Le dragage du port minéralier de la SNIM est un projet d’une extrême importance. Il permettra aux bateaux ayant un tonnage plus important que ceux qui acheminent actuellement le produit, d’accoster au port minéralier de Nouadhibou. La société cherche ainsi à exporter plus pour compenser la chute du prix du minerai. La SNIM a contracté, à cette fin, deux prêts substantiels auprès de la BAD et de la BEI, respectivement de 50 millions et un plus de 60 millions de dollars. L’étude aurait été achevée dans l’opacité totale, alors qu’elle devait (et devrait) faire l’objet d’un appel d’offres international, conformément aux standards internationaux, surtout pour un montant comme celui-là. Et, à la surprise générale, pour le marche proprement dit, la SNIM serait en train de négocier un gré-à-gré avec la société chinoise qui réalisa la première modernisation et extension du port minéralier, pour un montant, à l’époque, de plus de 90 millions d’euros, suite un appel d’offres, aussi boiteux fût-il. La SNIM veut aller vite en besogne, en forçant l’attribution, aux Chinois, du marché par gré-à-gré ; un canevas non seulement contraire aux conditions d’octroi de crédits, même privés, de la BEI et de la BAD, en ce genre de projet, puisque leur argent reste du domaine public et destiné à promouvoir la technologie européenne et africaine (?), en les appuyant au niveau du continent. Selon un cadre de la BAD, la SNIM pourrait cependant agir comme elle l’entend présentement, si l’on considère que les prêts sont privés. Mais, du côté de la BEI, comme, d’ailleurs, d’autres à la BAD, il n’est pas logiquement possible d’attribuer ce marché par la voie envisagée… à moins que le politique ne soit intervenu, avec pressions idoines, en avançant que les Chinois sont aussi actionnaires de la BAD, même si la BEI n’est jamais favorable à l’emploi de ses investissements au profit des Chinois, en général, et, surtout, en Afrique : l’argent public européen, c’est, d’abord, pour les Européens, dans la mesure du possible juridique, au plan bilatéral comme multilatéral. Alors pourquoi les Chinois ? Pour empocher une substantielle commission, d’un ordre probablement pas inférieur à quinze ou vingt millions de dollars, si on se réfère au coût approximatif du projet ? Après la SOMELEC et le ministère des Mines et de l’énergie où il a piloté tous les projets de grandes centrales, au profit du club dont il est l’une des têtes pensantes, avec l’intelligence qu’on lui connaît, Ahmed Salem Ould Béchir continue le ‘’bon’’ boulot à la SNIM. C’est ce qui explique, entre autres, le secret de sa longévité.
Une grande société européenne, intéressée par le projet, se dit intriguée par de telles manigances. Et elle se dit persuadée que si les bailleurs de fonds ne s’en mêlent pas rapidement, le marché sera cédé aux Chinois et adieu les intérêts du pays et la haute technologie occidentale en la matière !
Ben Abdallah