L’arène politique de Tidjikja était disputée principalement, sous le règne du PRDS d’Ould Taya, entre deux tendances. La première était dénommée « traditionnelle » et portaient les noms des de ses leaders comme l’ex maire, feu Ahmed Jiddou Ould Zeine et l’ex député, feu Mohamed’Ahmed Ould Hamoud.
La seconde, quant à elle, s’appelait la tendance du « renouveau » ou des « jeunes cadres ». Elle était dirigée par l’ex maire et sénateur Moustapha Ould Sidatt, l’ex député de Tevragh Zeina, Taleb Mohamed Ould Lemrabott, Mohamed Baty Ould Lemrabott, entre autres. A côté de ses deux groupes, on notait la présence du parti UFP, APP et les islamistes de Tawassoul.
Cette arène politique, qui a connu de gros bouleversements depuis 2006/2007, vient d’enregistrer, encore, l’entrée de nouveaux visages, à l’occasion de la campagne de réimplantation du parti UPR. Une occasion mise à profit par les uns et les autres pour se positionner, probablement dans la perspective des prochaines élections locales. Un engagement qui trouverait ses motivations dans les propos prêtés au président de la République qui aurait laissé entendre que désormais, les promotions ne profiteront qu’à ceux qui disposent de base dans leur fief. D’où la compétition dans la constitution des unités de base.
Cette entrée dans l’arène de « ces nouveaux visages » a contribué à affaiblir les deux poids lourds de l’arène politique puisque nombre d’entre eux évoluaient au sein des tendances qui se disputaient le leadership au sein du parti au pouvoir. Mais l’essentiel du combat s’est joué entre les anciens indépendants appelés les «nouveaux venus au parti » par leurs rivaux qui se réclament, eux, les « anciens du parti ». A l’arrivée, chacun réclame la victoire.
Un ami de Dy Ould Zeine, l’un des chefs de file de tendance des « anciens du parti » nous a affirmé, depuis Tidjikja que sa tendance a récolté 52 unités de base contre 44 pour l’ancien maire Mohamed Biha et son groupe dont Didi ould Biya, Moustapha ould Hamoud…. Il parle d’alliance ou ralliement en faveur de son groupe.
Son de cloche différent du côté adverse. L’un des lieutenants d’Ould Hamoud déclare quant à lui, que sa tendance a gagné haut la main, avec 48 UB contre 33 pour leurs concurrents. Et d’ajouter, que pour fêter cette victoire, l’ancien édile de Tidjikja a rassemblé, chez lui, tous les 48 présidents de ses unités de base au lendemain de leur élection. Une occasion de montrer à ceux qui seraient amenés à douter de sa victoire la réalité du terrain.
Difficile de voir clair dans cette guerre de chiffres, chacun proclamant sa victoire. Seuls les responsables du parti ou ceux qui ont décaissé de l’argent pour les adhésions de leurs base peuvent clarifier. Le contrôle de la sous section confirmera ou infirmera les dires des uns et des autres. Une chose est tout de même sûre, des manœuvres ont commencé pour des « alliances » ou « ralliements » des autres concurrents détenteurs de petits scores. Des manœuvres électorales en perspectives donc.
Premières entrées
Pendant que les deux premiers groupes livrent bataille autour des chiffres et d’alliances en vue des prochaines élections, ceux qui ont tenu à «s’émanciper » des deux poids lourds de l’arène, tirent le bilan de leur premier test, « honorable » pour certains.
Parmi eux, on peut citer Zeidane Ould Tfeil, ancien haut fonctionnaire du HCR, avec 11 UB, l’ancien adjudant de la marine, Oumar Dia avec 9 UB, Yahya Ould Taleb avec 5 UB, Limam Ahmed Lekhliva, 4 UB. M'Bareck Ould Soueilim 3 UB. D’autres se sont tirés avec 2 ou une unité de base.
Joint par téléphone, Yahya Ould Taleb explique son score par un retard au démarrage des opérations, se félicitant, au passage d’avoir fait passer son message. « Nous avons commencé la campagne en retard de plusieurs jours par rapport aux autres ; nos proches, nos soutiens et alliés avaient déjà donné des engagements à certains nos concurrents, mais, avec tout ce handicap, nous n’avons pas démérité. Nous leur avons prouvé, notre capacité de mobilisation, ce que nous représentons à Tidjikja où nous entretenons de bons rapports avec tout le monde. En plus de ce score, notre objectif était de prêcher un message d’unité à l’endroit des différents clans, des militants et sympathisants du parti. A cette occasion, nous les avons mis en garde contre la surenchère et les querelles égoïstes pouvant être préjudiciables au parti, nous l’avons signifié au représentant du parti qui a apprécié notre position.»
Il y a quelques semaines, un ancien fonctionnaire devenu conservateur de bibliothèque, Ahmed Mahmoud ould Mohamed, dit Gmal, publiait sur Facebook un post au titre évocateur : « La mémoire en décharge : quand les archives nationales finissent dans les ruelles de Nouakchott ».