Nous avons appris par voie de presse la signature, à Genève, d’un accord entre certaines affiliées de la confédération syndicale internationale (CSI), le conseiller juridique du Ministère de la Fonction publique, du travail et de la modernisation de l’administration et un responsable de la CSI, portant sur la question du travail forcé et de la lutte contre l’esclavage et ses séquelles en Mauritanie, sur l’abolition du travail des enfants et sur la question de la représentativité syndicale.
Cet accord suscite de notre part les remarques et suggestions suivantes :
- Concernant la première question relative à la lutte contre l’esclavage et ses séquelles en Mauritanie, le nouvel accord est très en deçà de celui déjà accepté par le gouvernement mauritanien au cours de différentes discussions que la commission des normes du BIT a eu avec les partenaires.
- Sur la question du travail des enfants, l’accord n’apporte pas de nouveau. Car, la Mauritanie a déjà accepté et élaboré son plan et son programme de lutte contre le travail des enfants. Mais, le problème c’est que le gouvernement n’a jamais accepté de mettre un seul sou du budget de l’Etat dans ce programme et attend que la communauté internationale finance ledit programme. L’accord n’a pas amené le gouvernement mauritanien à accepter de contribuer au moins au démarrage du projet.
- Sur la question de la représentativité syndicale qui n’était pas initialement l’objet de discussion avec le gouvernement dans ce cadre, elle a fini par être intégrée suite à la demande du gouvernement mauritanien selon nos informations. La question de la détermination de la représentativité syndicale a été renvoyée jusqu’à fin mars 2019. Ainsi, les parties ont fini par concéder au gouvernement un avantage qui est celui de pouvoir continuer à violer la liberté syndicale et les droits des travailleurs d’avoir leurs délégués du personnel et d’avoir leurs représentants pour entamer les négociations sociales dans le pays. les négociateurs de cet accord n’ont donc trouvé à faire que récompenser un gouvernement qui n’a pas été à la hauteur des engagements déjà pris dans le cadre de la feuille de route qu’il avait signé avec les organisations syndicales affiliées à la CSI sous les auspices du BIT en Mars 2017 et qui devait être clôturé en Novembre 2017.
Face à tous ces développements et au non-respect du gouvernement de ses engagements et son obstination à continuer à renvoyer cette question jusqu’en 2019 avec, malheureusement, le soutien de certaines organisations syndicales, la Confédération Générale des Travailleurs de Mauritanie (CGTM) :
- se démarque de cet accord dans lequel le nom de l’organisation a été inséré à son insu et déclare expressément n’être lié par cet accord.
- Regrette une telle prise de position de la part des syndicalistes et un tel cadeau offert à un gouvernement qui ne respecte pas ses engagements et le fait de cautionner la continuation de la violation des dispositions des conventions internationales, du code du travail et des droits les plus élémentaires des travailleurs d’avoir leurs délégués du personnel.
- Décide de relancer la plainte qu’elle avait déposée en Mars 2016 auprès de la commission de la liberté syndicale de l’OIT et qui a été à l’origine de la mission du BIT qui a séjournée en Mauritanie début janvier 2017 et qui a conduit à la conclusion de la feuille de route signée en Mars 2017, plainte qui a été suspendue suite à la demande de la CGTM en signe de bonne volonté pour donner l’occasion à ladite feuille de route d’être réalisée.
- Lance un appel à tous les travailleurs pour se mobiliser afin de défendre leurs droits
Nouakchott, le 07 Juin 2018.
Le Comité exécutif