Les élections locales semblent susciter un fort engouement de la classe politique. Opposition et pouvoir confondus. Jusqu’ici abonnée au boycott, la première a décidé d’y participer. Au constat de l’échec de sa politique de la chaise vide obstinément poursuivie depuis 1993. Elle vient de comprendre qu’elle a trop perdu, n’ayant jamais réussi à empêcher les nombreuses caravanes de passer, en dépit de ses aboiements. Tous les gouvernements d’Ould Taya et Ould Abdel Aziz ont exécuté leur agenda. Sans souci des alertes ou mise en garde de l’opposition qu’ils ont, souvent, traitée avec mépris. D’où la crispation qui a fortement marqué la mandature de l’actuel Président rasant tout sur son passage. L’opposition n’aura fait qu’encaisser les coups, depuis l’accord de Dakar (2009). Mais en décidant enfin de plonger sans un minimum de consensus, pour ne pas dire de garanties, sur la transparence des scrutins, elle risque fort de payer le prix. À moins que le peuple mauritanien veuille sanctionner les dix ans de mandature du tombeur de Sidi ould Cheikh Abdallahi. En espérant que le présumé remplaçant ou dauphin tout désigné et pas même contesté, du côté des chancelleries occidentales, ne réussisse à sauver et pérenniser le règne des kakis « usurpateurs » du pouvoir depuis 1978. À contrario, le général chef d’état-major pourrait compter sur un UPR requinqué, avec plus d’un million d’adhérents ou, disons, d’ « incorporés ». En réchauffant tout simplement, aux micro-ondes, la tactique de la réimplantation. Que restera-t-il alors à l’opposition ? Récolter les miettes. Et reprendre la contestation. Éternel recommencement d’une démocratie on ne peut plus gondwanaise, si bien contée, par Mamane, sur RFI.
Mais cet empressement à aller aux élections ou, disons, y prendre part, comme, du reste, l’engouement qu’a suscité l’UPR, lors de sa réimplantation, interroge. Les élections locales seront forcément suivies par la présidentielle de 2019, avec, donc, l’élection d‘un nouveau président de la République. Une alternance par les urnes. En faveur de qui ? Probablement de notre général à la retraite, Ghazwani. Ou d’un candidat de l’opposition, pourquoi pas ? On peut rêver, non ? Dans les deux cas, notre désormais unique chambre parlementaire saura-t-elle échapper à la dissolution ? On est en droit de se poser la question. La Mauritanie se passerait bien d’une chambre aussi incolore et inodore que l’actuelle. Certes, l’ex-chef d’état-major des armées pourrait, lui, s’accommoder avec une majorité upériste, quand le champion de l’opposition n’en sera, en revanche, qu’accablé ; il lui faudra alors procéder à sa dissolution, pour se donner une majorité confortable, sinon une alliance lui permettant de gouverner. Sidi ould Cheikh Abdallahi regrette certainement de n’avoir pas dissous celle infiltrée par des chefs de corps qui entendaient faire payer, au Cheikh de Lemden, sa volonté de s’affranchir de ceux qui l’auraient ramené du Niger.
DL