Après deux années d’absence de campagne hivernale, la station de pompage de Waly (Gorgol) vient de lâcher ses machines, au matin du lundi 25 Juin 2018, sonnant le démarrage de la campagne rizicole 2018-2019, au niveau du Périmètre Pilote du Gorgol (PPG1), sise à Kaédi, à quatre cents kilomètres au Sud de Nouakchott, au bord du fleuve Sénégal.
Pour rappel, ce périmètre de 700 hectares n’était plus exploité depuis, au moins, deux campagnes, faute de recouvrement des crédits contractés, auprès de la Caisse de Dépôt et de Développement (CDD), mise en place, par l’État, pour soutenir les initiatives de développement socio-économiques. Malgré le taux de recouvrement des créances, avoisinant les 80 %, la majorité des paysans n’ont pas pu engager leur campagne agricole, en 2017, car la CDD exigeait le remboursement intégral de la somme due. Le manque à gagner, pour ces populations profondément rurales, dans une année particulièrement déficitaire, est incalculable.
Malgré les multiples injonctions des structures chargées de la gestion du périmètre, en étroite collaboration avec les autorités administratives, le taux de recouvrement n’a pas atteint 100%. La dernière réunion des présidents des coopératives d’exploitants, le 22 Juin 2018, au siège de la Société Nationale pour le DEveloppement Rural (SONADER), qui avait avancé la date du 20 Juin, pour démarrer la campagne rizicole à Kaédi, a fait état d’un taux de recouvrement de 97%. Suite à ce constat, les autorités ont finalement décidé, à l’unanimité, d’appliquer les mesures prévues par le règlement intérieur des périmètres, à savoir la mise en vente des parcelles non soldées dont les propriétaires ne se sont pas acquittés de leurs redevances. Entre temps, le directeur régional de la Sonader à Kaédi, Mohamed ould Ismail, a rassuré en affirmant que «toutes les mesures seront prises, pour que la campagne démarre dans des conditions optimales ».
Dégradation des ouvrages
Un optimisme de bon aloi qui semble pourtant assez irréaliste. Malgré les énormes potentiels dont disposent les populations de Kaédi, il est important de le noter, à savoir : des terres fertiles, un cours d’eau quasi permanent, une station de pompage dotée de quatre pompes crachant, chacune, 600 litres à la seconde ; situation fort enviable dans la sous-région ; les périmètres-pilotes sont en effet encore très loin de sortir de l’auberge.
Parmi les problèmes, à l’origine de la baisse drastique de la production, on note, entre autres, la dégradation des ouvrages et l’endettement des paysans. Cela a inéluctablement conduit les jeunes à délaisser l’activité agricole, parfois, même, à abandonner, purement et simplement, certains périmètres. Face à cette situation, le directeur du PPG1, Niane Alassane Djiby, notablement connu pour son intégrité, a saisi l’occasion pour lancer un appel pressant aux autorités nationales, aux partenaires au développement notamment l’Union Européenne à l’origine de la mise en valeur de ces terres ; ainsi qu’à l’ensemble des Mauritaniens, particulièrement les ressortissants de la région, de bien vouloir les aider à sortir du cercle vicieux oùils sont enfermés, depuis plusieurs années. Cela est d’autant plus urgent qu’en plus des charges liées à la mise en œuvre de la présente campagne, certains employés de l’Union des coopératives qui exploitent le PPG1 n’ont pas été payés, depuis plus de deux ans.
La station de pompage de Kaédi existe depuis 1977, rappelle Samba Bohoum Sow. Les machines ont été changées seulement une fois, en 2005. La station a une capacité de 2400 litres à la seconde ; seulement neuf heures d’horloge suffisent pour remplir, à 100%, tous les canaux principaux du périmètre, ajoute le pompiste qui travaille à la station depuis 1987.
B. Coulibaly