À Coumba Ndaw, au Guidimakha, il s’est produit un fait qui mérite tout, sauf d’être pardonné. Dans cette localité située à dix-huit kilomètres de Sélibaby, la capitale régionale du Guidimakha où la question de l’esclavage fait couler d’encre et de salive, l’ancien ministre de la justice mauritanienne et ancien conseiller à la Présidence est en effet donné pour auteur de propos irrespectueux, à l’endroit d’un agent de justice et du bénéficiaire d’un jugement.
C’est après avoir tranché, le 14 septembre 2017, entre Sabar ould Saïd et Demba Seydi Camara – jugement N° 08/2017 – que le président de la Chambre civile du tribunal régional de Sélibaby a désigné, le 23 avril 2018, Kalidou Coulibaly, pour exécuter la sentence. Le greffier en chef du parquet de la République près le tribunal du Guidimakha, se rend donc à Coumba Ndaw, le 04 mai 2018, pour notifier, au nommé Demba Seydi Camara, ledit jugement, en présence du chef du village et des notables. Kalidou Coulibaly aurait alors reçu des menaces proférées par l’actuel président de la CNAM, Diabira Bakary, en campagne d’implantation UPR dans ladite localité. Toujours, selon le huissier, le prétendu représentant de la communauté soninké du Guidimakha s’est enquis des faits et a demandé, à Demba Seydi Camara, de refuser de signer la notification. Il traite de « haratine malien sans droit », Sabar ould Saïd, le bénéficiaire du jugement. Et de demander à Demba Seydi Camara de nier avoir connaissance d’un jugement sur le fait, alors que le monsieur était présent lors du verdict et qu’il n’a pas fait appel. Sommé de quitter le domicile du chef de village, Maitre Coulibaly dit que l’explication de l’attitude de Diabira à son égard tient, tout simplement, à ce que le patronyme Coulibaly laisse entendre une descendance d’esclave. Et de souligner que l’excommunié, suite à l’affaire de Kollé Mouké de Diaguily, veut également montrer, aux populations, que l’exécutif a mainmise, pleine et entière, sur le judiciaire. Fort remonté contre le pérsident de la CNAM, le greffier du Parquet saisit alors ses supérieurs hiérarchiques et porte plainte contre le politicien, pour entrave à décision de justice. Déterminé à aller au bout, le petits-fils du fondateur de Gouraye [El Hadj Mambaye Sidi Mohamed Lamine Fall, de la tribu Tejakanit] se dit indigné du comportement d’un soi-disant cadre du Guidimakha. Saisi lui aussi de l’affaire, le coordinateur régional de l’AMDH et du FONADH au Guidimakha a interpellé le procureur de la République près le tribunal régional de Sélibaby et demandé l’application de l’article 19 de la loi 031-2015, réprimant les pratiques esclavagistes. En bref, les laudateurs se permettent tout, surtout en milieu rural. Affaire à suivre.
Amadou Bocar Ba/Gaynaako