Personne ne sait d’où l’on « vient pour vous ». Si quelqu’un se tait, vous parlez. S’il parle, vous parlez. Une interview, c’est une interview. Avec des questions et des réponses. Rien ne garantit qu’elles plaisent à Jean ou à Paul ou, si vous préférez que nous restions bien emmurés dans notre identité arabe, ça peut ne plaire ni à Amar ni à Zeïd, ni à Hind ni à Selma, ni à Rababe ni à Raya. Les journalistes ont le droit de poser leurs questions, les autres ont le même droit d’y répondre ou non, ou, encore, de faire dans la diversion, jusqu’à que ce que plus personne ne sache ce qu’ils ont profondément enfoui dans leur cœur, leur trèfle, leur carreau ou leur pique. Maintenant, comme vont te le dire certains « journaleux » prétentieux : ah que pourquoi son Excellence le Président est allé donner la primeur de son interview à Jeune Afrique ? Cela veut dire que l’adage populaire selon lequel« la pluie, quand elle vient c’est bon, d’où qu’elle vienne », n’est plus valable. C’est comme l’information : quand ça tombe, c’est bon, d’où qu’elle vienne. De Matin d’Afrique, du JJD, de Paris- Match, de l’Obs, de Ch’tari, du Calame, du Newspaper, du Daily Telegraph, du Monde ou de Jeune Afrique. L’essentiel, c’est l’information… si tant est que la presse nationale cherche l’information. Tout ce que vous cherchez est dans l’interview accordée par Son Excellence à un organe étranger. C’est juste une question de prévoyance que de ne pas trop souvent parler à la presse nationale. C’est un phénomène mondial. Regardez autour de vous. Ou loin de vous. Trump ne parle qu’à lui-même. D’autres n’ont pas besoin de parler, ils agissent et vous connaissez la différence entre le verbe et l’action. Je ne vous en dis pas plus. Comprenne qui voudra. Vous vouliez savoir quelque chose sur le troisième mandat. Mohamed ould Abdel Aziz a « coupé le doute par l’assurance » et, avec lui, les langues et les pieds des organisateurs de marches qui lui réclamaient un troisième mandat. On peut même dire qu’il a trahi, un peu, ses députés et ses ministres. Ou, du moins, certains d’entre eux. Oui, ça se dit : trahir un peu, beaucoup, passionnément, à la folie. Il ya un baromètre pour mesurer la trahison, la traîtrise et la nullité. Comme on est à quinze jours de la Semaine de la Francophonie, il est bon de savoir que, désormais, qu’on peut faire quelque chose définitivement… pour le moment. Et puis, c’est très intéressant, vraiment, que le Président soit un Mauritanien et le restera. Véritable scoop. Et puis aussi un autre, tant qu’on y est. S’intéresser aux choses du pays, tant qu’on est en vie, ça c’est une new ! Puisque, quand on part là-bas, on n’a plus le temps pour ici. Alors, on s’intéressera aux choses de là-bas. Et puis, aussi, que le Président peut soutenir MA candidature, à la prochaine présidentielle, puisque je fais partie des trois millions cinq cent mille Mauritaniens qui peuvent, tous, se présenter.Y compris les prisonniers et les mineurs ; tout le monde, quoi. Ni dauphin, ni requin, ni phoque. C’est quand on devient président qu’on ne doit plus accepter les cadeaux ni accepter une quelconque aide, ni se laisser chanter par personne. Mais, avant, tous les moyens sont bons, pour venir faire des choses que celui qui viendra après devra améliorer. Heureusement que c’est une œuvre humaine. Heureusement. Il faut savoir entendre raison. C'est-à-dire être comme les Nations Unies qui ont compris, preuves matérielles à l’appui, que ce n’est pas grave que tous les pouvoirs se mélangent à faire taire les contestataires qui veulent « faire briller le soleil » sur les pouvoirs. La force de la Communauté internationale, c’est sa capacité à comprendre les présidents, pendant qu’ils sont encore là. De prendre acte de la décision d’un président à respecter la Constitution ; et, même, de le féliciter pour cela. Après, comme on dit chez nous, « chaque colline a son langage », un peu comme « la prière ne s’accomplit pas avant son heure ». Le temps de voir où sont les intérêts et de peser le pour et le contre de toutes les hypothèses. C'est-à-dire prendre tout son temps de prendre une décision définitive. Pour le moment.
Sneiba El Kory