un combat héroïque, la patrouille commandée par le brigadier Mohamed Ould Meissara s’étant esquivée. Avant de succomber, la patrouille neutralisera un véhicule B 10 que l’ennemi, sous la pression des événements, laissera sur place. Lorsque les unités de la 1ère Région Militaire, ayant réalisé la terrible méprise arriveront sur les lieux de l’accrochage de la patrouille avec l’ennemi, elles trouveront les corps de Diyah Ould Mayouf et de son équipage, son véhicule de commandement, la 11/13 d’allègement et le véhicule B 10 ennemi neutralisé. Avec l’arrivée du crépuscule, les unités camperont sur place et l’ennemi en profitera pour rouler toute la nuit phares éteints pour creuser l’écart. Le Brigadier Mohamed Ould Meissara rentrera deux jours plus tard à Tichla avec sa patrouille au complet.

 

Extrait de “La Guerre Sans Histoire”