Le rêve est permis. Ça au moins, personne ne peut le constater à quiconque. Tant que c’est juste un rêve. Et, habituellement, il faut dormir pour rêver. En tout cas, pour bien rêver. Or, généralement, on ne dort que la nuit. En tout cas, profondément. Suffisamment pour rêver, quoi. Mais il arrive qu’on rêve en plein jour. Debout. Sans être au lit. Un peu comme l’opposition qui rêve, en plein jour, du départ de Mohamed ould Abdel Aziz du pouvoir. Après avoir renoncé à se représenter à un troisième mandat. Si celui qui parle est fou, celui qui entend doit être raisonnable. Le président l’a dit et répété. Plusieurs fois. Le ministre de la Culture, porte-parole du gouvernement, a dit le contraire de son patron. Exemple pour « rapprocher l’idée », le président dit : « on va construire un troisième palais des congrès, sur le site de l’ex-Palais du peuple, à quelques encablures du premier ex-Palais des congrès ». Le ministre porte-parole du gouvernement vient dire aux gens : « non, on va construire une mosquée, vers la sortie des PK sur la route de R’kiz ». Logiquement, les deux propositions ne peuvent cohabiter. Mais déclarer que le président ou son ministre a menti, c’est un outrage qui peut conduire directement en prison, pour deux ou trois ans fermes. Chefs d’accusation : « insolence caractérisée transfrontalière envers hauts responsables d’État » et « irrévérence à symboles nationaux bougrement importants ». En fait, ce que le porte-parole a voulu dire, en accusant l’opposition de rêver debout, en plein jour, aux environs de quatorze heures, c’était que l’opposition et personnes assimilées n’ont rien compris des propos de Monsieur Sa Sérénissime Le Président. Seulement et ça arrive, le ministre a été « trahi par l’expression ». Pour atteindre la vérité, il faut procéder par recoupements successifs, jusqu’à obtenir toute l’image. C’est même un principe fondamental. À cet égard, il faut avoir ouï les interventions, lors de la réunion avec les agriculteurs de la Vallée, organisée la semaine dernière à Boghé. Très concentré, le Président a, lui, très bien ouï. Un hartani, un beïdane, un kowri ; donc, toute la Mauritanie, dans toute sa diversité. « Monsieur le Président, je suis, moi, délégué par trois villages qui vous demandent de ne pas quitter ni les laisser dans « rien », comme ils étaient, avant. Avant toi, c’était zéro. Après toi, ce sera zéro. Alors, ne pars pas, reste avec nous ». Exactement comme le titre d’un film chinois que je vis, tout gamin, au cinéma El Mouna, en matinée. Un souvenir fort à propos, puisqu’à voir de près, la réalité nationale ressemble bien à du cinéma ou du théâtre, avec tout ce qui faut de mensonges, hypocrisies, diversion, confusion, extraordinaire retournement, inconstance, calculs mesquins, duperie, tricherie, versatilité. « Monsieur le Président, moi, j’ai fait tous les pays de la sous-région, d’ici jusqu’au Soudan. Ce qui a été fait ici, en dix ans, n’a pas été fait nulle part ailleurs. Ça marche bien : nos magasins sont pleins de riz,on n’a plus besoin de rien. Moi, je connais très bien la Russie où je suis allé, il ya peu. Certains disent : Poutine/Medvedev, Medvedev/Poutine. Ça fait quoi, dans l’un ou l’autre cas ? Ça marche. Alors, Il faut bien nous faire ça ici. Monsieur le Président, la filière des légumes est en place. Ce qui nous manque, ce sont les engins et les équipements. Nous voulons des dettes, encore et encore ! » À ces mots, « le cheveu béni s’envole du Président ». Les dettes n’existent plus. Les dons n’existent plus. Les plus « recto » peuvent contracter avec les banques. Sourire du Président. Éclats de rire dans l’assistance. Les régulières sorties du porte-parole, les rumeurs persistantes que distillent les services de renseignements, les interventions pensées dans l’ombre, par des metteurs en scène particulièrement machiavéliques, les « conduis-moi »-« retourne-moi » des autorités, les milliers de candidatures aux municipales, législatives et conseils régionaux, la CENI, le ministère de l’Intérieur et de la décentralisation, toutes leurs contradictions à propos des délais de dépôt, prolongations et enregistrement à distance sur les listes électorales... Tout cela attend son « après ». Salut.
Soucieux de moderniser Nouakchott et d’en faire une ville un tant soit peu viable, le gouvernement a décidé de débloquer cinquante milliards d’ouguiyas MRO. Plusieurs départements ministériels sont concernés par cette mise à niveau dont le moins qu’on puisse dire est qu’elle a tardé.