Winding/M'Bagne: Abass Diallo tué à bout portant par l’armée

29 May, 2020 - 16:45

Abass Diallo (34 ans) a été tué à bout portant, dans la nuit du 28 au 29 mai, par une unité de l’armée mauritanienne d’une balle en pleine poitrine, à Winding (Mbagne), situé aux abords du fleuve. Originaire du village de Dabane (M’Bagne), Abass, charretier,  transportait de la marchandise pour le compte d’un commerçant. Surpris par une unité de l’armée, en charge de la surveillance des frontières, Abass et le commerçant prendront la poudre d’escampette avant que le charretier ne reçoive la balle mortelle. « A une distance très réduite, la victime a reçu une balle en pleine poitrine. La victime était accompagnée de son neveu et du commerçant auquel appartiennent les marchandises débarquées d'une pirogue. Il est exclu de parler d'actes isolés ou d'erreur... », s’indigne l’AMDH sur la base de données recueillies.
Père de cinq enfants, Diallo laisse une famille orpheline. 

Première à réagir suite à cette bavure, l’Association Mauritanienne des Droits de l’Homme déplore cette «succession d'événements tragiques qui secouent les citoyens depuis la mise en place des mesures restrictives  de liberté». «Les forces de l'ordre continuent sur une dynamique répressive sans précédent en faisant usage des armes. La fermeture des frontières et le manque d'assistance et de soutien pour les populations dans les zones rurales en particulier réactivent les gestes de survie qui bravent les interdits ». Le déploiement de l'armée rappelle, note l’AMDH, les périodes d'exceptions du régime militaire répressif. Il faudra qu'une enquête indépendante soit conduite pour faire la lumière sur les circonstances dans lesquelles les armes ont été utilisées contre des citoyens qui ne cherchent qu'à survivre dans cette période d'exception et de restriction de circulation ».
Rappelons qu’il ya quelques semaines des jeunes de Winding, qui s’étaient organisés en groupes de veille pour empêcher les manœuvres d' infiltrations transfrontalières après avoir neutralisé un groupe de trafiquants qui bénéficiaient de complicités des forces de sécurité et pour avoir dénoncé leur« laxisme dans leur lutte contre le trafic illégal transfrontalier » avaient été arrêtés et déferrés à Aleg  avant d’être libérés. Ils avaient été rudoyés lors de leur interpellation.
Depuis la fermeture des frontières du fait du COVID-19, il a été enregistré  une intensification des trafics de marchandises entre les deux  rives.