Le Calame : Vous venez, pour la première fois, de faire une entrée dans l’arène politique mauritanienne. Peut-on connaître les raisons de cet engagement, en ce moment précis de l’histoire du pays ?
-Aissata Kane: Mon engagement politique ne date pas d’aujourd’hui. En 2007, j’ai pris part à la campagne du candidat Sidi Ould Cheikh Abdallahi. Je ne suis donc pas une novice, mais, pour des raisons professionnelle et familiale, je m’absente régulièrement du pays, ce qui fait de moi, comme une intermittente de la politique. Parallèlement à cela, je suis engagée dans l’humanitaire, nous avons une caravane médicale annuelle pour Tékane. C’est vous dire que ce qui se passe dans ce pays ne me laisse pas indifférente, et ce qui justifie aujourd’hui mon engagement sur le terrain politique ; notre pays est à un tournant de son histoire politique, nous ne devons pas croiser les bras.
-Cette irruption s’est matérialisée par une manifestation politique en faveur du candidat Ghazwani. Pourquoi celui-ci et pas l’un des autres candidats déclarés ?
-Plusieurs raisons me poussent à soutenir le candidat Ghazwani. Vous savez, je voyage beaucoup dans la sous-région et en Afrique, j’ai constaté que nous, mauritaniens, avons eu la chance de vivre dans la paix et stabilité. Et ce sont là des valeurs capitales qu’on n’apprécie que quand on les perd. Le candidat Ghazwani a été, durant les dix dernières années, au cœur du combat pour ces valeurs là, il les incarne. Notre pays est encore fragile, il se trouve dans une zone où des bandes armées continuent à semer la désolation ; notre candidat est le mieux indiqué pour y faire face, la mise en place du G5 Sahel porte son emprunte indélébile. Notre candidat peut consolider les acquis de ces dix dernières années, mais également mettre le pays sur la voie de l’émergence. C’est un homme qui rassure dans tous les camps, c’est pourquoi nous avons décidé de le soutenir.
-La question de l’unité nationale occupera une place dans le discours de campagne des candidats à la présidentielle. Que pensez-vous de cette question cruciale?
-Ma Mauritanie est métisse, ma Mauritanie est colorée, plurielle et fraternelle. J’incarne cette diversité parce que je suis métisse, apparentée à toutes les composantes de ce pays. Notre manifestation à Azalai Hôtel en est une parfaite illustration. La Mauritanie était là dans toute sa diversité. C’est dans cette Mauritanie que mes ancêtres et moi même avons vécu et je me battrai contre tous ceux qui tentent de la saborder, d’y installer la zizanie, voire la haine.
Ceci étant dit, je tiens à rappeler ici, que dans son discours d’investiture, le 1er mars, le candidat Ghazwani s’est engagé à mettre fin à toutes les formes d’injustices, à rétablir ceux qui en sont victimes dans leurs droits ; il s’est aussi engagé à instaurer la bonne gouvernance et à faire profiter l’ensemble du peuple mauritanien, des profits tirés de ses immenses ressources. Ce sont là, quelques uns des engagements forts pris par le candidat et que les mauritaniens n’ont pas manqué d’apprécier et plébisciteront le 22 juin prochain.
Propos recueillis par Dalay Lam