Nouakchott s’apprête à accueillir en juillet prochainle 31è sommet africain. Le premier du genre en Mauritanievous diront certains. Aziz tient à avoir son sommet africain, comme il s’était obstiné à avoir son sommet arabe. Les paradoxes chez cet hommene manquent pas. L’un de ses paradoxesme laisse perplexe. Il est le président d’un des pays les plus arriérés de la planète si on prend en compte les indicateurs de développement humain, et il se comporte comme un des dirigeants du G7. Sur le plan social, cet homme est extrêmement radin dès lors qu’il s’agit de mobiliser les ressources pour les bonnes causes ; comme la santé, l’éducation, la formation professionnelle, l’emploi et les situations d’extrême urgence. Mais il n’hésite pas dans le même temps à délier les cordons de la bourse et de façon hystérique dès lors qu’il s’agit de ‘’réalisations’’ qui touchent directement son image personnelle. Des dépenses qui véhiculent une image seigneuriale de sa personne. Une image d’un féodal ou d’un colon qui jouit d’un droit coutumier et n’a de compte à rendre à personne. La construction d’un aéroport national à défaut d’être international qui a coûté, coûte et continuera prochainement à coûter très cher. L’achat de Boeings pour assurer en premier son intense mobilité personnelle. La construction d’un centre international de conférence avec ses annexes hôtelières qui a coûté, coûte et continuera prochainement à coûter trop cher. Un hôtel ‘’5 étoiles’’ et une centaine de villas aux normes de ‘’haut standing’’ très bien équipés pour accueillir 60 délégations, ont été achevés en l’espace de 10 mois. Un parc de matériel roulant sera aussi mobilisé ainsi que des équipes de restauration spécialement commandées de l’extérieur. Un centre de conférence qui sitôt le sommet achevé, tombera dans les oubliettes et ne sera plus fréquenté que par des chats errants ou de faméliques agents de la société de sécurité MSP. Le nouveau centre de conférence sera déserté pour de bon, parce que ce pays a cessé depuis longtemps d’être une destination pour l’investissement international et parce que simplement personne ne vient chez nous (Une sorte de Sotchi à la mauritanienne). Au même moment, les secteurs de l’éducation et de la santé qui sont en état avancé de délabrement, agonisent sans la moindre assistance publique. Le pays traverse une des crises économiques et sociales des plus aigües qu’il ait connues. Une flambée des prix inédite, doublée d’une érosion généralisée du pouvoir d’achat et d’une sécheresse sans précédent qui décime le cheptel et engendre une crise alimentaire dans les campagnes et même dans les centres urbains. Est-ce qu’un tel décor et une telle conjoncture sont propices à l’organisation d’un sommet ? Est-il vraiment responsable, décent et humain ou même pertinent d’organiser un évènement d’une portée continentale dans un champ de ruines et à proximité de tant de misères, d’ignorance et de désœuvrement? Malgré tous les maquillages que le régime est en train de faire, il ne parviendra pas à cacher l’image d’un pays exsangue, que dix ans de mal gouvernance et de siphonage systématique des ressources et des possibilités ont parachevé la mise à genoux et la relégation au ban de la Communauté internationale.
Un sommet en ces temps de crise que vraisemblablement personne d’autre n’a plus voulu organiser et qui n’a d’autres points importants à l’ordre du jour que le très utopique accord de la Zone de libre-échange continentale africaine (ZLECAF), qui ne verra jamais le jour, quand on sait que les africains s’affrontent encore entre francophones et anglophones, entre tribus et ethnies. Quand on sait que la fine fleur de la jeunesse du continent fuit la misère et la dictature au péril de sa vie dans des embarcations de fortune à la recherche d’une vie meilleure. Lorsqu’on sait aussi qu’à une échelle beaucoup plus petite, à titre d’exemple, l’union douanière ouest-africaine qui traine depuis plus de trente ans, n’a pas encore vu le jour. Utopique aussi parce que ce sont les pays indigents qui la souhaitent, tandis que, les grandes économies comme le Nigéria, l’Afrique du Sud, le Maroc, l’Egypteet le Kenya ne veulent pas en entendre parler. Une zone de libre échange qui, si elle voit le jour, ne profitera qu’aux chinois et aux dirigeants corrompus du continent, avant de profiter aux africains.
Mohamedene Ould Meyne