La mécréance est « nombreuse », sans la prière, c’est bien connu, la parole s’arrête, si elle atteint Allah et Son prophète. Nous sommes, quand même, une des rares républiques islamiques au Monde. La République Islamique de Mauritanie, avec nos mosquées à tout coin de rue, parfois, même, des mosquées jumelées. Avec notre rite malékite, notre Sunna et notre Jamaa, nos livres de fiqh, nos oulémas, nos imams, nos mahadras. Pour faire paraître la religion d’Allah avec clarté, nos universités du désert vont, avec nous, là où nous allons. Comme disait l’autre : « Mon savoir est avec moi, là où je suis. Si je suis à la maison, mon savoir est avec moi ; que je sois au marché, il est encore avec moi ». Avec nos poètes, le fameux million qui devrait bien avoir augmenté depuis. Alors, comment, avec tout ça, on exfiltre un apostat d’entre nos mains, comme si de rien n’était ? Comment ça ? Le ciel va nous tomber sur la tête, si l’on continue à ce rythme ! Sans rien faire. Sans rien dire. Sans faire face à l’expansionnisme des mécréants, des apostats, des ennemis d’Allah et de son Prophète. Sûr, le Président ne doit pas être au courant. Impossible. C’est un homme de parole. Jamais, de mémoire de mauritanien, il n’a trahi. Quand il dit, il fait. Parfois, même, il fait sans dire. Alors, qui ? Ce sont les juges, bien sûr ! La justice est indépendante. C’est un autre pouvoir qui n’a rien à voir avec ni l’exécutif ni le législatif. Quand même, ce sont les fondamentaux du Droit constitutionnel. On ne sait plus quoi faire, en cette Mauritanie…nouvelle. Si le président rentre « dans » la justice : Oh, il est entré ! S’il en « sort » : Oh, il est sorti ! Attention, il va faire comme l’imam des autres ! Soubhana Allah, il se lève ! Soubhana Allah, il s’assoit ! Soubhana Allah, il se roule par terre ! Et puis des rumeurs, encore des rumeurs : M’Khaitir, comme Senoussi, c’est encore une affaire d’argent. Certains allant même jusqu’à dire que les hautes autorités auraient demandé, au Parquet de Nouadhibou, de transférer rapidement, via Gaza Telecom, les soixante mille d’amende qu’Ould M’Khaitir doit payer. En fait, ce n’est pas totalement faux, ça ne peut pas l’être, finalement, tout revient à l’argent. La démission suscitée de Saad El Hariri, l’assassinat de Kennedy, la Fondation Errahma dont on ne parle plus, le rapport accablant de Sherpa, l’ENER, Senoussi, Ould M’khaitir de père en fils, le ministère de l’Equipement, la Présidence, le rallye Présidence/route de Nouadhibou/aéroport Oum Tounsi... Impossible de tout énumérer, les histoires d’argent, ça mène loin : vers l’apostasie ; la mécréance même. L’argent est roi. L’argent est président. En fait, il faut que je le dise, en m’excusant, un peu quand même, d’être limite grossier : « La nouvelle diarrhée réveille l’ancienne ». Même si je suis assez fâché contre les juges de Nouadhibou et leur affaire M’khaitir, je pense à d’autres, comme, par exemple, Sidi Mohamed ould Maham. L’autre jour, un mien parent, qui ne décolérait pas contre la justice, proposait, tout simplement, de décapiter publiquement Ould M’Khaitir. Mon familier insultait tout le monde, de haut en bas, regrettant même d’être né en Mauritanie. Je lui demande alors : « As-tu lu ce que M’khaitir a écrit ? – Comment ? », réplique-t-il tout de go, « je ne sais ni lire ni écrire mais, lui, c’est un imbécile qui est « tombé dans l’apostasie en attaquant le Prophète ». On m’a dit ça. Il paraît. C’est la fin des temps. Birame brûle les traités et s’en va avec « ses mollets forts », Ould M’khaitir blasphème le Prophète et s’en va avec la tête haute. Un harratine. Un forgeron. Les Versets Sataniques de Salman Rushdie. Les Versets Coraniques de Sidi Mohamed ould Maham. Ça n’a pas trop ému. Ça n’a pas trop choqué. Ça n’a pas trop dérangé. C’est selon qu’on est puissant ou misérable. C’est selon qu’on est à Nouadhibou ou à Boutilimitt. La Mauritanie est spéciale. Les Mauritaniens sont des jongleurs. Des arrondisseurs d’angles. Des caméléons qui s’adaptent à toute situation. République Islamique de Mauritanie. Séparés mais égaux, musulmans mais inégaux. Attention, apostasie ! Salut.
Sneiba El Kory