Les listes candidates du principal parti de la majorité présidentielle (UPR) ont été rendues publiques en fin de semaine dernière. Après quelques retouches, bien entendu, et autres grincements de dents. La question qui se pose aujourd’hui est de savoir comment l’Union Pour la République entend capitaliser – traduire dans les urnes –son million et demi d’adhérents. Un gros et difficile défi que ce parti qui vient d’être redynamisé s’attèle à relever. Difficile, d’abord dans la mesure où il devra gérer d’abord ses mécontents qui n’ont pas été casés quelque part ; ensuite dans l’obligation de faire face à une opposition déterminée à ne pas se laisser marcher dessus.
La campagne de réimplantation que l’UPR a organisée, il y a quelques mois, a remis sur le tapis les querelles de tendances, en hibernation depuis les élections de 2013. Partout, les hauts responsables du parti, dont certains ne devraient même pas descendre sur le terrain, ont cherché à se construire ou à consolider des bases politiques, pour peser et profiter des mannes de l’État. Résultats des courses, de profondes divergences qui ont impacté sur les investitures de l’UPR, vite obligé de revoir sa copie. La mise à la touche de certaines grosses pointures dont le président en personne du parti, le classement, dans les profondeurs, des listes nationale, régionale et des femmes, ne manqueront probablement pas de jouer sur les résultats du parti.
Ses investitures laissent songeurs les observateurs. Le pouvoir ou la présidence aurait, comme en 2013, placé des personnes de haut rang en des listes de divers petits partis de la majorité. Ont profité de cette générosité Sursaut, Karama, Islah… Ces renforts expédiés en signe de générosité pourraient être, tout aussi bien, interprétés en reproches adressés à l’UPR qui se retrouverait, ainsi, affaibli. Pour Moussa Fall, président du MCD, membre du FNDU, ces « colis » aux partis-« satellites » prouvent que l’UPR, est, à elle seule, incapable de s’octroyer une majorité, lors des élections. Et qu’il s’agit donc, pour le pouvoir,de ménager sa monture. Dans quel but ?
Plan A, plan B…
Les observateurs avertis de la scène politique croient savoir que le président Ould Abdel Aziz et/ou ses proches tentent de construire une majorité dans l’optique dans d’un troisième mandat. Même si le principal intéressé s’obstine à répéter qu’il ne le briguera pas, la majorité de l’opinion, avec, en tête, l’opposition qui parle de « conversion » du million d’adhérents de l’UPR en électeurs, n’en doute pas. Raison pour laquelle elle continue à mettre la pression sur la CENI et à alerter l’opinion nationale et internationale ; mettant en garde contre les dérives d’un processus électoral conduit, de manière unilatérale, par le pouvoir qui a déjà démontré sa « mainmise » sur l’organe de contrôle des élections.
Doté d’une majorité confortable ou mécanique, le pouvoir pourrait être tenté par un congrès parlementaire, avant la fin de la présente législature ou au début de l’année 2019. Ainsi pourrait-il faire sauter l’article 26 de la Constitution qui limite le nombre de mandats présidentiels à deux. Avec quels risques incalculables pour le pays ? La question du troisième mandat vient d’ailleurs d’être remise au goût du jour, par le porte-parole du gouvernement, affirmant, pour la énième fois, que le président ne quitterait pas le pouvoir en 2019.
L’autre option pourrait être le changement de régime, avec un Premier ministre doté de l’essentiel des pouvoirs. Un rôle qui reviendrait au Président actuel, au lendemain de son départ du pouvoir en 2019. De l’avis de tous, Ould Abdel Aziz n’aurait donc pas fini d’échafauder son scénario – plan A, plan B… plan C ? – visant à lui permettre de garder le pouvoir. Dans le cas susdit, quel rôle reviendrait au général-chef d’état-major des armées, Ghazwani, le plus souvent cité en potentiel remplaçant du général-président ? Accepterait-il de jouer la marionnette ? Mystère ! Deux choses sont cependant sûres : en un, bien malin qui saura prévoir ce qui se passera d’ici là. En deux, les élections de Septembre seront un sérieux test pour le pouvoir en place. De la victoire, dans la transparence ou non, à l’inattendue défaite, leur verdict écrira l’agenda d’Ould Abdel Aziz que des proches poussent à parjurer, en modifiant la Constitution et reniant ainsi son serment. Une autre histoire sur laquelle il nous faudra revenir… si telle est la volonté de Dieu.
DL