L’Union des Forces de Progrès (UFP), un des partis les plus politiques et intellos de Mauritanie, a enfin réussi à surmonter la crise qui le menaçait d’implosion. Une audience interne rondement menée a réussi à aplanir les divergences entre deux groupes : celui du président du parti, Ould Maouloud, d’une part, et, d’autre part, celui de ceux qualifiés de « frondeurs », animés, dit-on au parti, par le secrétaire général, Moustapha ould Bedredine, surnommé « Le timonier », Kadiata Malick Diallo, tous deux anciens députés, Ahmed ould Houbab et un groupe de jeunes très engagés. Le linge sale a été lavé en famille, au prix de très longs débats internes.
Les divergences étaient apparues suite à une discussion engagée par les jeunes qui attendaient, de la direction de leur parti, une réponse à une campagne orchestrée par certains milieux, visant à discréditer l’UFP, dans un contexte fortement clivé, avec des élections en vue. Durant ce débat, le président Ould Maouloud a donné sa position sur la laïcité et sur le problème d’Ould M’Khaitir, un bloggeur mauritanien condamné pour apostasie, et « retenu », depuis son acquittement il y a quelques mois. Une vision qui n’a pas été appréciée par les jeunes, accusés d’avoir été manipulés instrumentalisés par Bedredine, Kadiata et Houbab qui se seraient élevés contre les sanctions que le président Maouloud réclamait à leur encontre. Portée devant les instances du parti, la question a séparé. Les jeunes estiment que c’est plutôt au président Ould Maouloud de présenter des excuses au parti, pour s’être écarté de sa ligne traditionnelle.
Stigmates ?
Les plus alarmistes informations circulent alors. On parle de « rupture » et même d’ « exclusion » des frondeurs. La situation devient critique, on évoque des interventions extérieures, pour éviter la scission de ce parti emblématique, héritier du MND et du PKM. Un parti dont le président assure depuis quelque temps, la direction tournante du FNDU. Différentes rumeurs prétendent que le différend entre les deux groupes daterait de 2013. On se rappelle qu’à l’époque, le parti avait été tiraillé entre les opposés au boycott prôné par le FNDU, à l’occasion des élections municipales et législatives de la même année (Bedredine, Kadiata, Bâ Adama Moussa, ex-maire de Boghé qui avait fini, d’ailleurs, par quitter le parti…) et ceux qui y tenaient (le président Maouloud, Mohamed ould Khlil…). Ce dernier est réputé disposer d’une forte influence sur le parti. Toujours est-il que cette crise semblait avoir été surmontée, sans accroc.
D’autres expliquent les divergences actuelles par les difficultés à confectionner les listes électorales que les « anciens caciques » du parti tendraient à truster. Selon toujours ces rumeurs, le groupe de Bedredine et Kadiata craindrait pour son avenir. Un argument cependant battu en brèche par nombre de cadres du parti qui reconnaissent, en ces deux cadres aguerris, une compétence, un dévouement et un militantisme sans faille... Mais, bref, si le différend est aujourd’hui clos, il reste à en gérer les stigmates, après celles laissées par les multiples tentatives des militaires à saborder l’UFP, depuis 1978, ainsi que le reconnaissait feu le président Ely Mohamed Vall, chef de l’État mauritanien, durant la Transition, après avoir longtemps dirigé la DGSN. La ligne politique semble désormais en cause et les deux groupes ne manqueront certainement pas de se méfier. Pourvu que cela ne porte pas préjudice à ce parti de la gauche mauritanienne dont la place reste importante au sein de l’opposition démocratique !
DL