Le 25 Juillet 2019, le Centre hospitalier national de Nouakchott accueillait une Première en Mauritanie : une micro-décompression neurovasculaire, pour une patiente mauritanienne souffrant d’un syndrome d’hémi-spasme facial, auparavant traité, sans succès durant plusieurs années, au Maroc et en Tunisie. Le docteur Kleib, neurochirurgien mauritanien exerçant en France, au Centre hospitalier de Tours, l’a opéré, avec succès, au bloc opératoire, avec l’équipe de neurochirurgie du professeur Salihy. Cette technique chirurgicale s’adresse aux patients souffrants de névralgies faciales par conflit neuro-vasculaire ; autrement dit, d’atroces douleurs suite à l’activité d’une artère irritant et stimulant un nerf. L’irritation du nerf de la motricité faciale entraîne des mouvements brusques du visage assez gênants. L’intervention chirurgicale n’a jamais été tentée, à ce jour, en nos hôpitaux. Les patients souffrant de cette pathologie étaient évacués à l'étranger ou laissés à leur sort.
Patiente comblée
La patiente qui a souhaité garder l’anonymat est aujourd’hui comblée : « Je me sens très bien, Dieu soit loué ! Ma situation s’est améliorée […]. Je ne croyais pas que ce genre d’opérations puisse se dérouler en Mauritanie. C’est pour cette raison que je suis allée au Maroc, puis en Tunisie, sur recommandation de mon médecin traitant, sans que ma situation s’améliore. Plus tard, sur conseil avisé du docteur Samy, nous avions pris décision de me faire opérer ici. Il m’assura qu’il n’y aurait aucun problème et que j’avais cette chance de bénéficier d’une opération locale. J’avais confiance en mon médecin, tout comme au docteur Kleïb. Toutes ses assurances réunies, j’étais donc prête, après l’échec répété de mes traitements à l’étranger, par ailleurs très onéreux [...]
Je conseille à tous les patients de rechercher d’abord des traitements au niveau local, avant de se rendre à l’étranger. C’est mieux de bénéficier de soins de qualité, quand on est chez soi : moins de dépense et réussite au bout. En Tunisie, je subissais une injection chaque quatre mois. Les douleurs revenaient atrocement. Un traitement onéreux et inefficace…
Je profite de cette opportunité pour remercier infiniment les docteurs Samy et Kleïb pour les efforts déployés et l’attention qu’ils n’ont jamais cessé de me porter. Leur soutien moral et leur apport médical ont été bénéfiques .Nous devons avoir confiance en nos médecins et, du coup, en notre système de santé […] Je suis prête à reprendre mon boulot. Je dois revoir le docteur Kleïb en Novembre, incha Allahou ».
« Une piste s’ouvre »
Le médecin traitant de la dame, le docteur Samy Mohamed Lemine Dadah, neurologue-neuro-pédiatre, raconte : « C’est une patiente âgée d’une cinquantaine d’années. Une institutrice qui éprouvait, depuis deux ans, des difficultés à travailler, en raison d’hémi-spasmes faciaux, des contractions vraiment gênantes. Ses élèves se moquaient d’elles et elle était obligée de se couvrir le visage à l’aide de son voile, ne laissant apparaître que ses yeux. Elle souffrait énormément et était contrainte à demander des congés médicaux répétitifs qui perturbaient la qualité de son travail ainsi que sa participation à la vie économique et sociale ».
Cette patiente suivait, depuis deux ans, un petit traitement en Tunisie, par le biais d’une injection de toxine bolique qui calmait trois à quatre mois les douleurs. Un traitement onéreux : l’injection coûtait 500 000 MRO, sans compter le billet d’avion et la prise en charge. La patiente était réduite à ne se traiter qu’une fois par an. C’est alors que le docteur Samy Mohamed Lemine Dadah lui proposa une alternative : un traitement médical par comprimé et, si ça ne s’améliorait, de passer à autre chose. « Après 18 mois de traitement, avec prise de 2 médicaments, elle notait 50 à 60% d’améliorations. Mais les contractions s’aggravaient, lorsqu’elle était confronté des émotions, notamment lors de réceptions ». Le docteur Samy Mohamed Lemine Dadah fait alors effectuer des examens complémentaires (IRM et MG), pour « déterminer si la patiente était éligible ou non à la chirurgie et pour savoir si l’intervention lui serait utile ». Les réponses sont positives et l’opération programmée.
« 24 heures plus tard, le résultat est à 90% satisfaisant. La patiente va très bien. Les nouvelles qu’elle nous donne, depuis, sont excellentes. Je vais la revoir dans un mois et procéder à l’arrêt du traitement. Nous estimons que c’est une Première déjà réussie », se félicite le docteur Samy. Avant de souligner les perspectives prometteuses de cette innovation : « Une piste s’ouvre. Il n’y a pas mal de patientes qui sont éprouvées par cette maladie. Nous allons procéder au bilan pré-chirurgical pour déterminer si une intervention leur serait bénéfique. Mais », tempère le docteur, « une telle intervention ne recueille pas l’assentiment des spécialistes et le cas de cette dame n’est pas des plus classiques. Cette opération a été rendue possible suite à un entretien avec le docteur Kleïb qui a demandé, sans hésitation, à rencontrer la patiente. C’est donc un processus à suivre ». Cela dit et alors que tant de nos patients s’épuisent encore à se faire soigner à l'étranger, force, aujourd'hui, est de reconnaître, aux médecins mauritaniens, une réelle expertise qu’il convient de ne jamais sous-estimer.
THIAM Mamadou