La folie n’a pas de préférence. Très démocratique, elle n’est pas comme la Mauritanie. La folie peut atteindre les hommes. Elle peut atteindre les femmes. Elle peut atteindre les enfants. Même les urnes peuvent devenir folles. Complètement folles, au point de dire une chose et son contraire. Élu. Pas élu. Si, si : bien élu comme Sissi. Fous bulletins de vote, folles commissions. Fou président. De la CENI, s’entend. Ou affolé, par les nouvelles perpendiculaires, parallèles et médianes qui lui viennent de partout. Avec les idées. Simultanément : d’en haut, d’en bas, d’entre les mains, de derrière la tête. Bien sûr, il ne faut pas faire l’insolent, quand même, envers un président qui n’est qu’à son premier mandat. Aucune personne humaine n’est au-dessus de ce que peut lui emmener son dieu. Au sens premier du terme : ce qu’on adore. Ça dépend, ça peut être plusieurs mandats successifs, au poste de président. En ce cas, ton dieu, c’est le mandat. Mais ça peut être les affaires, les bureaux de change, les hammams, les marchés, les places publiques et autres commissions occultes, perçues ici et là ; et même là-bas, vers la Chine ou la Corée du Nord. En ce cas, ton dieu, c’est l’argent. Mais ça peut être la quête, par tous les moyens, à rester ministre, directeur général, haut-commissaire, conseiller spécial ou ordinaire. En ce cas, ton dieu, c’est le poste administratif. Tu adores les mandats, tu adores l’argent, tu adores les postes bien où il ya quelque chose : les postes dakhal chi. Tout ça pour dire que la religion, en général ; l’islam, en particulier ; a besoin de choses concrètes pour être. Il ne suffit pas de dire : « je suis musulman » puis faire exactement ce que l’islam a formellement déconseillé, pour ne pas dire interdit, de faire. C’est depuis presque soixante ans que nous sommes République Islamique de Mauritanie. Mais c’est aussi depuis ce temps que nous mentons, « hypocrisons », forniquons, adultérons, léchons les bottes, civiles et militaires, fraudons l’électricité, l’eau et les élections, jurons sur le faux et en usons. Soixante ans que nous haïssons notre prochain. Que nous le trichons. Que nous le volons. Que nous le trompons. L’islam du bout des lèvres, ça ne marche pas. L’islam circonstanciel dont on ne parle que pendant la campagne, pour décrédibiliser tel parti politique dont les scores électoraux menacent nos funestes projets. Les milliards du Trésor public, c’est pour qui ? Qui les a amenés de chez son père ? Pour en user et abuser, les donner à qui il veut. Au moins un seul homme honnête aura dit, publiquement, que le poisson lui a permis d’engranger beaucoup d’argent. Au moins un homme transparent. Comme on n’en voit pas tous les jours. Les ministres travaillent pour qui ? Pour l’État et le peuple ou pour le parti du Président ? Comment peuvent-ils aller, tout ce temps, superviser la campagne au profit d’un parti ? Avec quels moyens ? Ceux de leurs pères (oui, au pluriel…) ? De leur mère ou de leur tribu ? L’argent, qu’il vienne du dehors ou du dedans, c’est quoi la différence, entre manger l’argent public et l’argent donné à un parti par des amis idéologiques ? Encore une autre histoire de crime transfrontalier ! Après les hommes criminels transfrontaliers, voici le tour des partis criminels transfrontaliers. C’est qui dont le père possède un avion, en Mauritanie ? En dix ans, combien de fois le Président est-il allé à Néma ? Seulement pour inaugurer, au moins quatre fois, l’usine de production de lait. C’est quelle quantité de kérosène pour ces va-et-vient ? Ce qui est sûr, c’est que mon père n’a pas d’avion. Ma tribu n’en a pas non plus. Mais le kérosène doit coûter très cher. Et le carburant des ministres ? Et leurs boubous ? Et leurs nombreux smartphones et i-phones reluisants ? Et le coût de leurs interminables communications ? Celui des agneaux croustillants et des veillées douteuses ? Tout ça, c’est avec quel argent ? Entre l’islam politique et le vol de l’argent public, moi, j’ai fait mon choix. Salut.
Sneiba El Kory