Les organisateurs du huitième Handifestival international, prévu du 1er au 4 Décembre prochain à Nouakchott, éprouvent beaucoup de difficultés à mobiliser des fonds. Les personnes en situation de handicap ne comprennent pas ce mépris pour un événement culturel d’envergure international. «Nous avons la certitude que certains hauts responsables ont manœuvré et usé de leur influence, pour empêcher la tenue du festival » : des mots qui reviennent en boucle dans les propos des artistes. A quelques jours de l’ouverture, les maigres moyens actuellement à la disposition de l’organisation ne pourraient même pas couvrir un tiers du budget, estimé à treize millions d’anciennes ouguiyas.
Les différentes requêtes, déposées ça et là, n’ont rien produit de concret. Nombreuses sont les institutions et organismes qui n’ont pas répondu favorablement aux sollicitations du comité d‘organisation. «C’est une triste réalité, hélas édifiante, du sort peu enviable des personnes en situation de handicap et des manifestations qu’elles organisent à travers le pays », déplore Mohamed Camara, président de Handifestival International. La manifestation devenue, au fil des ans, le rendez-vous annuel des personnes en situation de handicap de la sous-région voit son avenir menacée.
Les artistes de Gambie, Guinée-Bissau, Liberia, Mali, Sénégal et Togo ont cependant confirmé leur participation à l’édition de Nouakchott. Ces délégations rallieront la capitale, par voie terrestre, dès le 29 Novembre. Le Maroc et la France ont, eux aussi, confirmé leur arrivée. Côté mauritanien, Nyellitaaré Légnol, les aveugles (musique), les sourds-muets (danse), les handicapés-moteurs (musique) seront, incha Allah, de la partie. En levée de rideau, divers groupes de personnes valides se produiront.
Organisée par le groupe musical « Nyellitaaré Légnol » et managé par Mohamed Camara, président de l’Association des groupes musiciens de Mauritanie, la manifestation est placée sous le haut patronage du président de la République, sous le thème : «Unité, paix et le respect des droits de l’homme, fille handicapée, risque du VIH/SIDA et excision ». Cette année, le nombre de pays participants a été réduit de huit à six ; quatre cent cinquante artistes et sportifs handicapés étaient attendus, seuls quatre-vingt seront présents.
Rappelons son objectif général le plus saillant : «promouvoir les droits et l’intégration socio-économique des personnes handicapées, par le biais de la culture, dans le monde, en général, en Afrique et dans le monde arabe, en particulier ». Et ses objectifs spécifiques : « permettre, aux artistes handicapés, de se produire dans un environnement d’émulation saine et amicale ; assurer la visibilité de la créativité et des productions des artistes handicapés ; sensibiliser le public, sur les conditions de vie des personnes handicapées ; favoriser les rapports de proximité, entre personnes handicapées et employeurs ; promouvoir les conditions permettant, aux handicapés doués, de valoriser leur talent et génie, dans les différentes formes d’expressions artistiques, culturelles et scientifiques… ». Tout un programme, en effet, valeureux et noble, dont les sponsors auraient bien tort de négliger le potentiel publicitaire…
THIAM