Depuis quelques années, la question nationale, pour certains, la cohabitation entre les différentes communautés pour d’autres, est revenue avec force et inquiétude sur la scène nationale. La question de l’esclavage ou de ses séquelles et le passif humanitaire constituent une épine dans les pieds de l’unité nationale. Les tenants du pouvoir manifestent peu d’intérêt pour apporter des solutions efficaces à ces deux questions majeures du pays. Si un arsenal juridique important a été adopté pour régler le problème de l’esclavage ou des séquelles, les organisations de défense des droits de l'homme ou de descendants d’esclaves exhibent de temps en temps des cas dans le pays ; l’agence Tadaamoun créée justement pour prendre ces questions en charge est accusée de travailler sans concertation avec les intéressés, et les descendants d’esclaves, comme les négro-africains accusent le système qui gouverne le pays des les marginaliser dans tous les secteurs d’activités (économie, sécurité, administration...). Dans leurs manifestes et autres communiqués, ces deux communautés épinglent les nominations à « caractère raciste ». Les propos prononcés pendant la dernière campagne des municipales, régionales et législatives, selon lesquels certaines personnes n’ont pas leur place à l’Assemblée Nationales restent en travers la gorge de certains responsables de partis politiques de la communauté noire. La question s’est même invitée récemment à l’Assemblée Nationale. Et la dernière à sonner la charge a été Mme Coumba Dada Kane, députée de Sawab, vice-présidente de IRA qui a déclaré que les écoles d’excellence et les écoles militaires sont la chasse gardée d’une seule communauté du pays. La communauté noire ne cesse de crier à l’exclusion depuis le règne d'Ould Taya phagocyté par des extrémistes. Peu avant, c’est toute l’opposition réunie au sein du FNDU qui a dénoncé, au cours d’une conférence de presse, la marginalisation de la composante noire du pays, ceci après la publication de la liste du gouvernement de Mohamed Salem Béchir. Et le récent Tweet de Samory Ould Beye secrétaire général de la CLTM et président du Mouvement El Hor qui a suscité une levée de boucliers du côté du pouvoir, pour une passe d'armes intervenue au cours de la réunion au ministère de la fonction publique et du travail avec les syndicats, est venu rappeler aux uns et autres, les menaces réelles qui pèsent sur la cohésion du pays. C’est dire que la tension est perceptible; des altercations auxquelles on assiste souvent dans les transports en commun et dans la rue invitent à la prudence. Et ce n’est probablement pas une simple marche d’un parti politique, fut-il du pouvoir qui va désamorcer la tension, d’autant plus que c’est ce parti qui appelle ouvertement, depuis quelques semaines, à violer la Constitution et à parjurer. Les militants de l’UPR poussent le président de la République dont le 2e et dernier mandat arrive à sa fin en juin prochain, à faire modifier la Constitution pour briguer un 3e mandat, avec tous les risques que cela pourrait comporter pour le pays. Il ne faut pas jouer à la politique de l’autruche ; il faut plutôt oser mettre les questions qui fâchent sur la table et en debattre sans arrière pensée. L’appel au dialogue lancé par le FNDU, le 31 décembre, pour débattre des questions qui impactent sur l’avenir de ce pays est à tout point de vue à saluer. On va vers une présidentielle et il est du devoir de tous les acteurs politiques et de tous les patriotes d’œuvrer pour la préservation de la cohésion de notre pays.
Il y a quelques semaines, un ancien fonctionnaire devenu conservateur de bibliothèque, Ahmed Mahmoud ould Mohamed, dit Gmal, publiait sur Facebook un post au titre évocateur : « La mémoire en décharge : quand les archives nationales finissent dans les ruelles de Nouakchott ».