Crime aux Etats-Unis d’Amérique, silence en Mauritanie

17 June, 2020 - 23:38

Les médias internationaux l’ont relayé et en direct  Le meurtre hideux d'un citoyen américain sans défense, Georges Floyd perpétré par un policier  à Minneapolis le 25 mai passé. Malgré les circonstances de la propagation à grande échelle de la pandémie du  Covid19, le peuple américain était courageusement sorti, toutes communautés et couleurs confondues, en manifestations et protestations pour dénoncer et condamner ce crime défiant ainsi les décisions de l'administration Trump qui ont surpris le monde et humilié le peuple américain. Ces décisions, contraires à la démocratie et aux droits de l'homme, ont imposé  un couvre-feu, effrayé et intimidé afin de servir de diversion et dissimuler  l'atrocité et la laideur du crime tant que d'une part le meurtrier est blanc et la victime est noire, et d'autre part, tant que  la perte est humaine et non en dollar clarifiant ainsi la nature raciste du régime que reflètent ses méthodes, sa politique et ses prises de position.
La conscience humaine s'est réveillée en grand élan de solidarité avec la victime et toutes les victimes du racisme et de la haine et s'est traduite par des manifestations d'indignation dans la plupart des villes du monde, dénonçant le crime odieux et les attitudes du régime de Trump et ses acolytes de droite et chauvins à travers le monde.
Quant à la Mauritanie, toutes les forces officielles, politiques et celles des droits de l'homme ont observé un silence complice face à  ce crime raciste et odieux,  comme si ce qui se passe ailleurs ne concerne pas le peuple mauritanien. Cette attitude passive et décevante à l’égard de l’élan populaire mondial contre le racisme et le chauvinisme et ce scandale contre les droits d'un être humain tué brutalement et dont les horreurs dépassent le massacre  d'animaux, est contraire à la démocratie et aux droits de l'homme…

Tactique ridicule
L'une des raisons principales de ce silence est que certains mouvements défendant les droits de l'homme craignent  la réprobation des crimes et des violations orchestrés par ces pays capitalistes dotés de régimes de droite et racistes qui sont leurs maîtres bailleurs. De ce fait, ces mouvements n’osent pas les critiquer, même si certains meurent sous le joug des politiques répressives et racistes contre lesquelles ces mêmes organisations militent…
Quant à certaines forces politiques, elles n'ont d'autres intérêts en cette période que de courtiser le nouveau régime en vue de se normaliser et de se réconcilier avec lui ; même la revendication d'une commission d'enquête indépendante pour le cas du meurtre d’un ressortissant civil non armé à M’Bagne, quelles qu’en soient les circonstances, certaines forces la considèrent comme relevant de l’extrémisme. …Où est alors l’humanisme ? Où sont les principes ? Où est la crédibilité ?
Ici, et pour plus de clarté, je m'excuse auprès du lecteur pour décliner certains détails :
Le crime de la politique de normalisation avec le régime, suivie par ces forces politiques, asphyxie le peuple mauritanien et l'étrangle, exactement comme l'a fait la machine de répression du régime de Trump contre Floyd jusqu'à sa mort…
Afin de réaliser leur stratégie de réconciliation et de normalisation avec le régime, ces partis  ont eu recours à une tactique claire, quoique ridicule, se fondant sur deux aspects :
Le premier aspect est relatif à une propagande au profit du pouvoir au  sein de l'opinion publique et des militants de ces partis, et ce à travers l’idée que le Coronavirus est l'ennemi principal du peuple mauritanien afin de justifier la création d'un front interne sous la coupe du régime et des partis de la majorité, détenteurs du rapport de force, d'une part et, d'autre part, à travers le discours qui véhicule que l'opposition au régime conduit directement  au retour de l'ancien régime de Aziz, auteur de crimes sans limites… Ceci nous rappelle une approche qui a été suivie par les éléments capitulationnistes en 1975 afin de justifier la politique de normalisation avec le parti du peuple mauritanien (PPM). Ces derniers avaient mis en avant l'alibi que la non adhésion au parti du régime semi-colonial constitue un appui aux forces extérieures représentées par le Polisario…les visages  dévoilés et les masques sont tombés…
Quant au deuxième aspect de cette tactique, il consiste en leur tentative d'entrainer les partis de l'opposition, ou plus exactement le parti de l'opposition le plus populaire  vers l'harmonie dans la ligne  de normalisation, alors que ces partis éprouvent des crises internes et leur popularité diminuent de plus en plus, tout cela pour obtenir la considération d'un pouvoir utilisant l’ouverture politique comme slogan de manœuvre.
Le fait de considérer que la nature de ces deux régimes diffère juste par le changement du chef du système relève de l'illusion. La politique intérieure de l'actuel régime est un échec, et ce sur tous les plans: politique, économique et social, à commencer par la restriction des libertés (blocage des  récépissés de légalisation des partis politiques, détentions extralégales, refus d'autorisation de  meetings, etc.). Les pandémies de la soif, de la famine et du chômage font plus de victimes que celle du Coronavirus dont le dossier a été géré d'une manière peu sage. Les priorités de la spécificité nationale ont été sacrifiées afin de se conformer aux procédures internationales…
Sur le plan extérieur, la politique du régime est axée, d'une part, sur l'alliance avec les assassins des  peuples yéménite, syrien, libyen, soudanais, égyptien et, d'autre part, sur la conspiration avec la Banque mondiale et le Fonds monétaire international (FMI) dans le but  d'accumuler plus de dettes au détriment des générations présentes et futures…

Enfin, ce crime confirme une fois de plus que:

        -  Les régimes oppressifs  étaient et demeurent l'ennemi principal de   l’humanité.

       - Même en période de pandémie, la lutte continue contre ces régimes qui constituent eux-mêmes une pandémie à caractère permanent et un ennemi principal… ;

       - La politique de normalisation avec la pandémie permanente pour obtenir une part du gâteau fait que ses initiateurs sont eux-mêmes une pandémie, même secondaire…

      -   La contradiction et la lutte de classes existent et demeurent entre la majorité de notre peuple multinational, privé de justice et de ses richesses et un système basé sur l'exploitation et l'oppression soutenu par ses alliés bourgeois et féodaux et leurs théoriciens politiques…

Youssef Issa