Un bébé pris en otage
Le Sud-est de la ville, tout Nouakchott le sait, est une des plus dangereuses zones et risquées. Les taux de la criminalité et de la délinquance y connaissent souvent des pics. C’est le coin qui héberge le plus grand nombre de malfaiteurs, avec Dar Naïm et El Mina. Malgré le travail des six commissariats de police et des patrouilles continues de la Garde, Arafat a son lot quotidien de crimes et délits. Des insaisissables bandes de voyous y font chaque nuit de nouvelles victimes. Ces jeunes bandits attaquent les passants dans les rues et s’en prennent, parfois, aux domiciles.
Il y a quelques jours, vers trois heures du matin, un malfaiteur armé d’une machette réussit à se faufiler, par la porte des escaliers, dans une villa ou un couple dort paisiblement, avec ses enfants, dans un patio ouvert, en raison de la canicule. L’intrus saisit un bébé qui somnole près de sa maman. Les pleurs de l‘enfant réveillent le père et la mère en sursaut. « Pas un geste ! », ordonne le bandit, mettant la machette au cou du bébé. « Remettez-moi tout ce que vous détenez, sinon, je lui coupe la tête ! », menace-t-il, effrayant. On lui collecte argent, bijoux et téléphone portable. Il se retire alors, par là ou il était entré, emmenant le bébé avec la menace de le tuer, s’il était poursuivi. Et de verrouiller ensuite, de l’extérieur, la porte des escaliers de l’extérieur, avant de déposer l’enfant sur la terrasse et de disparaître. La famille passe un long moment emprisonnée. Ils entendent les pleurs du nourrisson, sans pouvoir le récupérer. La maman crie sa détresse. Des voisins accourent. La porte est enfin ouverte et la voilà enfin à serrer son petit, sain et sauf, tout contre elle. Aux dernières nouvelles, le malfaiteur court toujours.
Une mère de famille violée
Dar Naïm est également connue pour son climat permanent d’insécurité. Des dizaines de familles ont été obligées d’abandonner leurs maisons et biens pour vivre en paix ailleurs. Des bandes de dangereux criminels y font la loi, défiant la police. « El Eidhadh » ou les frères « Foyliya » sont les plus tristement célèbres de ces bandits.
Lemgheity est un des quartiers les moins sûrs de la zone. Vient juste de s’y installer, dans une cabane, une famille en provenance de la brousse. Le couple ronfle à poings fermés, lorsqu’une bande de malfaiteurs investit leur domicile. Deux des lascars tiennent le père en respect avec leurs poignards. Deux autres se dirigent vers la mère. L’un d’eux, probablement le chef, lui met sa machette au cou. « Si tu fais un seul bruit ou mouvement, je t’égorge ! », menace-t-il, avant de la violer sous les regards de son mari réduit à l’impuissance. Et ce n’est, hélas, que le début d’un long calvaire qui la voit subir les assauts de chaque membre de la bande, l’un après l’autre. Le pire, peut-être, sera de s’entendre dire, par un des agents du commissariat de police Dar Naim 1 où elle s’est rendue, le lendemain, pour porter plainte : « Tu l’as bien voulu, puisque tu as choisi d’habiter à Lemgheity »… Service de l’Etat, forces de sécurité, mission de protection ? Ce n’est pas seulement les quartiers abandonnés qu’il faut assainir…
L’enfant de la crèche
Le vieux quartier Médina 3 est de ceux où logent beaucoup d’étrangers. Nombre d’africains du Sud Sahara y résident. On y compte une célèbre crèche pour garde et entretien d’enfants mormons. Cette fameuse crèche fut fondée par une vieille togolaise, décédée depuis : Mamma Kodjo. Actuellement, c’est une autre togolaise, jeune, qui gère la maison. Elle y reçoit, quotidiennement, des dizaines d’enfants, en majorité des nourrissons. Pour mille anciennes ouguiyas par jour, ils seront gardés, nourris et même enseignés, pour ceux qui ont déjà atteint quatre ans. A la descente, leurs parents viennent les reprendre.
En 2011, feu Mamma Kodjo était encore de ce monde et reçut, un matin, une jeune femme de teint clair qui affirmait venir de Nouadhibou pour affaires. Elle lui confia son bébé et un sac contenant ses habits, le temps faire des courses en ville. Et de lui remettre deux mille MRO. Elle ne revint jamais. Après plusieurs jours d’attente, la vieille togolaise partit à la police pour déclarer l’affaire. Après plusieurs va-et-vient, elle fut mise en contact avec la Direction des affaires sociales. On lui alloua un petit montant trimestriel pour assurer la prise en charge de l’enfant. Ce dernier grandit avec elle, ne parlant que le français et l’ashanti. Actuellement, il doit avoir neuf ans. On pense qu’il pourrait être parti au Togo, avec sa mère d’adoption, nièce de la défunte Mamma Odjo. Quant à sa véritable maman, elle n’a apparemment jamais cherché à en obtenir quelque nouvelle.
Mosy