Issu de la première génération des administrateurs civils ‘’pleins’’ que le pays a connue, Mohamed Ould Maaouya est tout sauf un inconnu. Haut fonctionnaire du ministère de l’Intérieur, il fut gouverneur et directeur central pendant de longues années. Inamovible directeur de cabinet du premier ministre Sidi Mohamed Ould Boubacar (entre 1992-1996 et pendant la transition 2005-2007), il sera l’un des premiers soutiens de la ‘’rectification’’ de 2008. Bombardé ministre de l’Intérieur, il y restera jusqu’en 2009, date de la formation du gouvernement d’union nationale qui supervisera l’élection présidentielle moins de deux mois après. Mais tout était déjà sur les rails. Les préparatifs avaient été bouclés et il ne restait plus qu’à passer à l’élection proprement dite. Malgré tout, et sans la moindre reconnaissance, Ould Maaouya restera plus de deux ans au placard. Envoyé en 2011 comme ambassadeur au Maroc, à quelques mois de la retraite, il y restera à peine 9 mois. Rappelé d’urgence, il avait pourtant été rassuré par Ould Abdel Aziz lui-même que ‘’la retraite n’était pas importante’’. Il passera trois nouvelles années à réfléchir à son sort. Avant qu’on ne lui confie une nouvelle mission : la présidence d’un établissement moribond, l’ENER. Mal géré, endetté jusqu’au cou, avec un effectif pléthorique, l’ENER était au bord du précipice. Il fallait agir d’urgence. L’Etat décide alors de le fusionner avec ATTM, une filiale de la Snim. Et c’est à lui qu’incombe la lourde responsabilité de gérer le dossier, surtout que pendant plusieurs mois, l’Etablissement, dont le directeur général a été envoyé en prison, était décapité. Après la fusion, Mohamed pensait, naïvement peut-être, que la présidence de la nouvelle structure devait lui revenir. Débarqué en pleine assemblée générale, il sera remplacé par Me Yahya Ould Abdel Ghahar, dont l’épouse n’est autre que la sœur de la première dame. II quittera la séance avec le sentiment d’avoir été ‘’humilié’’. Depuis lors, Mohamed rumine sa ‘’vengeance’’. ‘’J’ai longtemps réfléchi et j’ai fait le bilan de mon parcours avec Ould Abdel Aziz. Je me suis rendu qu’il est largement négatif. Je ne parle pas pour moi mais pour le groupe, la collectivité dont je dois défendre les intérêts, et pour le pays que j’ai servi pendant près de 40 ans’’, déclare-t-il. Après avoir réuni les siens pour les informer de sa décision de rompre définitivement avec Ould Abdel Aziz, Il cherche à présent un point de chute. On le dit en contacts avancés avec Tawassoul, une information qu’il n’a ni confirmée ni infirmée. Toujours est-il qu’il aspire à être député dans la nouvelle assemblée qui, avec la participation de certains ténors de l’opposition, risque d’être d’un niveau autrement plus élevé que celui qu’on a connu avec cette dernière législature. Le pays gagnerait certainement à avoir des députés de la trempe de Mohamed.
AOC