J’ai lu récemment un article de Monsieur Moussa Hormatallah intitulé «De quelques services rendus au Maroc». J’avoue être tombé là-dessus par hasard. J’avoue aussi l’avoir lu par simple curiosité : pour voir comment on peut accepter, avouer et justifier «des services rendus» à une puissance étrangère à une période équivoque de l’Histoire tumultueuse des relations entre le Maroc et la Mauritanie.
Un passage m’a particulièrement choqué et amusé. En même temps. Quelque part dans sa relation de son «passage» au Maroc, l’auteur parle de l’Alliance pour une Mauritanie Démocratique (AMD). Il décrit ce mouvement comme un groupuscule d’une vingtaine de personnes – civils et militaires – aux ordres de la direction générale des renseignements militaires marocains, la fameuse DGED dirigée à l’époque par le non moins fameux général Dlimi.
Même si je sais que les Mauritaniens établis – provisoirement ou non – au Maroc ont toujours été minés par les querelles entre eux, je ne pensais pas que la rancune pouvait pousser à ce point de vouloir dénigrer la mémoire de vaillants combattants de la liberté. Ils étaient venus au Maroc dans une sorte de «repli tactique», attendre l’heure propice d’intervenir pour libérer le pays et ses hommes de la dictature policière de l’époque. Ils n’étaient pas au Maroc en fugitif, mais en soldats prêts à revenir chez eux pour imposer le changement et permettre l’émancipation. Ils ont oublié, j’en conviens, que les changements ne se décident pas dans les luttes pour la maitrise de la tête de l’Appareil, mais avec les peuples. Ils ont payé pour cette erreur. Mais ils ont essayé. Nous leur devons respect.
Quant à vous, Monsieur Hormatallah, vous avez été, pour les raisons qu’on sait, au Maroc où effectivement vous avez gravi certains échelons avant de revenir en Mauritanie, votre pays d’origine auquel, à ce que je sache, vous n’avez pas encore jugé devoir «rendre service».
Ils sont nombreux les Mauritaniens qui sont allés cueillir quelques faveurs au Maroc, profitant souvent d’un passage à vide dans les relations entre les deux gouvernements. Je dis bien «gouvernements», parce que le Maroc n’a jamais tenu rigueur aux Mauritaniens de l’animosité de leurs gouvernants, même quand il a été décidé d’interdire le Royaume à nos ressortissants. Suprême honte ! au même titre qu’Israël et l’Afrique du Sud.
Ils sont nombreux les Mauritaniens qui ont fini par s’établir au Royaume pour y jouer parfois de vrais rôles de premier plan. Mais un seul a mérité aux yeux des Marocains, grands connaisseurs de qualités humaines, d’être retenu : l’Emir Mohamed Fall Ould Oumeïr dont le nom arbore l’une des plus grandes avenues de Rabat. Les autres, comme vous et moi, n’ont marqué ni le Makhzen, ni l’élite encore moins la population.
Il ne sert à rien aujourd’hui de nous ressasser des histoires qui ne feront jamais l’Histoire. Et qui ne se hisseront même pas au niveau d’un récit personnel faisant la somme d’un parcours qui mérite d’être (re)connu.
Quand vous affirmez que vous êtes celui qui a informé le puissant ministre de l’intérieur Driss Basri de l’imminence d’une tentative de coup d’état fomenté en Mauritanie par le général Dlimi, on ne peut qu’en rire. Le premier flic du Maroc, l’homme le plus redouté de tous les temps, attend, autour d’une partie de golfe, d’être informé d’un évènement dont la préparation s’est faite dans les arcanes des renseignements marocains !
Encore plus incroyable, tout ce courage que vous vous octroyez en s’attaquant publiquement au général Dlimi ! pauvre esprit que celui qui croit faire passer comme vérités de telles assertions.
Je comprends à présent la mévente de vos produits : les paquets de livres toujours entassés sur les étagères des épiceries de Nouakchott. Ils n’intéressent personne et pour cause !
Ahmed Ould Ndeyatt
Elément du glorieux commando du 16 mars 1981