Echec et Mat pour la diplomatie mauritanienne dans l’affaire du Directeur général de l’Ecole Supérieure Multinationale de Télécommunications (ESMT). Les ministres en charge de cette école se sont réunis ce vendredi 22 Juin à Dakar en session extraordinaire et ont finalement entériné la nomination du candidat du Niger short listé 3ème par le bureau conseil contre le candidat de la Mauritanie short listé 1er par ce bureau. La Mauritanie s’est vue proposer un poste de Secrétaire Général créé pour l’occasion à occuper pour 4 ans. Aux dernières nouvelles, la Mauritanie a encore refusé comme en 2017 de signer le communiqué final de cette conférence extraordinaire.
Rappelons que la crise liée à cette école est née suite à la décision de la conférence ordinaire des ministres tenue à Nouakchott en 2017 de faire élire le candidat du Niger au lieu du candidat Mauritanien. Conformément à la nouvelle procédure de recrutement du directeur général adoptée auparavant par le Conseil de l’école, les ministres se devaient tout simplement d’entériner les recommandations du Bureau de recrutement. Mais l’ancien ministre en charge de la question- M. Malal, actuellement Ministre de la Justice - a accepté, par méconnaissance des textes et règlements à huis clos avec les ministres dont celui de la Guinée –ancien de l’école, porteur de la voix du Benin et ancien collaborateur du directeur actuel de l’école (qui est du Niger), d’entériner la décision par vote. C’était un camouflet voire un complot indécent (Le Calame en avait fait largement écho à l’époque). Apres avoir accepté en « démocrate » (sic) les résultats du vote, ses collaborateurs lui ont fait comprendre qu’il a été dupé. Après consultations avec ses supérieurs, il décide de ne pas signer le Communiqué final.
Après plusieurs mois de crise, le Sénégal, en tant que vice- président permanant, décide de convoquer la conférence extraordinaire du Vendredi dernier.
A cette conférence, les ministres animés par la Guinée ont majoritairement fait bloc contre la Mauritanie. Si la solidarité Ouest africaine (ils sont tous de la CEDEAO et pas la Mauritanie) a prévalu, la diplomatie nigérienne et ses fonctionnaires au sein de l’école n’ont pas été en reste.
La diplomatie nigérienne est intervenue en haut lieu pour faire rallier tous les ministres à sa cause. Ils y ont travaillé pendant au moins 7 mois pendant que les nos ministres s’occupaient de la compagne d’adhésion à l’UPR. Les nigériens connaissent ce qu’ils font. Ce n’est point un hasard que leurs cadres sont à la tête de plusieurs institutions régionales et sous-régionales.
Quelle que soit par ailleurs sa bonne volonté, le ministre mauritanien en charge des TICs était parti pour une mission impossible : Faire retourner en faveur de son pays une décision déjà adoptée par vote à cause d’une incompétence caractérisée de son prédécesseur. Il avait beaucoup d’handicaps. D’abord une passivité totale de l’ancienne équipe du ministère des Affaires étrangères vis-à-vis de ce dossier et particulièrement de la part de l’ex ministre déléguée en charge des affaires africaines aujourd’hui promue elle aussi au Commerce et un manque de préparation de son département qui, pendant plus d’une année, avait comme seule stratégie de pratiquer la politique de la chaise vide alimentée par une seule motivation : Monsieur le Président et ou Monsieur le Premier ministre ont dit de refuser les résultats de la conférence des Ministres de l’ESMT tenue à Nouakchott en 2017.
Apres cette affaire, la diplomatie mauritanienne devrait normalement apprendre que les subsahariens n’apprécient que très modérément l’arrogance qu’affichent généralement envers eux certains de nos officiels même si par ailleurs le pays organise cette semaine le Sommet de l’Union Africaine.
La diplomatie mauritanienne a péché sur un certain nombre règles fondamentales en stratégie qui consistent à ne jamais sous-estimer l’adversaire et qu’échouer dans la planification équivaut à planifier d’échouer.
La décision de la conférence de Dakar semble être finale avec ou sans la signature du communique final par la Mauritanie. Le candidat nigérien prendra certainement cette fois-ci son poste et succédera à son compatriote qui a dirigé l’école pendant une décennie. La Mauritanie quittera-t-elle l’école ? Qu’en serait-il de nos candidats malheureux?
Quel effet aurait cela sur l’école ? Quel avenir pour cette école ? Espérons qu’elle n’agoniserait pas comme l’Institut Africain d’Informatique qui était au Gabon et ayant subi des problèmes de ce genre est aujourd’hui réduit à une antenne au Niger et géré par un nigérien.
Les ministres africains ont choisi leurs intérêts contre celui de l’école et la Mauritanie a choisi de donner des promotions à ses ministres défaillants et sacrifier ses cadres.
Faut-il être premier ou être dernier ? C’est le drame shakespearien de l’Afrique.
Ben Abdalla